AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Brice Matthieussent (Traducteur)
EAN : 9782264039224
262 pages
10-18 (17/03/2005)
3.7/5   118 notes
Résumé :
Dans son deuxième roman, l'auteur d'Eureka Street décrit avec une concision clinique les derniers jours d'un vieil homme, Manfred, qui souffre d'un certain nombre de douleurs : physiques - qu'il refuse de confier aux médecins et dont McLiam Wilson évoque les effets avec une minutie extraordinaire -, morales, liées au souvenir de la Seconde Guerre mondiale et a son mariage avec Emma, une rescapée des camps de la mort. C'est dans les rapports entre Emma et Manfred que... >Voir plus
Que lire après La douleur de ManfredVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
3,7

sur 118 notes
5
4 avis
4
6 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis
- Jurgen , wer ist am apparat ?
- Das ist Manfred !
Voilà les seuls souvenirs qu'il me reste de mes studieuses années d'Allemand et allez placer ça dans une conversation vous , coton , coton ! Il en est désormais un autre qui risque de m'habiter beaucoup plus longtemps : La Douleur de Manfred ,

Manfred est vieux . Manfred est seul . Manfred va mourir ( ah oui , le personnage principal s'appelle Manfred mais les plus perspicaces d'entre vous l'auront peut-etre subodoré ; ) . Moralement , Manfred a baissé pavillon depuis pres de 20 ans . A classer entre la chiffe et la serpillére . Physiquement , il subit un calvaire journalier , refusant tout traitement qu'il considere au mieux comme pouvant le maintenir vainement à flot quelque temps , au pire comme capable de lui voler une souffrance qu'il estime n'avoir que trop mérité ! Car ce tourment est sien . Il l'espére , le chérit , le nourrit tel le Gollum avec son précieux . Ce trésor qui lui lacere la chair , lui déchire les entrailles , le tue à petit feu , c'est la juste récompense d'une vie de violence conjugale qu'il offrit à Emma , l'amour de sa vie . Ses minutes sont tourment , ses heures sont remord , ses jours sont pénitence . La honte le ronge un peu plus chaque jour . Il a fait de la contrition sa compagne attitrée , du repentir sa nouvelle philosophie . Il perçoit sa déchéance comme un chatiment expiatoire et l'accepte comme tel . Pourtant , Manfred ne veut pas mourir , il veut juste ne plus vivre,,,

La Douleur de Manfred parut en 2003 sous la plume acérée d'un jeune écrivain Irlandais : Robert McLiam Wilson . Et le moins que l'on puisse dire , c'est que le fonds de l'Eire effraie !
De prime abord , ce personnage attire une sympathie évidente . Petit vieux au crépuscule de sa vie qui ne tend désormais que vers une nuit éternelle . Perclu de douleurs qu'il se refuse à combattre , l'on en vient presque à admirer ce " héros "  qui a choisi de mourir plutot que de devenir l'énieme cobaye d'une industrie pharmaceutique qu'il abhorre . Manfred est touchant . C'est également ce qu'a du se dire , dans un autre registre , sa femme Emma qu'il frappa , brutalisa , tabassa quotidiennement , brisant inlassablement sa chair , son essence et la défigurant un peu plus chaque jour . La séparation fut inévitable et pourtant , cet homme persiste à appeler régulierement au téléphone une femme qui toujours l'écoute sans dire un mot ; une femme qui toujours assiste à leurs rendez-vous mensuels sans lui autoriser un seul regard...Volonté exacerbée de dématerialiser " l'objet " de tant de haine , la cristallisation de tant de violences...
Comment expliquer ce terrible dechainement journalier de fureur ? Couché Adolf !L'absence d'amour d'une mere exclusive , une guerre psychologiquement dévastatrice , une jalousie maladive ou bien encore un terrible secret tu par une épouse enfermée dans son insondable douleur personnelle , fardeau omniprésent d'expériences concentrationnaires inoubliables ? Les raisonnements sont multiples , les pardons inexistants...
Bizarrement , l'on se prend d'affection pour cet homme sursitaire et ce , malgré son effroyable conception maritale . Affection sans doute légitimée par une inéluctabilité sous-jacente . Que dire d'Emma dont la vie n'aura été qu'un cri muet , une inextinguible peine du corps et de l'ame...
Cet Irlandais possede l'art et la maniere de vous emporter malgré la gravité du sujet . Des descriptions puissantes de la décrépitude , de la dégénerescence physique d'un etre qui se sait condamné . du calvaire prégnant de cette femme aimée , adorée malgré tout . L'amour / haine n'est jamais bien loin...L'auteur alterne la déchéance présente avec le douloureux passé d'un type qui a juste raté sa vie , qui n'a jamais su vraiment aimer . Ni sa famille , ni sa femme , ni son fils...
L'écriture est belle et puissante . Elle vous happe méchamment , faisant du lecteur un voyeur et un complice impuissant ne pouvant s'empecher , cependant , de vouloir découvrir l'évolution finale de ces deux tragiques destinées . Manfred est passé à coté de sa vie , comptant alors sur une mort exemplaire qui lui fera un ultime pied de nez....
Alors écoute moi bien petit canaillou de McLiam Wilson , je ne peux dire ou ni quand mais nul doute qu'un jour nous nous retrouverons et je sais à l'avance que la rencontre sera belle . Beeeelle , beeeelle , couché Quasimodo !

