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sur 99 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Fin des années 30, début des années 40. Une petite bourgade de Nouvelle-Angleterre. Ses habitants. Leurs joies, leurs peines, leurs espoirs, leurs drames.
A sa sortie, en 1956, "Peyton place" a connu un énorme succès et a suscité la polémique. Taxé d'amoral, de vicieux, le roman de Grace Metalious a même été banni de nombreuses bibliothèques. Il faut dire que "Peyton place" n'est pas le soap lisse auquel on pourrait s'attendre (et qu'il est devenu en étant adapté pour la télé par des gens qui, de leur aveu même, détestaient le livre). le roman est plutôt corrosif. Et ce, à plusieurs titres.

En premier lieu, la peinture sociale est assez saisissante. L'auteure dépeint une société de classes où les plus nantis vivent les uns avec les autres, tous dans la même rue, tandis qu'à la périphérie de la ville les pauvres s'entassent dans des baraquements vétustes. de plus, Metalious n'hésite pas à pointer du doigt la responsabilité collective de cet état de fait.

Mais si le propos social a pu embarrasser certains, c'est surtout la peinture des moeurs qu a scandalisé. Metalious se plait à gratter le vernis lisse et poli de l'american way of life pour mettre à jour ce que la société feint d'ignorer et veut cacher. Et ces dysfonctionnements interviennent principalement au sein même de la cellule familiale. Adultère, voyeurisme, mensonge, alcoolisme, inceste... L'auteure dynamite la conception qui veut que la famille est un refuge. Dans "Peyton place", le foyer n'est pas synonyme de paix ou de bonheur, au contraire, il est souvent à l'origine des dysfonctionnements de la communauté entière. Ainsi, une mère exerce sur son fils une domination équivoque malsaine, une autre cache à sa fille les origines de sa naissance, un père répare les conséquences de l'irresponsabilité de son fils avec son argent...

"Peyton place" est aussi un roman qui peut tout à fait être qualifié de féministe. Les femmes sont au coeur du roman, le récit est vu par elles et tourne principalement autour d'elles. Les héroïnes ne sont pas de dociles jouvencelles qui attendent le prince charmant pour aller s'épanouir derrière les fourneaux. Elles sont volontaires, cherchent à s'affirmer dans leurs individualités. Elles veulent être actrices de leurs vies. L'existence de Selena a beau être une succession d'épreuves, celle-ci n'est jamais réduite à un rôle de victime. Elle est déterminée, indépendante, prend sa vie en main. Quant à Allison, elle rêve d'autre chose qu'une vie rangée de femme au foyer. Elle veut être écrivain, avoir des amants et ne jamais se marier.
La peinture de la sexualité féminine a également choqué la puritaine Amérique des années 50. Les femmes de "Peyton place" sont actrices de leur sexualité. Elles ne sont pas réduites au stéréotype de la colombe innocente et romantique. Elles ont des désirs, des envies et ne se contentent pas d'être les objets du désir masculin. Ainsi, un personnage masculin se verra même reprocher de ne pas être assez entreprenant.

Outre ces aspects, "Peyton place" est un livre très bien écrit, aux personnages bien campés, aux descriptions soignées, un roman-chorale addictif qui se lit d'une traite. Grace Metalious ayant mal vécu le succès et les polémiques a sombré dans l'alcoolisme avant de mourir à 39 ans d'une cirrhose du foie. Un destin tragique pour une auteure qui aurait mérité une longue carrière et qui n'aura malheureusement pas eu le temps de laisser que très peu de livres. Reste ce "Peyton place", excellent roman qui mérite de connaître une seconde jeunesse auprès d'un nouveau lectorat.

Challenge Multi-défis 2016 - 51 (un roman traitant d'un secret de famille)
Challenge ABC 2016-2017 - 9/26
Challenge Pavés 2016-2017 - 3
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Bienvenue à Peyton Place, cette petite ville américaine typique à la fin des années 30. On y fait la connaissance d'Allison une jeune fille au physique qu'elle pense un peu terne, plus intéressée par la lecture que la fréquentation de ses amies, sauf celle de Selena, une jeune fille déjà sensuelle, qui vit dans la partie misérable de la ville. Et enfin il y a Constance, mère d'Allison, qui se prétend veuve, mais qui n'a en fait jamais été mariée, Allison est donc une fille illégitime.
Sur une dizaine d'année, le roman de Grace Metalious nous permet de faire connaissance et suivre le destin de ses trois personnages principaux, dans une petite ville qui, sous ses aspects proprets et bien comme il faut, va révéler les agissement et des situations dérangeantes, en contraste total avec la bienpensance affichée.

