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Critique de ODP31


ODP31
20 février 2020
Un concentré d'intelligence plus qu'artificielle.
Après avoir donné la parole à un foetus dans son dernier roman, Ian Mc Ewan réinvente le ménage à trois en incorporant au triangle amoureux, pas vraiment isocèle, un androïde aux connexions existentielles.
Charlie dispose d'économies et il s'offre le premier androïde commercialisé, Adam. Il n'y avait plus d'Eve en stock. Alors que son propriétaire utilise les talents d'Adam pour bourscicoter avec succès, sa compagne Miranda croque l'Apple en s'intéressant au machin de la machine et transforme l'androïde en Sextoy grandeur nature. Autre souci, Adam ne connait pas le mensonge, ce qui complique rapidement la vie de famille et il n'est pas câblé pour comprendre la psychologie des enfants.
L'action se passe en 1982. La prouesse technologique est rendue possible par de petits arrangements avec l'histoire. Féru de science, l'auteur décide de boycotter la mort prématurée du génial Alan Turing, l'un des décrypteurs d'Enigma durant la seconde guerre mondiale, aussi connu pour ses travaux sur la morphogénèse et qui passe pour l'un des grands-pères de l'informatique.
Dans notre triste réalité, le scientifique s'était suicidé dans les années 50, après avoir été jugé et condamné en raison de son homosexualité, en croquant une pomme baignée dans de l'arsenic.
Dans le roman, cette résurrection permet de faire accélérer la science et offre à l'Angleterre de la Dame de Fer la technologie antirouille actuelle. L'auteur propose d'autres alternatives historiques. Dans le mixeur, l'Angleterre perd la guerre des Malouines, un travailliste succède à Margaret Thatcher et il décide de quitter l'Europe. La France n'est pas épargnée, chers camarades, puisqu'elle est présidée par… Georges Marchais.
Dans ce roman foisonnant qui interroge l'impact de la technologie (sans en faire le procès) sur l'homme et qui rappelle que le présent tient finalement à peu de choses, Ian McEwan n'oublie pas de nouer une intrigue passionnante sur fond de vengeance et de culpabilité autour du passé douloureux de Miranda. Des émotions qui humanisent un récit où la science n'ampoule pas la fiction.
Un roman gigogne. C'est comme si la créature de Frankenstein s'était retrouvée à l'affiche d'un film d'Hugh Grant, sur fond d'uchronie politique et de parabole scientifique. Une tambouille anglaise rendue délicieuse grâce au talent unique d'Ian McEwan.
Pour finir, je ne résiste pas à copier une réponse de l'auteur interrogé sur le Brexit, dont le déroulé a influencé l'écriture de ce roman:
" - Je serais assez favorable à ce que la France envahisse l'Angleterre, comme au XIe siècle, au temps de la conquête normande. Mais ce qui m'inquiète, c'est qu'au moment d'escalader les falaises de Douvres votre armée commencerait sans doute une grève."
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