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Critique de Ana_Kronik


Ce gros bouquin pourrait être sous-titré "de la biologie à la culture", ou bien encore "le hasard et la nécessité", ces deux titres étant déjà pris.

Et puis, il s'agit d'un roman, et non d'un essai. Sous un ton détaché, il aborde les grandes questions de la vie. le narrateur est balloté de situations dérisoires en événements moroses. Tantôt il est piloté par ses propres envies, tantôt il se laisse conduire, sans le vouloir vraiment... Un des éléments révélateurs est peut être la référence au flâneur, à la fois acteur et spectateur de sa propre vie comme l'avait théorisé Walter Benjamin.

Les aventures de notre ami sont souvent totalement triviales, et peuvent faire partie de l'expérience banale de n'importe qui (du moins, n'importe qui vivant dans le nord-Ouest des États Unis): aller à la chasse et perdre son chien, remplacer au pied levé une vendeuse de hot-dogs, renverser un pot de peinture, ou bien faire sauter un terrier de blaireau à la dynamite... Parfois l'improbable surgit aussi, tout en restant vraisemblable, mais je ne veux rien divulgâcher.

Désespéré le plus souvent (le couple est voué à l'échec, croire que le partenaire idéal existe toujours quelque part et en même temps, savoir que c'est une illusion, et j'en passe), notre héros (ou plutôt, l'anti-héros) dispose toutefois d'un repère solide: son job: la médecine, le soin des gens. Une vocation, un sacerdoce, auquel il s'accroche contre vents et marées. Même si l'auteur porte au passage un regard lucide sur le système de santé américain, et aussi sur son personnage: "j'étais un étrange mélange de compétence et d'imbécilité". Et n'est pas tendre non plus envers la caste des médecins, aristocrates satisfaits.

La description des réunions du conseil d'administration de la clinique est particulièrement juteuse, avec ses membres dirigeants choisis pour leur ignorance totale de la médecine: un fleuriste, un clown de rodéo, et un concessionnaire auto, entres autres. Une des médecins déclare: "j'ai bien peur que nous ne soyons toujours gouvernés par les désespoirs collectifs de la communauté" (Bonjour, Covid!). La musique country en prend aussi pour son grade: la moitié des chanteurs avoue avoir trompé sa femme, l'autre moitié ne rêve que de passer la bague au doigt à une dulcinée.

Le ton m'a fait penser à John Irving, celui de ses meilleurs livres. Un récit par lequel on se laisse facilement porter, entrecoupé de réflexions qui font mouche. Allez, une petite dernière pour la route, à méditer: quelle est la valeur de l'amour, si on l'apprécie seulement quand il est réciproque?
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