Peyton Place, pour certains cela peut évoquer un feuilleton un peu neuneu, où l'on suivait les aventures amoureuses de plusieurs couples d'amis ou voisins..........mais s'attendre à ce style d'histoire dans ce roman serait une grave erreur.
Paru en 1956, le roman a fait l'effet d'une bombe, et à juste titre, car il fait voler en éclat l'image parfaite que l'Amérique souhaitait afficher, une société blanche de classe moyenne, des filles destinées à être de parfaites épouses...au contraire le roman dénonce l'anathème qui pourrait être jeté sur la femme adultère, qui pour l'éviter, s'enferre dans des mensonges de plus en plus pesants, la collusion des notables - issus des vieilles familles installées de longue date - qui confondent la gestion des affaires de leur ville avec leurs propres affaires, la mise à l'écart des zoniers, les pauvres, parqués dans un quartier, que l'on ne souhaite pas trop améliorer de peur qu'il n'attire encore plus de pauvres, et surtout une approche directe et frontale de la sexualité, de l'inceste et de l'avortement, thèmes oh combien douloureux pour une Amérique puritaine qui préfère les enfouir et souffrir plutôt que les affronter.

Dans la postface, Ardis Cameron écrit : Des millions d'américains s'en délectèrent (du roman) ouvertement. Ils se reconnaissaient dans les scènes du roman, dont les aspects choquants leur permettaient de prendre du recul sur leur propre intimité. "Je suis sûre que vous parlez de ma ville, écrivit une lectrice à Grace Metalious. J'habite Peyton Place". Comme pour lui confirmer qu'elle n'avait pas exagéré les turpitudes des petites villes, une autre lectrice lui confia :"Si vous trouvez que ce qui se passe à Peyton Place est moche, vous devriez venir voir ma ville".
Tout est dit, je recommande ce roman que j'ai dévoré, un texte qui a été très dérangeant en son temps et qui a gardé toute sa force grâce à l'écriture efficace de Grace Metalious.
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Après la lecture des excellentes critiques déjà publiées , je m'abstiens en sachant pertinemment que la mienne n'atteindra pas cette qualité qui donne l'irrésistible envie de lire le roman.
J'ai énormément apprécié ce livre qui m'a émue, surprise, passionnée et qui a évoqué des titres plus récents qui me paraissent avoir puisé à cette source littéraire comme "la manufacture de chaussettes inusables..." de Annie Barrows. L'Amerique profonde exerce encore une belle fascination sur les européens que nous sommes...et la chronique du quotidien plein de surprises des petites villes où chacun connaît et épie son voisin ne constituerait elle pas un antidote salutaire à l'anonymat et à la solitude de tant de contemporains?

Une chose est sûre.Toute fana de série télé que je sois,j'éviterai comme la peste le soap opéra éponyme pour ne pas gâcher le souvenir de cette riche lecture.
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Fin des années 1930, Nouvelle Angleterre. Un été indien se profile dans une petite ville de la région. En quelques phrases, le décor est planté comme sur une carte postale : arbres aux couleurs de l'automne, jolies maisons en bois blanc bien proprettes, calme des rues chauffées par un doux soleil et ciel bleu limpide.

Oui mais voilà, l'incipit donne aussi un deuxième son de cloche : « L'été indien est semblable à une femme mûre, animée de passions ardentes. Mais c'est une femme volage, qui va, vient à sa guise, si bien qu'on ne sait jamais si elle s'apprête à surgir, ni combien de temps elle restera. […] Une année, dans les premiers jours d'octobre, l'été indien apparut ainsi dans une petite ville appelée Peyton Place. Comme une femme jolie et rieuse, il s'étendit sur la campagne et rendit toutes choses si belles que les yeux en étaient éblouis.» Tiens donc, l'autrice compare la météo à une femme libre !

