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Critique de Celise


La mort est son métier ou itinéraire d'un enfant humilié et rejeté qui finira par devenir un des rouages les plus abjects du projet génocidaire nazi.

Robert Merle explore, dans ce roman basé sur des faits historiques, les chemins qui mènent au Mal, à travers le destin de Rudolf Lang (de son vrai nom Rudolf Hoess) qui deviendra le directeur du camps d'Auschwitz et désigné pour mettre en place et « industrialiser » la solution finale par le régime.

Point de « monstre » dans ce récit, mais simplement un homme, face à ses limites, ses souffrances et ses traumatismes, bref, face à son destin et surtout à ses propres mauvais choix.
Car en effet, même si tout prédestine Lang à basculer du côté obscur : son enfance malheureuse et solitaire, qu'on suppose émaillée de crises d'angoisse non traitées, les horreurs qu'il a vécues adolescent pendant la guerre de 14/18, l'extrême pauvreté qui s'ensuivra et par-dessus tout, la honte de faire partie du clan des vaincus… au final, il avait, à tout moment le choix de vivre une autre vie. Et il ne l'a pas fait…

Lang est vide, comme coupé de lui-même, et ceci depuis son enfance, seul son goût pour l'ordre et le devoir semblent l'animer et Robert Merle sert ce propos de manière magistrale en gardant un ton toujours neutre : aucune émotion dans le récit, c'est chirurgical, souvent glaçant.

Et c'est cette absence d'affect qui donne tout son horreur au récit quand Lang, après avoir gravi les échelons du parti nazi, devient directeur du camp d'Auschwitz et est amené à « industrialiser » la solution finale. On connait tous les témoignages poignants des survivants des camps, mais au final, le point de vue du bourreau m'a semblé infiniment plus insoutenable car ce sentiment de vide, d'absence d'humanité et de vie intérieure fait de cet homme la négation de l'Homme et interdit tout espoir.

Merle est remarquable de justesse dans ce roman, il a trouvé la bonne distance pour poser son récit dans une neutralité et une délicatesse qui est seule pouvait rendre justice à ce sujet ô combien difficile.
Bravo Mr Merle, vous confirmez votre place particulière dans mon coeur de lectrice.
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