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Critique de micetmac


CORMAC

J'ai été pris d'un vertige avant d'entamer ma lecture. Et si je n'aimais pas ? Si je dézinguais le dernier McCarthy ? le passager ? C'est chiant. Ivresse du buzz à clic.

Mais bon... J'essaie d'avoir mon propre avis. Sans influence. Enfin avec la plus petite part d'influence possible, la plus infime. Je n'ai pas d'esprit de contradiction. C'est con l'esprit de contradiction car c'est la majorité qui dicte ton choix, pour la contrer systématiquement. le systématisme c'est comme une chanson d'Indochine, j'évite.

J'ai taquiné l'idée de pourrir le passager pour conclure que tout le post était du flan et que ce livre était magistral. Mais déjà qu'on m'a souligné que mes post étaient top longs, que cela me coûte en audience, on pourrait rester sur cette première fausse impression.

Ce ne sera pas moi qui portera un coin dans l'unanimisme louangeur qui entoure le dernier livre de Cormac. J'ai aimé. Foutrecouille que j'ai aimé, ‘videmment, mais cela va même au-delà. Ils sont rares finalement les livres, une fois reposés, qui te font dire que tu viens de lire un jalon, l'une de pièces les plus ouvragées de l'échiquier.

Dans une oeuvre qui n'en manque pas, une bibliographie parmi les plus denses et les plus impressionnantes du siècle passé et en-cours. À tel point que La route est peut-être le livre de McCarthy le plus accessible alors que sa dureté et sa noirceur sont abyssales.

Que dire donc ? Déjà abandonner toute idée de cohérence dans ce post et balancer en vrac que le passager est tout à la fois énigmatique et clairvoyant, exigeant et fluide, d'une écriture à l'os et travaillée, soutenue et inventive. Et de rappeler que Cormac a 90 ans et que son livre est d'une affolante modernité et le sera toujours.

Au-delà de l'intrigue, cette maestria narrative de 537 pages est un grand livre sur la folie et le deuil. Bobby Western, héros noir et tragique, amoureux gothique qui ne déparerait pas dans les pages de Poe, portant le deuil de sa soeur aimée (au -delà des bornes communément admises de l'amour fraternel) et sa soeur Alicia morte suicidée dès les premières pages du roman, schizophrène et génie des mathématiques sont les deux faces d'une même pièce qui tournoie sans fin faute de pouvoir s'arrêter sur la tranche.

Cormac est également un dialoguiste hors pair. Dans un tout autre registre, Erri de Luca a le sens inné du dialogue mais là, on touche au sublime. Les répliques fusant entre Alicia et ses hallucinations schizoïdes qui avaient tout pour être d'une profonde et implacable chiantitude relèvent d'une commedia dell'arte alerte et malaisante.

C'est bien cette vista miraculeuse (d'un nonagénaire qui en remontre à nos quinquas flétris, compassés et confits dans une autofiction qui donne ses plus belles lettres à la chiantitude pour le coup) qui fait couler comme un torrent vif et frais les passages sur la mécanique quantiques auxquels je n'ai rien bité ou si peu. Et l'éventail des thèmes abordés par Cormac est étendu : l'assassinat de Kennedy, la plongée en eaux profondes, la nature célébrée sans être mythifiée... Sans tourner à l'effeuillage, au syndrome du catalogue, le « faut que je te bourre tout ça, j'ai fait des recherches merde ! »

Voilà...

Je l'ai fini.

Malgré l'aura imposante, écrasante presque de ce chef-d'oeuvre, on termine ce livre presque apaisé, d'une mélancolie sereine.

J'ai aimé Cormac.

J'aimerais peut-être plus d'autres livres mais il y en aura peu qui me hanteront comme celui-là.

Cormac et ses spectres. Un nécromancien le mec...

Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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