M Facochère, petit, gros, gras, trois poils de mous- tache blonde dans une tace rouge, se promenait avec un air gontlé dimportance et une serviette gonflée de papiers sous le bras. En réalité, il n'était qu'un chicanous retors et d'ailleurs de bon conseil, aussi honnête que peut l être un homme de loi. Je l'abordai avec mon plus gracieux sourire et il y répondit par un regard d'horreur et de stupéfaction.
Je goûtai le plaisir de ne plus penser, le plus profond que puisse goûter l’homme, dont tout le malheur vient de la réflexion. (p. 128)
Les groupes s’étaient dispersés, et nous étions alors quatre assis autour d’une table de marbre : La Bourboule, le professeur, Benoît Bardan, un de ces demi-oisifs assez vagues dont l’espèce pullule en province, et moi. (p. 19)
Encore ne fût-ce qu'une conscience bien transitoire et bien fragmentaire: un îlot de lucidité au milieu d'un vaste lac de rêves. p. 151
Il avait habité Paris, et la grande ville roule dans ses flots boueux tant d'épaves bizarres. p. 72
- Grand savant ! rétorqua l'impétueux La Bourboule. Vous me faites rire avec votre « grand savant »! Si Fontmorin était un grand savant, il ne serait pas petit ingénieur aux gages d’un marchand de nouilles dans une usine de quatre sous installée sur le Bousseron.
- Permettez ! dit M. Stilpon. L’usine dont vous parle, l’usine Hudibras, dans laquelle j’ai des intérêts, n’est pas uns usine de pacotille. C’est une très grosse fabrique de pâtes alimentaires, et sa marque est connue partout, même en Suisse. Et je me suis laissé dire par Hudibras lui-même que ce garçon est fort capable dans sa partie.
- Et quelle est exactement sa partie ? dit le professeur.
- Étant donné l’organisation de l’usine, il doit s’occuper aussi des machines, mais en fait, sa spécialité est plutôt la chimie.
- Ah ! c’est bien ça, le propres ! rugit La Bourboule. On nous fait nourrir par des chimistes ! Ils doivent en mettre des ingrédients dans leurs nouilles ! Autre chose que du gruyère, hein ?
- Vous vous trompez grossièrement, dit M. Stilpon, vexé. Le mélange des diverses farines, le dosage des produits lactés et des sucres pour les pains de régime ou les farines lactées, la vérification et l’analyse de tous ces produits exigent des gens expérimentés. D’ailleurs, Fontmorin, qui est un fanatique de la science, et dont vous auriez tort de vous moquer, emploie à travailler pour son compte. Il poursuit des recherches personnelles. (p. 39-40)
Sa fameuse distraction n'est, au fond, que la contrepartie d'une excessive concentration d'esprit. p. 57