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Critique de florigny


Née à Kirkcaldy, petite-fille de deux grands-pères mineurs, métier dont la dureté a abrégé leur vie, Val McDermid rend dans Sans laisser de traces hommage à sa famille et ses origines en choisissant comme toile de fonds de son roman la grève des mineurs qui en 1984-85 les a opposés durant une année entière à Margaret Thatcher. Conflit social le plus important et le plus jusqu'au-boutiste (de part et d'autre) du Royaume-Uni, contre lequel ont été déployées tout ce qu'un Etat compte de forces répressives policières et militaires dont la violence démesurée a empoisonné les relations communautaires pour une génération, il est surtout celui qui a enterré un secteur d'activité, criminalisé les syndicats, anéanti la classe ouvrière, clochardisé des dizaines de milliers de familles, plongé des régions entières dans la misère, au nom du système néolibéral et du nouvel ordre mondial vénéré par Maggie alias TINA (There Is No Alternative).


Quelle raison impérieuse peut bien pousser Misha à venir le mercredi 27 juin 2007 au commissariat de Glenrothes, déclarer la disparition de son père Mick Prentice, 23 ans plus tôt ? Car une raison, elle en a une, vitale. le vendredi 14 décembre 1984 à Newton of Wemyss, Mick Prentice, mineur désoeuvré et sans ressources depuis le début de la grève, quitte le domicile familial, muni de son matériel d'aquarelliste en précisant qu'il reviendra pour le dîner. Il n'est jamais rentré. Fait-il partie de ces jaunes qui ont décidé d'aller briser la grève à Nottingham ? Nul ne l'a jamais su mais la rumeur a couru, salissant son épouse et sa fille au sein de cette communauté soudée.


Karen Pirie, désormais responsable du service des affaires irrésolues, se charge d'effectuer quelques recherches, hypocritement encouragées par son responsable, Lees, qui ne voit pas l'intérêt de gaspiller les maigres budgets accordés à son commissariat dans cette affaire ancienne et non criminelle. Mais Karen est tenace, et sait habilement ébranler l'autorité de son chef, à qui elle n'a jamais accordé confiance ni respect.


Au cours de ce même mois de juin 2007, Bel Richmond, journaliste d'investigation indépendante est en vacances en Toscane. Au cours d'une promenade dans la campagne environnante, elle visite une villa abandonnée où elle découvre une mare de sang frais et une affiche qui a été largement médiatisée en 1984 lors du kidnapping de Catriona Grant, fille d'un richissime homme d'affaires, et de son fils Adam, âgé de quelques mois. La remise de rançon a tourné au désastre. Bel est ambitieuse et voit dans cette découverte miraculeuse susceptible de relancer une affaire jamais élucidée, l'opportunité de faire décoller sa carrière, pourquoi pas d'écrire un best-seller, un "De sang-froid" du troisième millénaire. Simultanément en Ecosse et en Toscane, Karen et Bel mènent l'enquête sur deux affaires sans lien apparent. Les retours en 1984 livrent lentement la génèse des deux intrigues, à travers une très belle évocation de la grève des mineurs dont Val McDermid restitue la sauvagerie.


Val McDermid construit une intrigue complexe, servie par un style dynamique, un sens de l'observation sociale affûté et des dialogues brillants. Elle croise, enchevêtre le destin de ses personnages dans deux histoires, deux époques, deux pays. Les indications données en tête de chapitre qui datent et localisent l'action, sont importantes pour ne pas se perdre dans les méandres de l'histoire avant que tout devienne clair et cohérent dans un épilogue à la hauteur du talent de l'auteure.
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