La Douleur de Manfred : douloureusement séduisant...
Commenter  J’apprécie          370
Manfred attend que la grande faucheuse vienne le chercher, son temps est compté. La vie de Manfred c'est une existence ratée, la séparation d'Emma la femme aimée quittée par ce qu'il la violentait, et qu'il revoit pourtant régulièrement sur le banc d'un square, un homme qui a mis son coeur en hiver toute sa vie, incapable d'éprouver la moindre émotion dans la tristesse comme dans la joie.
McLiamWilson réussit à nous troubler entre empathie et peur, car si Manfred est un sale type, c'est aussi un homme marqué par la honte et les remords.
Après le remarqué et remarquable "Eureka street", l'écrivain irlandais signe un roman à l'écriture sèche, clinique, tendu à l'extrème. Les fantômes de Manfred et d'Emma ont mis à mal leur amour, que Manfred à détruit de la plus lache des façons. Un homme qui attend la mort comme une délivrance, pour expier ces péchés. Un roman remarquable de complexité, sombre, glacial comme une pluie irlandaise.
Commenter  J’apprécie          370
La douleur de Manfred a été écrit il y a presque vingt ans, mais il pourrait l'être aujourd'hui car il aborde des sujets intemporels tels que la souffrance, la mort, l'amour, mais aussi un sujet qui fait la une de la presse depuis plusieurs mois, à savoir la violence conjugale.
Si vous n'avez pas le moral, ce n'est peut-être pas le meilleur moment pour apprécier ce livre plutôt sombre mais dont j'ai beaucoup apprécié l'écriture, servie par une traduction de l'anglais réussie. En effet, Robert McLiam Wilson est un auteur irlandais dont c'est le second roman, après Eureka Street.
Pas facile de décrire ce roman car c'est un mélange surprenant. Je n'étais d'ailleurs pas très enthousiaste lors de la lecture des premiers chapitres, jusqu'à ce que qu'apparaisse Emma ; il m'a alors été difficile de reposer ce livre. Celle-ci, comme son mari Manfred, a eu une vie difficile, une enfance dramatique (rescapée des camps de la mort), ce qui explique en partie son comportement de femme battue par un homme qui, pourtant, l'aimait terriblement, d'un amour trop grand pour lui, ce qui était cause d'une grande souffrance, qui le rendait méchant.
Quant à lui, pendant la seconde guerre mondiale, (ce qui donne lieu à un flashback), il avait pour tâche de ramasser les cadavres, ou plus exactement, les restes de cadavres. Pas vraiment un plaidoyer en faveur de la guerre, croyez-moi.
La douleur de ce personnage, qui est donc le thème central, évolue au fil du temps. Après avoir souffert moralement de la guerre, puis affectivement de trop aimer Emma, également de ses relations familiales difficiles et paradoxales – avec sa mère, ses frères, son fils et sa belle-fille –il souffre physiquement à la fin de sa vie d'un problème intestinal, un cancer très probablement.
Ce qui est surprenant, c'est que Manfred peut tout aussi bien éprouver de très grandes joies, notamment quand sa douleur physique est intense, probablement parce qu'alors, cela amoindrit sa douleur morale ou psychologique. Au point de ne pas vouloir se faire soigner ! La joie et la douleur sont les deux faces d'une même pièce, il ne peut vivre ni sans l'une ni sans l'autre. C'est d'ailleurs un homme pétri de contradictions, comme l'indique l'auteur page 180 : « le lendemain il se sentit bourrelé de remords. Mais il se sentait aussi étrangement joyeux. »
Autre curiosité : bien que le couple soit séparé, ils continuent à se voir une fois par mois, dans un parc. Manfred n'a alors pas le droit de regarder Emma. le cordon semble ne jamais pouvoir se couper.
Des passages presqu'amusants parfois, notamment ceux qui portent sur l'arnaque immobilière qui n'a pas manqué d'évoquer pour moi « Au revoir là-haut « de Pierre Lemaître, une espèce de revanche sur la guerre.
Je ne sais pas si je vous ai donné envie de découvrir ce livre ; si ce n'était pas le cas, ce serait dommage, car c'est une découverte intéressante, surtout à une époque où il y a pléthore de livres sur le marché et que bon nombre d'entre eux n'ont, à mon sens, pas beaucoup d'intérêt.
Commenter  J’apprécie          60
Manfred est devenu un vieillard sans s'être rendu compte du temps qui passe . Un jour dans le métro , il rencontre un jeune couple , la jeune fille lui rappelle sa femme au temps de sa jeunesse , c'est à ce moment qu'il voit qu'il inspire du dégoût au jeune homme qui croit qu'il regarde sa fiancée , Manfred aussi a été un jeune mâle orgueilleux qui ne supportait pas les regards des vieux sur sa trop jolie femme .
A part quelques souvenirs du temps trop court du bonheur au début de son mariage avec Emma , Manfred n'a jamais été heureux , il y a quelque chose en lui de réfractaire au bonheur . Il a perdu l'amour de sa femme , il n'a jamais su aimer son fils , il ne sait pas se réjouir d'être bientôt grand -père ...
Robert Mc Liam Wilson nous livre un roman magistral , très différent D'Eureka Street mais aussi beau . Description minutieuse de la montée de la violence dans le couple mais malgré tout pleine d'humanité . Il est dès lors impossible de juger Manfred .
Commenter  J’apprécie          110
'est un livre ...lourd . Pas facile à lire car il parle d'un vieil homme qui va mourir et de ce mal qui le ronge contre lequel il ne veut pas se battre .Pire même ,il le chouchoute ,arrive même parfois à en sourire .
Pourquoi ?
De quelle douleur sagit il même si celle ci ,bien apparente est bien réelle ,quelle autre douleur cache t elle ?
En fait , dans la vie de Manfred , ce n'est pas la douleur qui manque : les douleurs ,les malheurs ,les echecs .
On suit Manfred tout au long de son agonie et c'est parfois du niveau d'un constat clinique. Il nous emmène dans son passé ,dans son histoire .Petit à petit on comprend ce que Manfred veut maintenant quitter .Il y a qqs scènes très dures et en même temps très belles .Très intenses . Parfois ,j'ai eu du mal à comprendre son manque d'ampathie pour le monde , son absence de sensibilité mais peu à peu tout s'éclaire , tout s'emboite .
C'est un beau livre mais à lire qd ça va bien dans la tête LOL
Commenter  J’apprécie          60