Ensuite, à la page 3, les clochers des deux Églises sont comparés aux « volcans de l'enfer ».

Le ton est donné, ça va déboiter.

Promesse tenue tout au long du roman où nous suivrons principalement Allison Mackenzie et sa mère Constance en répondant à la question : de quelle(s) façon(s) un secret de famille peut-il gâcher l'existence ?

Ensuite il sera question de racisme, de querelles d'Églises, d'inceste, d'avortement, de suicide, d'alcoolisme, de meurtre, d'inégalités entre les classes sociales, de jalousies… et de mesquins et égoïstes petits secrets.

Je dois avouer que j'ai lu ce livre comme j'aurais bu du petit lait. Taxé de scandaleux quand il est sorti, Peyton Place a même été interdit à la vente dans certains États, censuré dans les bibliothèques municipales et a parfois du circuler sous le manteau. Car il égratigne franchement et sans remord les moralistes conservateurs en tout genre.
Je rie encore de Kenny l'alcoolique qui débarque dans une Église de la Pentecôte et de l'Évangile complètement saoul et que les fidèles prennent pour « le messie qui va nous conduire au Jourdain » parce qu'il ne peut tellement plus articuler correctement que le Pasteur pense qu'il parle « la langue de révélation parlée seulement par les plus saints ».

Plus encore que ces piques humoristiques répétées sur la religion, ce qui a le plus déplu aux bien-pensants de l'époque est le féminisme dont chaque page est imprégné. L'éveil de conscience du médecin de la ville au sujet de l'avortement qu'il a été obligé de pratiquer pour sauver sa patiente, non pas de la mort mais du rejet social, est incroyablement bien narré. C'est exactement le genre de littérature qui fait bouger les lignes, qui amorce un début de réflexion et prépare les esprits à un changement social. D'ailleurs aujourd'hui il pourrait encore faire office de piqure de rappel à certains…

Le roman a également été accusé de verser dans le lubrique. Bon… à moins de n'avoir jamais eu le moindre roman érotique dans les mains vous ne risquez pas d'être choqué ! Mais comme les femmes ont des désirs sexuels assumés dans ce livre, les chantres du conservatisme y ont vu la dépravation la plus totale.
Il me faudrait plusieurs pages pour énumérer toutes les problématiques que Grace Metalious traite dans son livre tellement le panel est important.

Sa plume trempée dans l'acide et le sérum de vérité secoue bien le petit monde mesquin et hypocrite dans lequel vivent les personnages, l'écriture est vive, on ne s'ennuie pas une seconde. J'ai adoré ma lecture et j'en reprends une part en commençant « Retour à Peyton Place » pas plus tard qu'aujourd'hui !
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On a tous entendu parler de l'été indien, ne serais-ce que par Joe Dassin, qui à bercé notre enfance avec sa sirupeuse chanson automnale...

Mais c'est sur la beauté, toute singulière, et si particulière d'un été indien que s'ouvre "Peyton Place" ...
On entre dans cette petite ville, un beau jour d'automne...
On fait la connaissance de ses quartiers, ses édifices, ses résidents, ses particularités, ses différences, ses drames, ses silences, ses absences...

"Grace Metalious" nous entraîne dans un monde engoncé dans un vêtement d'un autre temps, d'autres valeurs.... Un monde qui ne voit pas l'évolution à sa porte...

Elle pointe, la beauté de ce monde qui est à l'automne de son existence...car ce temps, où Allisson vit à Peyton Place, baigne en plein été indien...
Certains ne voient pas la beauté de l'été indien, mais attendent l'hiver..

Et puis, bien trop vite, le livre se referme sur un autre été indien...
Mais ce dernier a une lueur différente du tout premier..

"Peyton Place", tout comme l'été indien, ou une aurore boréale (pour changer) est un phénomène. Rare.

"Peyton Place" peut être rangé dans une bibliothèque, mais jamais oublié...

