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Critique de le_Bison


Un hélicoptère de la police tourne dans le ciel. Flack Flack. le bruit des pâles qui brassent l'air chaud et étouffant de cette fin d'après-midi. Schlack Schlack. Des bruits, des rumeurs, une descente de police au soleil tombé. La butte est encerclée. Les premiers tirs commencent, fusils AR-15 et HK-47, comme à un concert de hard-rock, explosions de grenades, comme à un concert de funk. Mais ici, favela Berimbau, Rio de Janeiro, c'est la samba qui coule son rythme sur une terre de poussière et de linges colorés séchant au vent. Une fumée épaisse. Puis le silence au petit matin. Les débris d'un hélicoptère. du sang séché mêlé à la poussière. La vie reprend. Les policiers ont été refoulés à l'extérieur de la favela. Boum. Les tambours rejouent la joie de vivre, l'insouciance pour oublier la peur ou la misère. Boum. On compte les morts dans chacun des camps. Mais la butte reste là, fidèle à son point de vue. Les guetteurs reprennent du service. le regard porté sur le vent. Attendant la prochaine livraison. de drogue. D'armes. de larmes. Boum. Une musique défile dans l'étroitesse des ruelles. le carnaval toute l'année...

Petit Roi et ses soldats est devenu le Prince de la favela. le maître qui promène ses pitbulls avec une horde féminine prête à lui apporter une bière fraîche. Et dire que sa mère veut l'envoyer à l'école… A quoi sert de résoudre une équation, si la seule inconnue de la vie est de savoir qui sera le prochain qui te plantera un couteau dans le dos. C'est pour cette raison que Petit Roi, du haut de ses seize ans, a son propre code de conduite : tue ceux qui te gênent, sans remords, sans semonces. Tuer ou être tuer, il n'y a que ces deux alternatives dans la favela Berimbau.

Alors tu montes sur la butte, une sorte de mirador sans les barbelés autour, mais avec une myriade de fils électriques qui pendent de partout. Tu poses ton regard sur l'horizon et tu vois un champ d'antennes satellites qui poussent comme des marguerites après une pluie d'eau tiède. Tu respires encore la poudre d'hier, cette odeur de soufre dans l'air. Les yeux rougis par l'autre poudre que tu t'es collée dans le nez, tu écoutes le son de la vie : des postes de télévision branchés 24h sur 24 sur des novelas à l'eau de rose, des ghettos-blasters qui crachent des onomatopées de hip-hop, des caisses claires qui cognent dans ce labyrinthe. Tout ça, c'est ton territoire. Fragile. En un clin d'oeil, l'honneur, l'argent, les armes peuvent te basculer en « Enfer ». le tout dans une plume magnifique et tourbillonnante de Patricia Melo, premier roman de l'auteure brésilienne que je découvre et pas le dernier, depuis j'en ai acheté d'autres...
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