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Critique de lemurmuredesameslivres


Il existe au Japon, dans le vaste jardin de Bell Gardia, un endroit fantastique où les vivants peuvent parler à leurs proches décédés. A dire vrai, ce n'est pas vraiment un endroit mais une cabine téléphonique, poétiquement nommée le "Téléphone du Vent". Pour l'utiliser, rien de plus simple, il suffit de décrocher le combiné et de parler. Dans un pays qui pleure encore ses morts suite au tsunami dévastateur de 2011, nombreux sont ceux qui se rendent sur le mont Kujira-yama, pour soulager un peu leur peine en contactant des êtres disparus. C'est le cas de Yui, animatrice de radio, qui a perdu sa mère et sa fille. Régulièrement, elle se rend sur la colline pour décrocher le fameux combiné, mais chaque fois, ses forces l'abandonnent. Alors elle se contente de contempler les jardins alentours, jusqu'au jour où elle fait la connaissance de Takeshi, un jeune veuf venu de Tokyo. Deux protagonistes essentiels, autour desquels le roman va prendre forme.
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D'aucuns disent que le temps guérit toutes les blessures. Si rien n'est moins subjectif, le temps a pourtant bien son importance dans ces pages. Malgré les courts chapitres qui composent le roman, ce dernier semble déployer ses ailes avec lenteur, enveloppant avec bienveillance tous les personnages de cette histoire. Il les accompagne, jour après jour, jusqu'à la résilience. le "Téléphone du Vent", quant à lui, est bien plus qu'un objet ou une destination de pèlerinage. C'est un symbole, qui console les âmes et porte en lui le pouvoir de guérison. L'autrice explore avec pudeur la psychologie et les sentiments. Il y a dans ses mots une forme de respect et de délicatesse, qui confère à ses personnages une grâce singulière.
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Monsieur Suzuki, le gardien, contribue à apaiser les êtres, toujours avec discrétion et humilité. Grâce à lui, Bell Gardia est un lieu d'échanges et de rencontres. Car si tous portent en eux le deuil, ils sont, pour la plupart, avides de souvenirs, de paroles et de sourires. Il y a cet homme, qui cache derrière ses mots emportés, la mort de son fils. Car « On reste parents, même quand nos enfants ne sont plus. » Ou encore cet adolescent, qui vient confier au vent tout l'amour qu'il éprouve pour ce père éteint. Tous apportent une belle consistance au roman. J'ai particulièrement aimé suivre Yui dans son chemin vers la sérénité, prendre part à ses doutes, affronter ses inquiétudes. Elle qui tente de retrouver, grâce aux petits bonheurs quotidiens, le goût sucré de la vie. J'ai encore en tête sa théorie de la dissociation corporelle, qui m'a à la fois amusée et touchée. Pourtant, ce ne sont pas tant les personnages qui m'ont plu, que la façon dont l'autrice raconte leur histoire.
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Dans Ce que nous confions au vent, Laura Imai Messina évoque le deuil, l'amour et la reconstruction, avec une grande délicatesse. Jamais elle ne sombre dans le pathos, et c'est l'une des raisons pour laquelle j'ai trouvé ce roman si beau. (A propos de la version audio) Par ailleurs, comme en parfaite harmonie, Clara Brajtman offre une interprétation magistrale. Lors de cette relecture, j'ai à nouveau été bouleversée par les émotions, admirative de sa diction, de sa voix rafraîchissante et de son accent impeccable. Tout comme Clara Ysé avec Mise à feu, je ne conçois pas Ce que nous confions au vent autrement qu'en version audio. J'ai trouvé l'ensemble magnifique et lumineux !
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Ma chronique est sur le blog.
Caroline - le murmure des âmes livres
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