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Critique de Eve-Yeshe


Le début est brutal : une jeune femme s'est jetée par la fenêtre de son appartement, du sixième étage devant les passants médusés. Les uns regardent, fascinés par la brutalité de l'événement, d'autres essaient de lui porter secours, d'autres appellent pompiers, police, d'autres s'en vont discrètement… La police conclut rapidement au suicide donc pas d'enquête.

A l'autre bout du pays, du côté de Nice, le cadavre d'un homme noyé est remonté à la surface et s'est échoué, trouvé par un joggeur. Il à le crâne rasé, il est entièrement épilé, et les bouts des doigts ont été brûlés. Impossible pour la police de l'identifier, car aucunes traces d'ADN…

Pendant ce temps, on fait la connaissance d'Esther, bûcheuse acharnée qui vient de décrocher une place dans une banque qui ne recrute que des élites, bêtes à concours, issus d'écoles prestigieuses…

Le directeur Étienne, leur présente le fonctionnement de la banque (internationale) qui exige que les jeunes recrues soient corvéables à merci, de réunions en réunions, les yeux rivés sur leurs mails, peaufinant des projets sur power point qu'on leur demandera de refaire car la couleur ne plaît pas, où on a rajouté des données entre temps. La boîte sympa par excellence qui va exiger d'eux qu'ils travaillent douze ou quinze heures par jour, mangent sur un coin du bureau, y compris les week-end…

Étienne les rassure, on est attentif au risque de burn-out, ils seront pris en charge psychologiquement sir cela arrive et on les « réorientera ».

Esther est harcelée par son supérieur, et à bout de force, elle a un malaise au travail : le rapport rédigé, modifié, re-modifié, est confié à l'imprimante, en X exemplaires mais, elle ne parvient plus à attraper les feuilles pour les classer et elle s'écroule sous un déluge de feuilles. Pompiers, hôpital…

Mathieu Menegaux explique très bien les conditions de travail actuelles, le harcèlement par les supérieurs, et la culpabilité de la victime qui se sent indigne d'occuper le poste, et le burn-out, la mise au placard.

A travers la relation employé employeur, il montre aussi que tout peut déraper, qu'un grain de sable peut enrayer une machine parfaitement huilée, qu'une promotion peut passer sous le nez, même si on a eu une carrière exemplaire, et qu'à partir d'un certain âge on peut se laisser charmer pour se prouver qu'on existe encore. Mais, l'addition ne risque-t-elle pas d'être beaucoup trop lourde.

Il évoque aussi la disparition : comment on peut disparaître des radars, sans que l'on cherche à savoir pourquoi : on trouve un homme nu épilé, sans empreintes digitales : il s'est forcément suicidé donc on arrête de chercher à l'identifier, ce serait dépenser l'argent du contribuable pour rien… On ne cherche pas plus loin, ou alors sans en référer à la hiérarchie.

Ce roman est beaucoup plus profond qu'il n'y paraît, à première vue et dénonce les travers, la déshumanisation de la société actuelle. On comprend très vite qui sont les victimes, mais on n'est pas dans un polar, donc on veut surtout arriver à comprendre le pourquoi du comment.

Il est très agréable à lire, malgré la difficulté des thèmes abordés, et nous sommes tous confrontés un jour ou l'autre, à titre personnel ou dans notre entourage, par le burn-out.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de découvrir ce roman ainsi que son auteur.

#Disparaître #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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