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Critique de Ellettres


Florence et Edward s'aiment, ils viennent de se marier et sont arrivés dans l'hôtel de leur nuit de noce, au bord de la plage de Chesil. Mais ils sont jeunes et chastes et, en ce début des années 60, la prude Angleterre n'a pas encore inventé la mini-jupe. Tout ne va donc pas se passer comme chacun l'espérait…
La narration se concentre sur nos deux tourtereaux : le face-à-face qui précède la nuit de noce, les rappels de leur rencontre, leurs échanges, les idées que chacun se fait de l'autre, tout cela est narré de façon à ce qu'on passe subtilement de l'un à l'autre comme dans un duo de musique classique.

McEwan manie avec précision la fine pointe des sentiments humains, et il le confirme de façon magistrale ici : peur, espoir, honte, émerveillement, ennui, béatitude, colère, inhibition, orgueil, il sait exactement trouver les mots et les bonnes images pour coller au plus près de ce que ressentent ses personnages.
J'ai admiré comment il arrive à susciter notre intérêt pour tel ou tel personnage, en narrant des épisodes marquants de son passé. Je pense notamment à cette scène magnifique où le jeune Edward, à 14 ans, prend conscience de lui-même grâce à une révélation que son père lui fait à propos de sa mère. La cristallisation de sa personnalité d'adulte se fait à ce moment-là, parce que son père a su exprimer verbalement quelque chose qu'Edward sentait confusément depuis tout petit. Ce passage de l'enfant à l'adulte est bouleversant.
Il est aussi le romancier de la fatalité, du grain de sable qui vient enrayer la belle mécanique de l'amour. Les non-dits, une pudeur excessive, un clair manque de communication dans ce jeune couple qui plane dans les hauteurs, la fierté offensée également, il suffit d'un rien pour faire basculer l'histoire vers une issue que l'auteur ménage comme un chausse-trappe.
In fine, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que l'auteur avait amorcé une histoire très prometteuse et qu'il la clôturait trop brusquement, en queue de poisson, sous la forme d'une fable à la morale implacable. Ce déterminisme vaut à ce livre d'échapper à mon coup de coeur. Je n'ai pu m'empêcher non plus de penser que McEwan avait mis un peu de lui dans Edward. Et enfin, sur la plage de Chesil, je n'ai pu m'empêcher d'entendre la voix d'Yves Montand chanter : « …Et la mer efface sur le sable / Les pas des amants désunis… »
Lien : https://ellettres.wordpress...
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