Cygne, tome 1 : La sorcière et le cygne

Il s'éveilla peu avant l'aube et, sans s'être entièrement extirpé de l'univers des rêves, il libéra tous les chevaux et partit errer dans la forêt. Il traversa des gués, des bois à la senteur enivrante. Il se disait qu'il tournait en rond, mais il continua de marcher jusqu'au moment où la chaleur et la lassitude eurent raison de lui. Il se reposa sous une cascade de lis tombant des branches d'un arbre dans une petite mare. il resta assis à les effeuiller et à écouter les cris qui s'élevaient au loin.
-Corleu ! hurlaient les hommes en récupérant les bêtes.
Ils finiraient par le trouver.
- Corleu !
Il cueillit un autre lis, le jeta sur l'eau. il se mit à flotter et à valser, emporté par un courant invisible.

Le désespoir favorise l’apparition de ressources insoupçonnées.

Elle vit la nuit dans ses yeux, le feuillage des arbres des marais, des mares secrètes agitées par le vent. Ses pensées exerçaient sur elle une forte attraction et elle ferma les paupières pour y résister. Derrière les rideaux de chair se déplaçaient des silhouettes ourlées de feu.

Ce que tu cherches est toujours à la même place mais jamais au même endroit, et toujours à proximité du Cygne.

Quant à l'aveugle... Ma Dame suit la route de la lune, parée des plumes d'un paon. Ses yeux sont innombrables, hormis dans ses orbites vidées par un rayon de lune.

-Hier, tu aurais donné tout ce que tu possèdes pour partir loin d'ici.
-Hier était hier.

Comme toi il a du apprendre à se battre très tôt. Les corbeaux noirs rejettent le corbeau blanc.

On ne peut faire et défaire en empruntant la même voie.

Il me semble parfois que les constellations sont les personnages d'un conte oublié dont nous n'entrevoyons que quelques paragraphes au cours de nos brèves existences, alors qu'elles s'y déplacent avec la lenteur des siècles.

Ces personnages portent ces récits tels des haillons, mais je doute qu'il soit possible de les garder captifs dans des mots lorsqu'ils auront recouvré leur puissance d'antan.