AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Fleitour


Si vous cherchez un éditeur, évitez le dernier livre de Jay McInerney "les Jours Enfuis," il vous donnera des cauchemars, pour les autres lecteurs, n'hésitez pas c'est une belle réussite.
Et pour ceux qui sont accros à leur i Phone, McInerney par une brillante anecdote vous invitera à la prudence, couper le contact, quand vous êtes en prise directe avec votre petit(e) ami(e).


Comme de nombreux auteurs américains, Jay McInerney aime prolonger les débats, en 530 pages, vous avez consommé environ trois Amélie Nothomb, et de multiples ébats .
C'est un peu comme le bridge, chaque levée compte, et pour réussir le contrat, il est utile de se rappeler les premières cartes d'invitation qui sont tombées, et quel écrivain a fait le premier pli, et placé la première coupe.


La paire centrale est le couple que forment Russell et Corinne Calloway, lui est éditeur, comme une ombre de Michel Gallimard, un pilier de la littérature américaine.
Un autre couple, est formé par Luke McGavock et sa touchante et magnifique épouse, après Gisèle, lui un peu une caricature new-yorkaise. Luke est un produit de Wall Street, elle, elle a tout simplement 35 ans de moins que lui, elle souhaite avoir un bébé, lui navigue au gré des vents de la finance, Luke et sa dernière conquête un vignoble en Afrique du Sud. Luke finira-t-il par tomber sous le charme de Corinne et de ses bonnes oeuvres, au service des plus démunis ?


Un troisième couple, vient troubler les jeux de séduction et surtout Casey Barnes la confidente de Corinne.
Russell Calloway a pour confident Washington Lee, son meilleur ami, dont l'épouse Veronica travaille chez Lehman Brothers.


Les Jours enfuis, c'est un peu un jeu de massacre, fini le bridge où chacun à tour de rôle faisait le mort. Entre la presse, la finance, les banques, l'auteur offre un bel échantillon de la ville de New York, et si vous ajoutiez un jeune romancier qui se drogue, un jeune peintre bourré de talent qui s'étiole, vous pouvez vous délecter, sans une pointe d'ironie, voilà le plateau d'un cocktail à faire sauter une tour jumelle.

Le 11 septembre est passé par là, mais Lehman Brothers n'est pas encore en faillite, Obama n'a pas commencé sa campagne contre Hillary, le décor reste très alléchant. En effet Jay McInerney, se livre à une description caustique et sans concession de la vie New Yorkaise au lendemain du 11 septembre.


Il ne faut pas prendre ce texte au premier degré, mais bien plutôt déceler les coups tordus de ces Newyorkais, imbus d'eux mêmes, qui se lancent dans des opérations hasardeuses. Ce sont des amoureux fantoches souvent soucieux de conserver leurs situations, qui se lancent avec maladresse dans les bras de leurs maitresses. Toutes ces situations sont souvent très drôles car les infidèles laissent traîner, soit une confidence, un mail, voir un smartphone.

Le livre devient par contre âpre et mordant, quand l'auteur touche le monde de la finance, et surtout celui de l'édition. Russell a eu le nez fin en sortant, de la coke un jeune écrivain, peut-être pensait-t-il au jeune héros de Kerouac. Jack Carson a imaginé entre deux lignes de coke qu' il n'a plus besoin de mentor. Devait-il en parler à son concurrent, le plus infect, et déballer un à un des livres annotés par Russell, démontrant que le véritable auteur était Russell lui-même?

Il se fait berner plus encore avec un certain Kohout, au nom prédestiné, qui réussit à le faire chanter, et bientôt à le mettre KO.

Si Russell apparaît bien comme un idéaliste, capable d'aider un jeune drogué à sortir de l'ombre, son compère Luke Macgavok, est autrement plus inspiré. Non content d'aider les victimes du 11 septembre, accompagné de Corinne Calloway, il crée une société pour aider dit-il les entreprises en difficulté. La réalité c'est la création d'un fonds d'investissement, avec l'utilisation effrénée des LBO.

Quelle ne fut pas ma surprise, mon étonnement et ma consternation, en parcourant page 148, cette phrase, "une fois la banque remboursée, on a triplé notre investissement original : c'est la beauté de l'effet de levier on utilise l'argent de quelqu'un d'autre."


Cette même technique, vient de permettre à un Costard Hongrois endetté de 6 milliards d'euros, de racheter le magazine Elle. Cette même technique, a conduit à la catastrophe de Vivarte ou 17000 salariés ont été licenciés.
le journal des échos a lancé ce constat :
Vivarte ou l'échec programmé des méga-LBO sur les echos.fr
Qui est responsable du naufrage de Vivarte et ses 17.000 salariés ?
Anne Drif / Journaliste le 23/02/17 à 06:00 Mis à jour à 16:34
En savoir plus sur https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0211753441116-vivarte-ou-lechec-programme-des-mega-lbo-2067070.php#w¤££¤40Lehman Brothers35¤££¤.99

Mais quand l'auteur écrit ; "nous on considère qu'on contribue à la bonne santé de notre économie en remettant sur pied des entreprises déficitaires."
Nous sommes en pleine faillite de Lehman Brothers, et Luke a senti le vent venir, il a vendu ses parts et quitté la finance.

Les techniques des LBO est ainsi évoquée avec cynisme, un cynisme sans doute chargé de rancoeur, et de noirceur.
Je me sens proche de cette synthèse écrite par la Presse ; "La plume de McInerney est à la fois lucide et romantique: son Manhattan a parfois un côté exécrable, mais l'écrivain est nostalgique lorsqu'il se souvient des grands noms de la littérature américaine."

Et pour terminer ce roman sur l'art qui a fait la richesse intellectuelle de la place de New York, l'auteur écrit page 460," un peintre mauvais garçon et un écrivain prodige meurent dans les flammes dans un accident de voiture."
dans le Wall Street journal juste au-dessus, un titre " Lehman Vacille. "
Commenter  J’apprécie          211



Ont apprécié cette critique (21)voir plus




{* *}