AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Mermed



L'Odyssée d'Homère est une des quelques oeuvres qui ont eu la plus grande influence sur la culture occidentale. Une odyssée : un père, un fils et une épopée, livre surprenant dont le décor est une salle de classe d'étudiants de première année new-yorkais, dont Mendelsohn annote les noms dans son registre avec des mnémoniques à la Homère:
Tom-le-blond, Madeline-au-roux-flamboyant...

Le cours aurait pu être une routine si l'un des étudiants n'était le père de l'auteur, âgé de 81 ans. Lorsque le professeur Mendelsohn examine ses élèves, lui seul dans la salle connaît les mots grecs originaux. Mais Jay Mendelsohn, ingénieur et mathématicien à la retraite, met en cause l'héroïsme d'Ulysse dés sa première intervention – alors qu'il avait promis à son fils, en lui annonçant son désir d'assister à ce séminaire, qu'il n'interviendrait pas.

Dans ce livre autobiographique, Daniel Mendelsohn, né en 1960, philologue classique, érudit grec et professeur d'université, propose une lecture attentive et une analyse approfondie de l'Odyssée. Mais le véritable protagoniste, aux côtés d'Ulysse, est le père de Dan, Jay qui fait des interventions et des réflexions fréquentes durant le séminaire.

Les débats de plus en plus fréquents déclenchés par les observations spirituelles et insolites de Jay pendant le cours résultant de l'expérience de celui qui pourrait être le grand-père ou l'arrière-grand-père des autres participants, intriguent d'abord les étudiants, en raison du ton et des références inattendues (expériences de guerre, par exemple) alors tout le monde se rend compte que ces différents points de vue mettent en lumière des aspects intéressants et constituent des idées nouvelles et intéressantes. Bref, la richesse vient de la diversité : d'âge, de langue, de mentalité, de points de vue, d'expériences... Chacune de ses interventions, qui s'exprime souvent par la phrase « suis-je le seul à penser que… ?» devient source d'enrichissement précisément parce qu'elle est différente, atypique, peu orthodoxe. C'est ainsi que semaine après semaine, le mathématicien de quatre-vingt-un ans gagne le respect des étudiants de première année du cours, sort avec eux et, armé de sa rigueur éthique et scientifique fine et pointue, défie les enseignements de l'illustre classiciste, son fils.
L'année scolaire terminée, le père et le fils font une croisière en Méditerranée sur la route d'Ithaque en suivant les traces d'Ulysse.
Nouveau moment de proximité affectueuse, où Daniel se découvrira comme un nouveau Télémaque sur les traces de son père Jay-Ulysse, d'abord inconnu, puis de plus en plus proche et tendre, mais qui se transforme inexorablement en Laertes décrépit, père de Ulysse, renouvelant ainsi la succession des générations.

Relisez Homère dans les mêmes temps de lecture que vous consacrez à ce livre, votre plaisir en sera encore plus grand. Vous direz alors, avec Pénélope:
«Vous connaissez beaucoup d'autres récits qui charment les mortels, tels que les exploits des héros et des dieux que célèbrent les poètes. Chantez donc une de ces actions mémorables tandis que les hommes boivent le vin en silence ; mais cessez ce chant lugubre qui m'afflige et porte le désespoir au fond de mon coeur brisé par la douleur la plus grande.»

Lien : https://holophernes.over-blo..
Commenter  J’apprécie          90



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}