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Citations sur La Colline à l'arbre seul (9)

P'tit Jésus ! Y avait plus à tortiller des fesses, parce que les Gitans, ça rigole pas. Fallait se faire la Tchave. Sauver sa peau, prendre ses jambes à son cou, disparaître, enfin, faire quelque chose mais pas rester là à se demander quoi.
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Assise à la table, à l’œuvre, ma maman caressait de sa voix douce les chansons de Fairouz. L’unique cassette, tellement écoutée, que le vieux poste ne la restituait qu’en grésillant, irrespectueux.
De temps à autre, je me retournais pour regarder ma mère. Elle fredonnait en préparant le repas du midi. Je contemplais son beau visage, ses mains nourricières ôter délicatement la fine peau carbonisée des poivrons brûlants grillés à feu vif. J’aimais sentir le parfum enrobant des poivrons, des tomates fraîchement pelées et découpées, des oignons finement émincés, de l’ail haché mélangé avec la coriandre fraîche et le cumin, qui cuisent lentement en irisant l’huile d’olive.
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Le second caddie débordait de tout ce foutu troc qu’on avait réussi à rassembler péniblement dans la cave et qu’on allait revendre à la ferraille : c’était le jour du salaire.
Parvenus sur le parking du supermarché, on avait la tête remplie de perspectives, pleine de calculs, de tout cet argent qu’on allait gagner pour aller au cinéma et de toutes les bouteilles de Coca, merguez à griller, patates à braiser sur un feu comme des Indiens de la plaine, qu’on allait s’enfiler, alors, on l’a pas vu en arrivant, on a pas fait gaffe à cause de la joie qui fait voir la vie en rose. Et puis, on peut pas toujours être aux aguets, même à plusieurs. La voix a gueulé de loin.
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Avant de retourner sur la colline, on a fait une escale au TAKARAKÉ, pour prendre des provisions. Karaï s’est occupé du feu et Gros des merguez à griller. Quand Momo a tiré le bouchon de la bouteille de gnole qu’on venait d’acheter avec nos sous et qui a coûté bonbon, on a tous tendu les gobelets, joyeux. On a coupé la gnole avec du vrai jus de pomme pour pas tousser. On a trinqué, parce que, là, autour du feu on avait un verre chacun comme des hommes, on avait gagné des sous, on était des trappeurs de l’Ouest américain, sans peau de bête.
- Momo, comment qu’on fait pour devenir un homme ?
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Le champ était un grand terrain vague, paisible, qui voulait ressembler à une prairie, avec une colline posée dessus. Au sommet, il y avait un arbre, ou du moins ce qu’il en restait : un tronc cicatrisé d’initiales, de je t’aime gravés au couteau, entourés de cœurs grossiers, et ses plus hautes branches, sauvées des assauts répétés des mômes. Au printemps, des buissons épineux bourgeonnaient, des ronces et d’autres herbes folles l’envahissaient. Nos cheveux fleurissaient de boutons-d’or, de coquelicots, de fleurs de pissenlit cueillis, et les orties coloraient nos mains de rose. Un champ vierge pour que les gosses suçotent l’acide saveur de la rhubarbe sauvage.
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Le melon bataillait avec la menthe fraîche, le cumin se piquait de clémentine, la tomate se t’argüait de basilic, et la coriandre s’occupait de ses oignons... Sous les voûtes en caillasse, les étalages de boulangerie se distinguaient par les effluves de blé et de froment, de seigle et de levure, les pâtisseries au miel, à la fleur d’oranger, les pâtes feuilletées encore chaudes et dorées qui croustillaient ....
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Les jours l’été, pour chasser l’ennui, on partait à l’aventure hors du faubourg. Dans la rue Copernic, au coin du sentier qui monte en direction du champ, on a aperçu les Grands qui redescendaient. On a vite rebroussé chemin pour s’engouffrer dans la cage d’escalier du bloc le plus proche. On est restés cachés en jurant. Il y a des rencontres qu’on aimait pas faire. Dans l’entrebâillement de la porte, on a guetté leur passage. Sur le trottoir d’en face, ils poussaient un caddie contenant pas mal de bouteilles. À leur couleur, on devinait des bières.
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Monsieur le Curé était prêtre-ouvrier et syndicaliste. La semaine, il travaillait comme ouvrier et tenait une permanence pour un syndicat. Pas un tire-au-flanc.
Dans le faubourg, pour la plupart d’entre nous, nos parents étaient ouvriers. Comme tous les cinq. Monsieur le Curé ne se lassait pas d’expliquer pourquoi il voulait défendre les travailleurs. Lors des goûters du caté, c’était l’occasion pour le berger qu’il était d’attirer les brebis qu’il croyait s’être égarées, et les instruire de ce qui les attendait.
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Ma mère m’a transmis le goût pour les histoires, les contes et ses conteuses. Mon père, celui du western américain, et une empathie évidente pour les Peaux-Rouges, les Indiens quels qu’ils soient. L’école élémentaire, celui du cinéma. Une fois par trimestre, l’école primaire était en effervescence. Le cinéma itinérant se déplaçait jusqu’à la salle du réfectoire, notre cantine. J’adorais ces moments suspendus. C’était la fête.
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