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Critique de mylena


Je voulais lire un roman de Robert Merle, pour le challenge Solidaire, j'hésitais entre Week-end à Zuydcoote et Malevil, mais je sais que j'ai du mal à accrocher avec les récits de guerre, alors un pavé … donc Malevil plutôt, mais c'est aussi un pavé, et il y a tant d'autres choses que j'avais prévu de lire avant, du coup je me suis rabattue sur ce récit de 121 pages, publié après la mort de Robert Merle par son fils. Il s'agit du premier écrit littéraire de cet auteur, rédigé au cours de sa captivité en Allemagne en 1942-1943. Bien qu'autobiographique on sent nettement l'intention littéraire par la transformation du Rayol en Primerol et de l'auteur en Jean Dodéro, il décrit quasiment à chaud l'état d'esprit dans lequel il a vécu l'été 39, il y a juste quelques scènes sur sa captivité, car ce n'est pas l'essentiel de son propos, l'écriture étant son moyen de tenir, de s'évader mentalement. Je perçois le lien entre ce récit et la thématique des deux romans que j'envisageais de lire : un lieu clos, un enfermement, le désir d'évasion. Il est clair qu'au sortie de la guerre, ce texte avait peu d'intérêt à être publié tel quel, et d'ailleurs c'est pour moi ce qui fait, maintenant, tout l'intérêt de ce texte. Je m'explique : bon nombre de romans, en général des sagas, évoque cette période, celle du dernier été avant guerre, mais jamais ce n'est le centre du récit, c'est un décor, une ambiance de fond, et dans un grand roman, cela ne peut guère dépasser une cinquantaine de pages. Alors que là, c'est le sujet et cela en fait un formidable témoignage sur la France d'avant-guerre, même si c'est juste celle des vacanciers. On y voit une description de la Côte d'Azur d'avant-guerre, déjà touristique, mais encore sauvage. Et justement, les touristes ne sont pas si éloignés de ceux de maintenant, venus des quatre coins de France, et même de Pologne, d'Italie et d'Allemagne. Il y a aussi la description des habitudes d'une famille propriétaire d'un grand domaine au bord de la plage (probablement l'actuel Domaine du Rayol, Jardin des Méditerranées). Et ce refus d'envisager la guerre, d'accepter ce qui se trame, un déni, qui s'explique, comme le souligne son fils, parce que les pères de la génération du père de Robert Merle se sont sacrifiés à la guerre de 14 pour que ce soit la der des Ders.
J'ai beaucoup aimé, l'écriture est extrêmement agréable et fluide, je pense que je lirais un jour les deux pavés que j'ai mentionné plus haut, plus peut-être un ou deux autres romans qui me tentent maintenant. Mais en dehors de ce récit il faut avouer que c'est nettement un auteur de pavés !
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