AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Sofiert



Dans cette histoire d'amitié entre deux hommes que tout oppose, Jay McInerney brosse un portrait au vitriol du monde des nantis, milliardaires sans scrupules et sans âme. Proche de Bret Easton Ellis, il dépeint des adolescents, enfants de riches, qui se détruisent dans toutes sortes d'excès. Mais si la plume de Ellis est crue et violente, celle de McInerney est plus classique et en demi-teintes.

Le narrateur est issu d'une famille irlandaise modeste et cherche à s'élever dans la bourgeoisie wasp, en accord avec le rêve américain. Si son amitié pour Will est sincère, c'est aussi, et on le devine rapidement, qu'il est fasciné par ce personnage hors du commun et en est secrètement amoureux. L'homosexualité est discrètement évoquée vers la fin du roman et semble n'être qu'un aléa de la vie qu'on peut aisément dépasser. Peut-être parce que le roman a été écrit en 1996 et que s'il était possible de parler d'homosexualité, il était encore difficile de l'assumer !!!

Son ami Will, le héros du roman, est fils de famille sudiste, anciennement esclavagiste. En révolte contre son milieu, empli de haine envers son père, il se passionne pour le blues, fréquente les musiciens noirs et les tripots, comme pour effacer les crimes familiaux.
Il traverse les années 70 comme une météorite et devient milliardaire hippie, producteur de musique et ami des Black Panthers. Son amour pour Tabitha, jeune chanteuse noire, ne suffira pas à l'éloigner des drogues. Il traverse les années en état de trip permanent tout en assurant sa carrière, avec ce charisme qui lui permet de rebondir à chaque épreuve.

Le roman est de facture assez classique, avec ce sens de la narration propre aux très bons romans américains. Sans doute par souci du réalisme et un certain cynisme, la quête existentielle des deux personnages tourne court : Patrick s'accommode d'une vie bourgeoise en renonçant à sa sexualité et Will se range pour élever son fils et se réconcilie avec son père.
Mais le petit clin d'oeil final sur "le dernier des Savage" remet en question un dénouement trop conformiste.
Commenter  J’apprécie          100



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}