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Il ne désirait pas vraiment la mort , il mourrait d'envie d'être débarrassé de la vie .
Commenter  J’apprécie          230
Pour celui qui a souffert toute la nuit, l’aube est toujours décevante.
Commenter  J’apprécie          270
La première fois que Manfred frappa Emma , il eut le sentiment du début de quelque chose . Pour lui comme pour elle , ce fut comme si tous les deux tâtaient l'eau . Ils comprirent alors qu'il y avait plus à infliger et à supporter . Un nouveau secret s'ouvrit entre eux .
Commenter  J’apprécie          60
Vingt minutes plus tard, Manfred était allongé dans son lit. Les couvertures venaient à peine de se réchauffer et maintenant la douleur était taraudante plutôt qu'insupportable. Il se sentait rompu, mais bien. Ses pensées étaient épaisses et lentes. Il savait que dehors la nuit squelettique égrenait ses vaines lueurs : violettes, vertes et autres exploits chimiques. Il ferma les yeux, reconnaissant de ces ténèbres privées.
Commenter  J’apprécie          20
- Saviez-vous que j'étais juif ? demanda-t-il.
Le sourire de Garth grandit jusqu'à occuper tout son visage.
- Saviez-vous que j'étais noir ?
Manfred éclata d'un grand rire, d'un très grand rire.
Commenter  J’apprécie          50

Videos de Robert McLiam Wilson (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Robert McLiam Wilson
Le mercredi 20 juin 2018, la librairie Charybde (129 rue de Charenton 75012 Paris - www.charybde.fr ) avait la joie d'accueillir Thierry Corvoisier (éd. Rivages) et Sébastien Wespiser (éd. Agullo) en tant que libraires d'un soir.
Ils nous parlaient de :
1. Jim Harrison, "Dalva" (04:20) 2. François Médéline, "La politique du tumulte" (16:40) 3. Gregory McDonald, "Rafael, derniers jours" (24:01) 4. Grégory Nicolas, "Là où leurs mains se tiennent" (30:14) 5. Robert McLiam Wilson, "Eureka Street" (40:10) 6. François Guérif, "Du polar" (48:45) 7. David Peace, "Le quatuor du Yorkshire" (58:00) 8. David Peace, "Rouge ou mort" (1:01:51)
+ Lire la suite
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (262) Voir plus



Quiz Voir plus

Eureka Street

Où se passe l'histoire de ce livre ?

Aux Etats-Unis
En Ecosse
En Irlande
Au Canada

11 questions
59 lecteurs ont répondu
Thème : Eureka Street de Robert McLiam WilsonCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..