Les âmes vagabondes

J'ai eu du mal à rentrer dans le livre. Mais après une centaine de pages, j'avais plutôt du mal à le fermer tant j'étais captivée par les événements et prise d'affectation pour l’héroïne et le parasite qui l'habite.
La terre est envahie par "les âmes", des espèces d' aliens qui ressemblent à des mille pattes. Une fois les humains capturés, ils les opèrent afin de leur implanter l'âme. Et rapidement celle-ci prend le contrôle de son hôte tout en ayant accès à ses souvenirs afin de pouvoir éventuellement s'en servir pour attraper des humains encore libre. Ces âmes ont finis par transformer la terre en un monde sans violence, ni mensonge et maladie, où tout le monde obtient ce qu'il a besoin en échange d'heures de travail pour la communauté. Bref un monde parfait à leurs yeux.
Mais c'est sans compter sur la force de l'amour et des émotions humaines. "Vagabonde " est une âme qui a déjà été implantée dans plusieurs hôtes sur plusieurs planètes différentes. Elle se retrouve dans le corps de Mélanie. Mais l'esprit de celle ci résiste car elle ne veut pas dire où se trouve son petit frère et l'homme qu'elle aime. Rapidement les deux esprits se côtoient dans ce même corps. L'âme découvre les sentiments humains, les bons comme les mauvais et finis par accepter l'idée de retrouver la famille de Mélanie tant celle-ci à l'air de leur aimer. Mais pour les humains, elle n'est pas Mélanie mais un parasite à éliminer.... même si physiquement c'est le corps de Mélanie.
Un roman tout simplement passionnant où chaque personnage doit faire face aux doutes et à des choix difficiles.

C'est comme ça que nous avons compris que vous étiez là, a-t-elle dit en songeant aux titres sinistres du journal. Quand il n'y a plus eu de mauvaises nouvelles dans les JT, mais que des reportages sur des initiatives améliorant le bien-être humain, quand les psychopathes se sont mis, touts seuls, à se rendre dans les hôpitaux pour se faire soigner, quand on s'est crus, tout à coup, au pays de Oui-Oui, on a su que c'est vous qui tiriez les ficelles !

"Pourquoi l'amour humain me paraissait tellement plus précieux que celui de mes congénères ? Parce qu'il était exlusif, capricieux ?
Les âmes offraient leur amour sans restriction.
Avais-je besoin de relever un plus grand défi ? Cet amour humain était truffé de pièges ; il était sans règles, sans loi : il pouvait être offert sans rien exiger en retour, comme avec Jamie, ou alors obtenu, avec le temps, après de longs efforts, comme avec Ian, ou être immédiat, déchirant ou animal, comme avec Jared.
L'amour des Hommes était peut-être simplement plus fort... Était-ce là le secret ? Ces humains pouvaient haïr avec une telle ardeur... À l'autre bout du spectre, pouvaient-ils aimer avec une ardeur égale ?
Pourquoi avais-je tant besoin de cet amour ? Tout ce que je savais, à présent, c'est que l'amour que je recevais valait mille fois les risques et les souffrances qu'il m'avait coûtés. L'amour était encore plus exaltant que je ne l'imaginais.
Il était Tout."

Son front pâle s'est creusé, ses sourcils se sont rejoints au-dessus de son nez.
- Non, pas si je savais que c'est toi.
J'ai eu un rire amer.
-Comment pourrais-tu me reconnaître ? Tu ne sais pas nous différencier.
Il a fait la moue.
- C'est juste ce corps..., ai-je répété.
- Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas le visage, mais les expressions que tu y mets; ce n'est pas la voix, c'est ce que tu dis. Ce n'est pas la plastique de ce corps, c'est ce que tu fais avec. C'est TOI qui est belle.

Des mains familières ont caressé mon cou, mes épaules. Mon coeur a battu si fort que je me suis demandé s'il l'entendait cogner.
Une main, comme je m'y attendais, a continué de descendre le long de mon bras, jusqu'à mon poignet, traçant sur ma peau une ligne de feu. L'autre s'est refermée en coupe sous mon menton, comme prévu, et a attiré mon visage contre le sien.
Sa joue a frotté la mienne - encore ce contact de feu sur ma peau - et sa bouche s'est approchée de mon oreille.
- Melanie, je sais que tu es là. Reviens. Reviens-moi.
Sa joue a reculé lentement et son menton a pivoté pour que ses lèvres entrent en contact avec les miennes.

Mélanie était bien plus pour moi, désormais, qu'un simple hôte rétif qui me donnait inutilement du fil à retordre. Nous étions devenues des partenaires, des confidentes mêmes depuis ces dernières semaines, depuis que la Traqueuse était devenue notre ennemi commune.

Dans les âges sombres, la gentillesse n'a plus droit de cité. Dans ce meilleur des mondes que tu as créé, nous sommes des fugitifs, un espèce en danger. Tous nos choix sont une question de vie ou de mort.

L’amour des Hommes était peut-être tout simplement plus fort… Était-ce là le secret ? Ces humains pouvaient haïr avec une telle ardeur… À l’autre bout du spectre, pouvaient-ils aimer avec une ardeur… À l’autre bout du spectre, pouvaient-ils aimer avec une ardeur égale ?

- Et si tu étais à sa place ? a demandé Ian d'une voix à peine audible. Si c'était toi qui étais coincé dans un corps d'humain et perdu sur une planète étrangère, abandonné de tes propres congénères ? Si tu étais quelqu'un de bien, de si bon que tu aies tenté de sauver la vie de ton hôte, que tu aies failli mourir pour le ramener chez les siens ? Si c'était toi qui t'étais retrouvé assailli par une bande de sauvages, pleins de haine, qui ne pensent qu'à t'étriper, encore et toujours. (Pendant un moment, il n'a pas pu poursuivre.) Et si tu faisais tout ce que tu pouvais pour sauver tous ces gens malgré leur inimitié... Ne méritais-tu pas d'avoir une vie à toi, rien qu'à toi ? Ce ne serait que justice aussi, non ?

- Elle s'appelle Gaby, pas le parasite, ni le mille-pattes. Tu ne la touches pas. A la moindre marque sur elle, je t'en fais payer le double.