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Critique de Franckg


Auschwitz, sans doute l'un des noms les plus significatifs quand vient le temps de décrire les horreurs du Troisième Reich. On a tous vu ce long bâtiment brun où convergeaient les chemins de fer menant au camp, cette ironique citation "Arbeit macht frei" à l'entrée et ses grandes cheminées qui sont le symbole de l'atrocité des lieux. Robert Merle nous présente son architecte, Rudolf Höss (Lang dans son roman), dont les grandes lignes sont tirées de son témoignage à un psychologue avant son procès et dont l'auteur juge comme étant la version la plus pertinente sur son parcours.

Narré à la première personne, on le suit de son début d'adolescence jusqu'à son jugement lors du procès de Nuremberg. Élevé par un père totalitaire et fanatique religieux, le jeune Höss apprend rapidement à obéir aux ordres. Enfant solitaire, réservé et limite sociopathe, il rêve d'une vie de militaire. N'ayant aucune attache envers sa famille et voulant fuir la prêtrise à laquelle son père le destine, il tente rapidement de joindre l'armée alors que la Première Guerre Mondiale en est à ses premiers balbutiements. Il attirera rapidement l'attention de hauts gradés malgré son jeune âge pour ses convictions patriotiques mais également par son désir insatiable de plaire et se plier à l'autorité. Très affecté par l'entre-deux guerres, où l'Allemagne s'est glissé dans une importante crise sociale, il passera 5 ans en prison pour meurtre alors que son processus de radicalisation avancera au même rythme que le NSDAP. Ayant adhéré à des milices citoyennes et joint les rangs des SA, il deviendra l'une des marionnettes de Himmler durant la Seconde Guerre qui le fera monter en grade au sein des SS et lui confiera la direction du camp de Auschwitz avec comme ordre d'éliminer le plus de juifs possible.

Ce qui frappe le plus à la lecture est sa froideur et son manque d'empathie et d'humanité qui sont à des niveaux inimaginables. de sa relation avec ses parents à sa femme, en passant par ses soeurs et ses rares amis (lire ici connaissances et collègues), jamais on ne ressent d'émotion. Tout ne repose que sur "obéir aux ordres" et jamais il ne dérogera de cette règle, peu importe le prix. C'est très troublant de le voir réfléchir nuit et jour à comment augmenter la capacité du camp à se débarrasser du plus grand nombre "d'unités inaptes" quotidiennement et de voir sa fierté à montrer le fruit de son travail à ses supérieurs.

J'ai été assez surpris de constater que son passage à Auschwitz ne représente qu'une partie du roman alors que c'est presqu'une autobiographie en accéléré et c'est vraiment parfait, ça nous permet de mieux cerner le personnage et de suivre son cheminement psychologique qui l'a mené à commettre l'un des pires crimes de guerre de l'Histoire. Une lecture coup-de-poing assurément et même si l'histoire d'Auschwitz a été maintes fois racontée, on en a toujours des frissons plus de 75 ans plus tard à lire des histoires du genre.
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