Dernier droit des aventures de la famille Caskey. Faut se le dire, je ne m'attendais pas à ça lorsque j'ai débuté le premier tome il y quelques semaines. En fait, je n'avais aucune idée de ce à quoi pouvait ressembler l'ensemble de l'oeuvre, y allant beaucoup plus par intérêt après avoir vu des dizaines de critiques positives. Disons que j'ai été surpris face à cette fresque mêlant épopée familiale et évènements surnaturels. Cela a souvent été soulevé dans les différentes critiques et c'est sans doute cette facilité avec laquelle
Michael McDowell réussi à tenir le lecteur au coeur de son histoire alors que 90% du roman intégral se veut une immersion dans le quotidien des Caskey et qui à première vue, ne semble pas trop palpitant. Mais on s'attache aux personnages et le fait de les suivre sur cinq décennies nous permet de les voir évoluer, grandir et également s'éteindre pour certains, créant ainsi de nouveaux embranchements pour le destin des autres. le côté surnaturel est bien dosé et ne fait que mettre un petit voile de mystères au-dessus de la famille, juste assez pour tenir le lecteur dans l'incompréhension sans tomber dans un créneau horreur ou fantastique.
Depuis le départ de Mary-Love, on a remarqué une certain scission au sein de la famille. Certains y ont vu l'opportunité de quitter Perdido et les souvenirs de l'emprise de la matriarche, d'autres ont continué d'y vivre, que ce soit sur place ou en vivant selon ses apprentissages. La connexion entre les membres est certes forte, mais également ce qui crée de la dissension. Cette manie qu'ils ont de se marier entre eux et s'échanger leurs enfants n'est pas toujours gage de succès émotionnel et est même assez troublant. J'ai été étonné de voir que malgré les apparences, il y a de forts détachements malgré leur proximité, comme si la famille était en fait divisée en plusieurs sous-groupes et c'est encore plus vrai avec Miriam et Lilah, les deux élevées à la méthode Mary-Love et qui sont aussi les seuls à jouir d'une certaine indépendance face aux autres.
Je n'aurais pas pu imaginer meilleur scénario pour mettre fin à cette série. On sentait déjà un élan de mélancolie chez certains personnages depuis la mort de Mary-Love et c'est encore plus vrai rendu ici. La mort des uns entraîne la chute des autres. La division inévitable est encore plus palpable alors que le règne d'Elinor semble tirer à sa fin. On s'est posé tellement de questions a fil des chapitres mais on ne s'étonne pas de n'avoir presque aucune réponse. La nature réelle d'Elinor, son arrivée à Perdido et ses motivations, ses dons de voyance, les apparitions fantomatiques, les phénomènes étranges... On n'en sait pas plus et pourtant, je n'en suis pas frustré. On dirait qu'au final, ça fait parti du mystère de la famille Caskey et on n'a pas besoin d'en savoir plus.
Une grande oeuvre dont je suis par contre incapable d'élever au rang de chef-d'oeuvre. Peut-être les quelques moments d'ennuis et longueurs que j'ai rencontrés, je ne sais trop, mais ça n'enlève rien aux éloges qu'elle mérite.