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Critique de camati


La douleur de Manfred a été écrit il y a presque vingt ans, mais il pourrait l'être aujourd'hui car il aborde des sujets intemporels tels que la souffrance, la mort, l'amour, mais aussi un sujet qui fait la une de la presse depuis plusieurs mois, à savoir la violence conjugale.
Si vous n'avez pas le moral, ce n'est peut-être pas le meilleur moment pour apprécier ce livre plutôt sombre mais dont j'ai beaucoup apprécié l'écriture, servie par une traduction de l'anglais réussie. En effet, Robert McLiam Wilson est un auteur irlandais dont c'est le second roman, après Eureka Street.
Pas facile de décrire ce roman car c'est un mélange surprenant. Je n'étais d'ailleurs pas très enthousiaste lors de la lecture des premiers chapitres, jusqu'à ce que qu'apparaisse Emma ; il m'a alors été difficile de reposer ce livre. Celle-ci, comme son mari Manfred, a eu une vie difficile, une enfance dramatique (rescapée des camps de la mort), ce qui explique en partie son comportement de femme battue par un homme qui, pourtant, l'aimait terriblement, d'un amour trop grand pour lui, ce qui était cause d'une grande souffrance, qui le rendait méchant.
Quant à lui, pendant la seconde guerre mondiale, (ce qui donne lieu à un flashback), il avait pour tâche de ramasser les cadavres, ou plus exactement, les restes de cadavres. Pas vraiment un plaidoyer en faveur de la guerre, croyez-moi.
La douleur de ce personnage, qui est donc le thème central, évolue au fil du temps. Après avoir souffert moralement de la guerre, puis affectivement de trop aimer Emma, également de ses relations familiales difficiles et paradoxales – avec sa mère, ses frères, son fils et sa belle-fille –il souffre physiquement à la fin de sa vie d'un problème intestinal, un cancer très probablement.
Ce qui est surprenant, c'est que Manfred peut tout aussi bien éprouver de très grandes joies, notamment quand sa douleur physique est intense, probablement parce qu'alors, cela amoindrit sa douleur morale ou psychologique. Au point de ne pas vouloir se faire soigner ! La joie et la douleur sont les deux faces d'une même pièce, il ne peut vivre ni sans l'une ni sans l'autre. C'est d'ailleurs un homme pétri de contradictions, comme l'indique l'auteur page 180 : « le lendemain il se sentit bourrelé de remords. Mais il se sentait aussi étrangement joyeux. »
Autre curiosité : bien que le couple soit séparé, ils continuent à se voir une fois par mois, dans un parc. Manfred n'a alors pas le droit de regarder Emma. le cordon semble ne jamais pouvoir se couper.
Des passages presqu'amusants parfois, notamment ceux qui portent sur l'arnaque immobilière qui n'a pas manqué d'évoquer pour moi « Au revoir là-haut « de Pierre Lemaître, une espèce de revanche sur la guerre.
Je ne sais pas si je vous ai donné envie de découvrir ce livre ; si ce n'était pas le cas, ce serait dommage, car c'est une découverte intéressante, surtout à une époque où il y a pléthore de livres sur le marché et que bon nombre d'entre eux n'ont, à mon sens, pas beaucoup d'intérêt.
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