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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Louisburgh, Irlande, de nos jours. Plus précisément le 2 novembre, et cela n'est pas anodin. Il est midi, les cloches de l'église sonnent l'angélus. Marcus Conway, la cinquantaine, est chez lui dans sa cuisine, il attend le retour de sa femme et de leurs deux enfants. Ils se sont absentés pour une heure, pendant laquelle Marcus, pris d'une étrange fébrilité, se remémore sa vie. Ingénieur en génie civil, employé à l'administration de la ville voisine, il se rappelle son travail, les prises de bec avec la hiérarchie et les élus locaux, plus soucieux de leur popularité à court terme et de leur réélection que de la longévité des bâtiments et des routes qu'ils demandent à Marcus de mettre en chantier. Il nous parle aussi de sa famille, de sa relation au fil des années avec son père et sa soeur, de sa rencontre avec Mairead, de leurs 25 ans de mariage, de leur fille artiste plasticienne, et de leur fils parti bourlinguer en Australie. Puis enfin, de l'énorme accident sanitaire qui empoisonne l'eau de distribution, contaminant des centaines de personnes, dont Mairead, et de la façon dont Marcus s'occupe de son épouse au long de sa maladie.

"D'os et de lumière" fait partie de ces romans qu'on devrait lire une seconde fois, parce que leur fin leur donne un nouvel éclairage et en modifie (en améliore) la compréhension. Pendant ma lecture, je ne comprenais pas la fébrilité de cet homme, son urgence à se raconter qui me laissait penser qu'il était sur le point de mourir et que sa vie défilait sous ses yeux par flashes, sans chronologie. Je me trompais. Ceci dit, si ce roman est remarquable pour sa fin (n'allez surtout pas lire la quatrième de couverture de l'édition originale chez Tramppress, un incompréhensible spoiler), il l'est aussi pour son style, que tout le monde n'appréciera pas. Les 200 pages (édition numérique) ne constituent qu'une seule phrase. Ou plus exactement, elles ne comportent aucun point, pas même un point final (et cela n'est sans doute pas anodin). Mais il ne faudrait pas s'arrêter à cela, ni aux renvois à la ligne intempestifs, en tout cas cela ne m'a pas gênée dans ma lecture. le texte est découpé en paragraphes et permet les pauses. Il rend parfaitement l'impression de quelqu'un qui serait perdu dans ses réflexions, passant d'un sujet à l'autre sans linéarité, dont la pensée fonctionnerait par association d'idées. Un très bon exemple d'écriture en courant (ou flux) de conscience.
Ancré dans l'histoire récente de l'Irlande et du déclin du Tigre celtique, ce livre nous parle de l'intime (famille, amour, mort) et de la société (politique, corruption, médias). Il parle surtout de la fragilité de la vie et de ce qu'on construit. de mots et de lumière, ce roman est aussi fait d'émotion, de tendresse, d'intégrité et de saine colère, de nostalgie. Un texte poétique, hanté, en suspension, écrit au rythme d'un coeur inquiet et désemparé.

En partenariat avec les éditions Grasset via Netgalley.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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