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Critique de elodiekretz


1995, Indiana. Un grand-père, Jim Falls (au nom métaphorique très bien trouvé), veuf depuis peu, peine à faire tourner son élevage de poulets, sa fille, ex reine de beauté, cumule son addiction à la drogue et son penchant pour les mauvaises rencontres et son petit fils, Quentin, un ado métis, ne parvient pas à détester sa mère et cherche sa place à la ferme ou ailleurs. L'avenir est bien sombre, bouché même. Jusqu'à ce qu'un miracle se produise, inexpliqué comme tout les miracles, puisque suite à une confusion, une jument de course de toute beauté leur est livrée. Au-delà de l'oxygène financier qu'elle redonne au duo grand-père-petite-fils, elle est pour eux, pour Quentin surtout, une source d'espoir et de lumière. Sa beauté est remarquablement décrite. Lorsqu'elle leur sera dérobée par deux frères complètement paumés, ils ne pourront se résoudre à la perdre. Ce sera le début d'un road trip sanglant à la poursuite des deux frères dans lequel seront impliqués un caïd sans scrupules, une héritière rebelle, un DJ en conflit avec son ex...

L'écriture de Joe Meno est un prodige (sans jeu de mots). Je l'avais découvert dans "le blues de la harpie" et le miracle (décidément) se renouvelle ici. Il excelle tant dans le nature writing (les paysages désolés de l'Indiana, les sites traversés par la route sont transmis plus que décrits) que dans le roman intimiste (la relation pudique et touchante entre le grand-père et son petit-fils, l'amour que porte le grand-père à sa femme décédée et à sa fille qui lui fait tant de mal et la place que prendra progressivement la jument pour Quentin). Les noms ont beaucoup d'importance ici : JIm Falls, son groupe d'amis dans lequel tout le monde se nomme Jim( village sans issue)... et la jument n'en a pas, comme pour mieux signifier toute sa portée symbolique.

Ce livre contient deux histoires : avant et après le vol de la jument et j'ai nettement préféré la première, celle de la vie à la ferme, languissante, bousculée par l'arrivée de la jument, cet espoir inouï auquel le grand-père et le petit fils ne peuvent s'habituer tant elle est magique. La partie "road trip" est intéressante et on y croise des personnages hauts en couleur mais trop justement et sans se perdre, on se déconcentre quand même un peu, d'autant que les personnages sont juste croisés justement. La deuxième partie est donc parfois (mais parfois seulement) un peu décousue. Jim et Quentin n'en restent pas moins attachants et l'évolution de leur relation est remarquablement restituée. Les dialogues sont de toute beauté.

J'ai donc une préférence pour le blues de la harpie, le premier Joe Meno, que je trouve plus immersif, ramassé, "compact" mais ce deuxième ouvrage confirme tout le talent de l'auteur. Son écriture est lancinante, toute en retenue, éblouissante !
Et la bonne nouvelle est qu'il y a un nouveau Joe Meno en 2019 !
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