On a souvent peur, quand on n’a pas la conscience tranquille. Y en a qui ont raison de trembler.
La chance a tendance à changer de camp lorsqu’on en abuse.
L’oxygène. On n’y pense pas tant qu’on en manque pas.
La vie une succession de nouvelles expériences.
Quand on demande à quelqu’un de venir seul, de nuit, c’est soit qu’on prévoit de le tuer, soit qu’on a trop honte d’avouer en pleine lumière qu’on a besoin de quelque chose.
On cherche parfois les fils nous ramenant à notre passé, on les remonte comme le dédale secret d’un labyrinthe. Ces souvenirs dans notre sillage semblent plus simples et suscitent une certaine nostalgie, car toutes les difficultés de l’époque ont été balayées par les années.
Les sorciers sont capables de toutes les saloperies.
Thierro avait été à Adrogrosk avec moi, à la tête d’un détachement de tireurs d’élite. Un Favori avait envoyé un sort meurtrier, un brouillard toxique qui avait dérivé au-dessus de leur emplacement. Thierro avait été l’un des rares rescapés, mais ses poumons étaient foutus, et après avoir été ramené au Cordon, il avait été réformé. Je m’étais maintes fois demandé ce qui l’avait fait le plus souffrir : les exhalaisons brûlantes ou voir ses hommes s’étouffer ou mourir. Il avait toujours été quelqu’un de raisonnable. L’armée n’était pas le bon choix pour lui, en dépit de nos rêves de gloire.
La surprise est une alliée puissante. On se laisse facilement endormir dans une sérénité. L’instinct de mort s’éteint, le réflexe de lutte ou de fuite s’engourdit.
Quand on est un sorcier immortel dont les pouvoirs peuvent raser une ville ou déchirer le ciel, on finit inévitablement par recueillir un certain nombre d’objets qu’on tient à converser. Des souvenirs, des trésors du passé, des armes d’une cruauté terrible – la routine. Corbac possédait sa propre réserve de bibelots atroces, emmagasinée sous terre à quelque lieues de la ville. Sous bonne garde, et copieusement protégée.