Citations sur L'Évangile de Marie-Madeleine... selon le Livre du Temps (16)
— Je vous enseignerai, dit-elle alors aux voyageurs, d’un ton décidé bien que paisible. Mais sachez que je ne vous enseignerai qu’avec une pauvre mémoire car il faut que vous soyez conscients de ceci : ce que je devais savoir est passé dans mon corps et c’est mon corps qui l’a retenu. Mon corps, c’est toute ma chair qui a appris à devenir autrement et puis, c’est surtout mes yeux… et mon coeur. Lui, j’ignore ce que les mots pourront en faire…
L’audace est, sans conteste, la force par laquelle la rupture est décidée puis amorcée. Le mot a déjà été avancé : elle est affaire de vision. Il n’y a pas d’audace sans la perception – je devrais dire le souvenir – de tous les possibles inscrits en nous de toute éternité. L’audace qui permet à l’âme de déployer ses ailes dans leur entière envergure ressemble de ce fait à un glaive qui tranche « tout ce qui a été assemblé », c’est-à-dire tout ce qui ne reflète pas l’unité mais continue à creuser le sillon des frontières.
La croyance fabrique aisément des fanatiques… L’adhésion à un dogme ou à un ensemble d’images signifie presque toujours l’asservissement à des décrets humains. C’est irraisonné. Vous croyez souvent parce que vos parents ont cru tout comme leurs propres parents et ainsi de suite. Dès lors, la rouille se dépose en vous et plus rien ne bouge, plus rien n’évolue dans votre âme. Vous devenez semblables au bois que l’on immerge savamment dans l’eau afin de le durcir encore. C’est de cette matière-là, oui, que naissent les fanatiques et tous ceux qui ont la nuque raide.
On se dit toujours qu’on veut savoir, comprendre, connaître et qu’on deviendra ainsi des hommes et des femmes capables de manifester la paix, mais on ne se pose pas la vraie question ! On ne se sonde pas, on ne cherche pas ce qui nous pousse à chercher.
Pour connaître la Vie, il est nécessaire de s’aventurer dans les vies, c’est-à-dire de quitter la Maison afin de se découvrir et de grandir, étape par étape, en séjournant dans toutes ces auberges que sont les mondes. Certaines d’entre elles réclament des habits d’apparat, d’autres se satisfont de vêtements plus simples, d’autres enfin imposent des guenilles.
Il ne s’agit pas simplement de savoir pour comprendre… et il n’est pas suffisant de comprendre pour connaître. Seule notre stagnation au fond du gouffre de la densité nous permet de toucher à cette vérité.
Nous jouons au jeu absurde de la victime comme pour nous excuser de ne pas savoir nous prendre en main.
Nous nous sommes réfugiés dans l’Oubli et dans la volonté de ne plus savoir… par peur d’être blessés par une Lumière libératrice peut-être trop puissante. Le plein soleil aveugle, c’est bien certain ! Voilà pourquoi les barreaux de la prison que nous nous sommes bâtie nous paraissent plus sécuritaires que la vue d’un horizon que nous ne pouvons même pas délimiter par le seul exercice du mental.
La foi, quant à elle, est comme un souffle qu’aucun mur, qu’aucune prison ne sauraient contenir ni même freiner.
Les morales sont les inventions des masques humanoïdes que nous portons. Elles changent d’une époque à l’autre, d’un peuple à l’autre, en fonction des sensibilités mouvantes et des jeux de pouvoirs.