Et ce fut là ma troisième découverte: il me rendit mon baiser. Peut-être n'était-il pas aussi sûr de sa décision qu'il le prétendait... Malgré sa culpabilité et sa certitude de ne plus être capable d'aimer, peut-être me désirait-il encore. J'aurais tué pour le savoir... mais je n'avais pas le temps.
Au lieu de cela, je lui décrochai un coup de poing.
Le sentiment de trahison était une chose terrible.
Pendant quelques instants, je les observai côte à côte avec fascination: ma mère, la parfaite image d'une gardienne d'exception au comportement irréprochable; mon père, qui arrivait toujours à ses fins, sans se soucier d'employer les moyens les plus tordus si nécessaire. Non sans un certain malaise, je commençais à comprendre d'où me venait mon étrange personnalité.
La solitude est une chose terrible. Qui est seul n'a personne auprès de qui se réfugier, personne à qui se confier, ni personne qui se soucie de ce qui lui arrive.
Le regard réprobateur que Sydney avait posé sur moi m'avait donné l'impression d'être une petite fille désobéissante.
Un humain vivant avec les Moroï était une source. Leur intimité s'arrêtait là. Les humains n'étaient rien d'autre que de la nourriture. Les Moroï traitaient bien leur nourriture, mais ne se liaient pas d'amitié avec elle.
«Nos comportements ne reflètent pas toujours nos sentiments. »
En quoi consistait réellement l'amour? S'agissait-il de fleurs, de chocolats et de poèmes? Ou bien d'autre chose? S'agissait-il d'être capable de finir les plaisanteries de l'autre? d'avoir une confiance absolue en lui ? De savoir qu'il vous connaissait si bien qu'il comprenait toujours ce qui vous poussait à agir comme vous le faisiez, parce qu'il aurait fait la même chose que vous s'il avait été à votre place ?
Le plus amusant était que j'avais appliqué ce principe la majeure partie de ma vie : songer d'abord au présent et agir sans me soucier des conséquences.
Nous voulions tous les deux nous rendre utiles et veiller sur ceux que nous aimions.