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Citations sur Le Fils (294)

A croire ce qui se disait sur le paradis, c'était une ville immense avec douze portes. Pas de nourritures terrestres, pas de transit intestinal, pas de relations sexuelles : on y passait son temps allongé, en transe, à écouter de la harpe. Comme une maison de retraite dont on ne sortirait jamais. Elle coucherait avec tous les hommes avenants qu'elle croiserait. Ce qui, naturellement, ferait qu'on l'enverrait en enfer.
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N'empêche que c'étaient des petites natures. Impossible de les faire travailler l'été. Juillet et août étaient les plus chauds des mois chauds, aussi chauds que dans les plaines d'Afrique, un fer rouge auquel on ne pouvait se soustraire - vêtements trempés en quelques minutes, chaque centimètre de peau couvert d'une pulpe infâme. Si elle avait grandi en trouvant ça normal, désagréable mais normal, ses enfants, eux, ne tenaient même pas une heure. Susan s'était évanouie, tombant de cheval.
J. A. en avait honte. Elle était bien la seule. Du coup elle s'était mise à douter. Ce n'est que plus tard, une fois ses enfants adultes, qu'elle avait compris que c'est elle qui avait raison, que quand les gens s'habituent à avoir de l'argent pour rien, à ne travailler que quand ça leur chante, ils en viennent à trouver le travail dégradant. Ils cherchent désespérément à excuser leur paresse. Ils finissent par considérer les biens familiaux comme inhérents à la vie même, comme l'eau, l'air, ou des draps propres.
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Je ne peux pas m'empêcher d'avoir de l'empathie pour les Mexicains. Leurs voisins blancs les considèrent à peu près comme des coyotes qui seraient nés sous forme humaine, et c'est en coyotes qu'on les traite encore quand ils meurent.
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Mais c'est toute l'histoire de l'humanité. De la terre au sable, du fertile au stérile, des fruits aux épines. On ne sait faire que ça.
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Je me demande si j'ai déjà été aussi heureux. Et puis je pense de nouveau à mon père, je me demande s'il a jamais ressenti cela. Même jeune, j'ai du mal à l'imaginer. Il est comme mon frère, un revolver qui tient le monde en joue.
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La légende d’un Ouest construit et dominé par des héros solitaires n’est qu’un mythe : dans la réalité, ce fut tout le contraire. Un tempérament solitaire est signe de fragilité mentale ; c’est bien ainsi qu’étaient perçus les cavaliers seuls et c’est bien pour ça qu’on s’en méfiait. Personne ne survivait longtemps sans l’aide d’autrui, et ils étaient bien rares, Blancs ou Indiens confondus, ceux qui auraient laissé un inconnu passer dans la nuit sans l’inviter à s’asseoir autour du feu.
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J’aimerais décrire le lien de fraternité que je me suis découvert avec les Africains noirs maintenus en esclavage par mes compatriotes mais, malheureusement, je n’ai rien découvert du tout. Je ne pensais qu’à mes propres maux. J’étais un récipient vide attendant d’être rempli par la nourriture et les gratifications que les Indiens voudraient bien m’accorder, me tuant à la tâche du matin au soir dans l’espoir d’une portion supplémentaire, d’une marque de reconnaissance, de quelques minutes de paix.
Pour ce qui était de fuir, il y avait mille trois cents kilomètres de terres sauvages et désertiques entre le village et la civilisation. La première fois, ce furent les autres enfants qui m’attrapèrent. La seconde, ce fut Toshaway, qui me remit à ses femmes. Leurs mères et elles me battirent comme on rabat les coutures ; elles me lacérèrent la plante des pieds et débattirent longuement de savoir s’il fallait ou non me crever un œil. Je savais que la prochaine fois que je ruerais dans les brancards, je n’en réchapperais pas.
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Une fois que les hommes avaient une idée en tête, peu importait que cette idée les tue.
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Après la raclée infligée par les autochtones, le gouvernement mexicain recourut à une mesure désespérée pour coloniser le Texas : tout homme, d’où qu’il fût, prêt à s’établir à l’ouest de la Sabine River recevrait deux mille hectares de terres. Les petits caractères au bas du contrat étaient écrits en lettres de sang. La philosophie comanche à l’égard des étrangers était d’une exhaustivité quasi papale : torturer et tuer les hommes, violer et tuer les femmes, emporter les enfants et en faire des esclaves ou les adopter. Il y eut peu de gens du Vieux Monde pour accepter la proposition des Mexicains. En fait, personne ne vint. Sauf des Américains. Un vrai raz-de-marée. Ils avaient des femmes et des enfants à revendre, et puis cette promesse biblique : Au vainqueur, je ferai manger de l’arbre de vie.
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On a prophétisé que je vivrais jusqu’à cent ans et maintenant que je suis parvenu à cet âge je ne vois pas de raisons d’en douter. Je ne meurs pas en chrétien bien que mon scalp soit intact et si les prairies des chasses éternelles existent, alors c’est là que je vais. Là ou droit vers le Styx. M’est avis à cette heure que mon existence a été beaucoup trop courte : tout le bien que je pourrais faire si on me donnait ne serait-ce qu’une année de plus sur pied. Au lieu de quoi je suis rivé à ce lit, à me souiller comme un nourrisson.
Si le Créateur juge bon de m’en donner la force, j’irai jusqu’aux eaux qui coulent au milieu des pâturages. Le coude oriental de la Nueces. Même si j’ai toujours préféré la Devil’s River. En rêve je l’ai rejointe trois fois et on sait bien qu’Alexandre le Grand, lors de sa dernière nuit parmi les vivants, a quitté son palais en rampant pour tenter de se noyer dans l’Euphrate, sachant qu’en l’absence de corps, son peuple le croirait monté au ciel parmi les dieux. Sa femme l’a rattrapé sur la berge ; elle l’a ramené de force chez lui où il s’est éteint en mortel. Et après on me demande pourquoi je ne me suis jamais remarié.
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