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Critique de Chouchane


Un très bon Déon Meyer qui revisite sous l'angle de l'écologie le genre post-apocalyptique. Virtuose, ce spécialiste du polar conserve son sens du suspens haletant et capture notre attention de bout en bout. Par certains aspects L'année du lion fait penser à La constellation du Chien de Peter Heller. Une épidémie, la fin d'un monde, des rescapés, des bandes violentes, un petit avion cessna, la reconstruction.

Nous entrons dans la vie de Nico alors qu'il a 13 ans. 90% de la population mondiale a péri dans une épidémie de fièvre qui s'est propagée sur la planète à très grande vitesse via les aéroports, les grands rassemblements et autres regroupements humains. Dès les premières pages, on sait que son père, Willem Storm, va être assassiné qu'il est un homme digne et brillant, qui après le désastre a bâti une communauté. Si le meurtre reste le fil rouge ce captivant récit, c'est la construction de ce nouveau monde sur les ruines de l'ancien qui reste l'essentiel du récit.

Avec son père, Nico traverse l'Afrique du Sud à la recherche d'un lieu bien situé qui leur permettra de refonder une communauté d'humains et de repartir sur d'autres bases. Ils ne sont que deux mais Willem a chevillé au corps à certitude que l'homme est bon et qu'il peut surmonter cette apocalypse. Il est convaincu que le vrai drame de cette épidémie est la perte irrémédiable d'une culture et des connaissances que l'humanité a mis plusieurs millénaires à développer. Cultivé, Willem instruit son fils, il lui explique la démocratie romaine, la faune, la flore, la production d'électricité, la patience... Quand ils croisent la route d'Hennie As qui survole la région avec un petit avion Cessna, la construction de la communauté peut commencer. S'y ajouteront l'énigmatique Domingo; la scientifique Birdie ; le pasteur Nkosi ; le psychologue Nero ; l'énergique Béryl, la pisteuse Sofia et plusieurs milliers d'autres tous très différents.

La communauté va se doter d'un nom : Amanzi mais surtout d'une organisation permettant un fonctionnement optimal du groupe. Avec l'arrivée de nouveaux rescapés elle acquiert les compétences pour couvrir ses besoins essentiels : nourriture, santé, éducation mais aussi pour sa défense. Afin, de consigner la construction du projet Amanzi, Willem va enregistrer les témoignages de chacun. Ceux-ci vont fournir au lecteur un récit polyphonique même si le narrateur principal reste Nico. Chaque événement important sera relaté sous plusieurs angles de vue. le vécu de la Fièvre, l'exode, la faim, les raids de vandales, mais aussi des étrangetés qui sont autant d'indices semés ça et là mais dont on ne comprendra le sens qu'à la fin.

On suit avec intérêt les hypothèses de Déon Meyer sur la construction de ce nouveau monde, les savoir-faire nécessaires pour l'électricité, la construction, l'irrigation, l'élevage..., l'arbitrage entre démocratie et dictature bienveillante, la gestion des groupes antagonistes, le nécessaire « communisme » du début et l'émergence d'une forme de capitalisme.

Cette communauté pacifique va se trouver, outre les turbulences internes, confrontée à des raids de pillards, à des bandes violentes qui forceront Amanzi a repenser sans cesse son sytème de fonctionnement, sa défense, ses centres de décision et sa communication.

Face au cataclysme provoquée par cette Fièvre, Déon Meyer ne manque, cependant pas d'écrire un chapitre intitulé « ce que tu regrettes le moins ? » (de l'ancien monde) . Certains ne regrettent rien et sont plus heureux dans ce petit univers où tout doit être repensé, reconstruit ensemble, les uns avec les autres dans une réelle et nécessaire solidarité. Les choses détestées sont « Facebook, plus que tout (...) Les amis sur Facebook, ce n'était que ça, un public. (...) » L'inégalité profonde, les milliers de gens croisés quotidiennement dans un total anonymat, les embouteillages, le souci de l'effondrement du monde, l'impression de ne servir à rien, ...

La fin c'est la découverte du meurtrier et - comme dans tous les bons polars, elle est inattendue. Ce que l'on peut regretter c'est une conclusion très - trop rapide. La révélation faite, Meyer boucle en quelques lignes une affaire qui nous a tenu 600 pages. C'est le seul point faible de ce roman passionnant qui par ricochet livre une sérieuse critique de notre présent.

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