Un des plus beaux livres que j'ai lu en cette année 2020.
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Pour être tout à fait honnête, ma première impression en refermant ce livre, c'est que ça m'avait fait le même effet que de binge-watcher une série TV. J'avais le sentiment d'avoir regardé une série style Melrose Place (mais en carrément mieux), en particulier concernant les interactions entre les personnages et les évènements qui vont leur arriver.

Parce que c'est toute une ville qui va prendre vie sous vos yeux ébahis (oui, on attaque fort) grâce à des personnages qui vont paraître assez cliché au premier abord mais se révéler bien plus intéressants.
Une lycéenne rêveuse et lunaire, une ado aussi jolie qu'intelligence mais qui a la malchance de venir des bas-fonds de la ville, une mère célibataire businesswoman accomplie (ce qui fait un peu tâche dans les années 50), un médecin avec des problèmes d'éthique et qui fait face à de gros dilemmes moraux, un nouvel arrivant qui va mettre le feu aux poudres et bien d'autres personnages plus ou moins sympathiques vont vous tenir compagnie pendant plus de 600 pages, et à la fin, vous aurez l'impression de les connaître intimement.

Et avec l'air de ne pas y toucher, l'autrice va aborder un tas de thèmes et de problématiques qui étaient de vrais sujets de société à l'époque (et sont toujours très actuels).
En premier lieu, le problème de classe sociale, le gouffre entre les très-précaires et les très-riches. C'est la toile de fond sur laquelle toutes les destinées et autres thématiques vont se greffer, et c'est bien le noeud de chaque situation que l'on va rencontrer.
Mais c'est loin d'être le seul sujet important que l'on va croiser : éducation (en particulier des classes populaires), place de la femme, sexualité, violences familiales aussi bien physiques que psychologiques, alcoolisme...
On comprend bien les qualificatifs que les critiques de l'époque ont employé. À une époque aussi puritaine, les relations sexuelles hors mariage, les femmes qui travaillent et la liberté de disposer de son corps étaient loin d'être monnaie courante, ni même envisageables.

Vous l'aurez compris, ça ne va pas être la grosse marrade tous les jours à Peyton Place. Mais l'énorme talent de l'autrice vient du fait qu'il est impossible de lâcher le bouquin tant ce qui est décrit l'est de façon addictive avec ces destins qui s'emboîtent, se répondent, se mêlent. On va effectivement disséquer avec minutie la communauté qui nous est présentée, mais le style est tellement léger malgré la gravité de certaines choses abordées qu'on se croirait devant une série dont on veut absolument connaître le dénouement. L'écriture est en plus très visuelle ce qui renforce encore ce sentiment.

Après avoir pris autant de plaisir à découvrir ce classique de la littérature moderne américaine, j'ai un peu peur de découvrir la "suite", mais je la lirai avec plaisir, parce que j'ai justement très envie de retourner à Peyton Place, même des années après.
Lien : http://delaplumeauclic.blogs..
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Peyton Place , je l'ai connu lorsque j'étais gamine, série (cela s'appelait feuilleton à l'époque) que ma maman, ma soeur et moi ne rations pas ! Nous adorions ! Quelques 35 ans plus tard je me lance à lire le roman et les souvenirs ont rejailli comme par magie. Cette lecture est parfois dure, parfois drôle, parfois tendre mais en tout cas il se passe toujours quelque chose. Avec un style narratif simple mais très efficace, j'ai beaucoup aimé me replonger dans l'histoire de cette petite ville. Il ne me reste plus maintenant qu'à me procurer les tomes suivants.
Lien : http://jenta3.blogs.dhnet.be..
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Peyton Place, c'est peut être un nom qui résonne faiblement dans votre mémoire, et encore... Avant de me plonger dans la sortie en poche de cette réédition (merci aux Presses de la Cité d'avoir pris la peine de remettre ce petit bijou à la disposition des français) d'un roman de 1956, je n'avais que vaguement entendu parlé d'un feuilleton des années 50 qui avait eu un succès fou aux Etats-Unis.

Mais après avoir refermé le très épais volume (près de 700 pages en édition poche), j'étais bien mieux informé grâce à la remarquable postface d'Ardis Cameon (35 pages passionnantes).

Lire la suite de la critique sur le site le Tourne Page
Lien : http://www.letournepage.com/..
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