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Critique de kielosa


Le septième roman de Deon Meyer autour de son inspecteur Benny Griessel est sans doute aussi son plus ambitieux. le but ultime d'un des protagonistes principaux du récit est l'assassinat du président de la République sud-africaine, dont le nom n'est évidemment jamais mentionné.
Le livre est sorti en Afrique du Sud en 2018, l'année où le président Jacob Zuma, accusé de corruption, fraudes et racket, a dû donner sa démission pour être remplacé par Cyril Ramaphosa, le premier milliardaire noir du pays.

La toute première page de l'ouvrage de 567 pages est située dans la belle ville de Bordeaux où s'est réfugié un Bantou massif (1,90 mètre) de 55 ans sous le nom de Daniel Darret et qui y aide à restaurer paisiblement d'anciens meubles. Avant toutefois, dans son pays d'origine il était connu comme Umzingehie, qui en langue xhosa signifie : le chasseur.

Puis nous passons en Afrique, où à un endroit de la liaison ferroviaire du Cap à Pretoria est découvert le corps terriblement abîmé de Johnson Johnson, 34 ans et surnommé J.J.
Comme J.J. a travaillé pour la police jusqu'à il y a 2 ans, l'enquête est confiée au service du Groupe criminalité violente, sous la direction du colonel Mbali Kalemi, une femme zouloue dont le prénom veut dire "Fleur" et qui est la chef de nos héros, les capitaines Benny Griessel et Vaughn Cupido, que les amateurs de Deon Meyer connaissent bien.

Une enquête qui s'annonce difficile, car en haut lieu on veut conclure à un malencontreux accident et clore l'affaire. C'est le service de la protection des VIPS de la police nationale à Pretoria qui craint que nos chers inspecteurs découvrent parmi ces VIPS, tels les membres du gouvernement, les gouverneurs de province... jusqu'au Premier ministre, certaines magouilles et irrégularités.

Notre bonne équipe de Mbali, Griessel et Cupido n'ont cependant nullement l'intention d'obéir un ordre inadmissible et continuent, non sans difficultés, leurs investigations de l'étrange mort de J.J.
Peu après se greffe une autre enquête intrigante : le soi-disant suicide de Menzi Dikela, un expert en électronique hautement sophistiquée à la retraite, maquillé avec beaucoup de soins et par des professionnels en suicide. Son unique fille exclut radicalement l'hypothèse du suicide.

Deon Meyer n'oublie pas de nous informer de la vie privée de ses 2 limiers favoris. Vaughn Cupido suit avec grande conviction un sérieux régime alimentaire parce qu'il est éperdument amoureux de Desiree Coetzee.
Et Benny Griessel se creuse la tête pour trouver la bonne formule pour proposer le mariage à Alexa Barnard, propriétaire d'une maison de disques. Les 2 s'aiment aussi follement et ont arrêté leurs excès d'alcool. Ils savent bien sûr qu'à 2 les risques d'une rechute s'accroissent.
Benny, entretemps, n'a plus bu une goutte d'alcool depuis 8 mois.

À Bordeaux, les choses se gâtent pour Daniel Darret avec la visite imprévue de Lonnie May, un ex-avocat blanc et son mentor lors des luttes contre l'apartheid. Au nom d'une association sud-africaine qui agit contre la corruption à grande échelle au sommet du pouvoir politique, il vient demander à Daniel de liquider purement et simplement le président de la République.

Dans un premier temps Daniel, qui s'est battu comme jeune homme pendant des années en Angola, Namibie, Botswana ...., refuse. Il ne veut pas compromettre la paix et stabilité durement acquises et il adore restaurer des meubles anciens.
Un événement ultérieur le fera néanmoins changer d'avis.

J'ai lu la plupart des romans de Deon Meyer et je dois dire qu'avec peut-être "Treize heures", cet ouvrage-ci est celui que je préfère, parce que l'auteur couvre un nombre de sujets très importants, telle la politique interne en Afrique du Sud après Nelson Mandela, les intrigues internationales, entre autres de Poutine qui y veut construire une énorme centrale nucléaire,
les séquelles du colonialisme et de l'apartheid ... sans que le suspense en souffre pour autant. Et cela constitue une qualité réellement rare.

Le style de Deon Meyer est comme toujours précis et agréable avec de temps en temps une pointe d'humour, comme : "Benny, tu as entendu l'histoire du type tout content après son mariage, car il fait l'amour presque tous les soirs ? Presque le lundi soir, presque le mardi, presque le mercredi...."

N'empêche que dans ce roman on sent que Deon Meyer, qui vient de fêter ses 62 ans, semble vraiment déçu par la déplorable politique intérieure de l'ère post-Mandela. À la page 201, il laisse son héros Benny Griessel s'exclamer en proie à une profonde déception : "Nous revoilà au temps de l'apartheid : mensonges et trahisons".
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