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Critique de Quarto


Massacreries

Entre Texas, Mexique, Colorado... pourchassant plus ou moins les Apaches, une bande de coupe-jarrets trucide tout le monde entre deux comas éthyliques, tantôt couverts de poussière et tantôt de boue. Ca scalpe, ça dépèce, émascule, viole - un peu : même violées les femmes sont peu présentes.

La phrase caracole, c'est un cheval au trot, chaque reprise marquée par la préposition "et" qui donne le rythme et lie les membres jusqu'à l'épuisement du défilé, souvent chargé comme à l'apparat d'inversions du nom et de l'adjectif, transformant un roman long en un "long roman", tout de suite plus stylé. Dressé sur sa selle pour faire le beau, McCarthy n'est pas avare d'effets !

Le style, systématique, hiératique, porte le récit hyper violent, le western halluciné, à une forme de détachement vaguement métaphysique, dont les tenants pourraient être un scapulaire d'oreilles et les aboutissants jusqu'à la fin mystérieux. Ce cortège d'horreurs rutilant de style m'a rappelé Conquistadors d'Eric Vuillard. Mais la où le Français fait sonner sa phrase avec les ors des cavaliers espagnols et inscrit son cauchemar rutilant dans une mémoire historique et politique, Cormac McCarty ne fait rien de sa balade aux enfers.

Le Juge, personnage à la Kurtz (Au coeur des ténèbres / Apocalypse Now) donne un sens de raccroc à un monde qui en est totalement dépourvu : "Si la guerre n'est pas une chose sainte l'homme n'est qu'une poussière grotesque."

Les personnages étant inexistants, leur sort nous est indifférent et les tueries s'enchaînent dans un mol ennui. J'aime le McCarty de la Route, roman sec et dense, pas celui-ci, trop long, trop poseur (comme souvent McCarty à mon humble avis).

"Il n'est guère au monde de désert assez vide pour que la nuit n'y soit troublée par la voix de quelque créature mais il y en avait un ici et ils écoutaient leur propre respiration dans l'obscurité et le froid et ils écoutaient la systole du coeur de viande rubis qu'ils avaient dans la poitrine."

Beau, ridicule ? Les deux : c'est l'élégance qui plastronne. Au moins ce n'est pas rien.

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