Si je lui dis que je suis sûre d'être enceinte, comme une fille en communion avec la nature, qui confectionne des vêtements en toile de jute, et s'il s'avère qu'en fait, j'ai le ver solitaire, j'aurai vraiment l'air d'une cruche. (p.27)
Sur le trottoir d'en face, coincée entre un Staples et un Gap, il y a La Chouette, la librairie que j'aime fréquenter. Des numéros du National Geographic sont exposés dehors sur le trottoir , leurs dos jaunes brillent au soleil, promettant d'autres trésors à l'intérieur de leurs pages.Est-ce parce qu'elle paraît si insignifiante que La Chouette parvient à subsister, vieille librairie un peu délabrée, prise entre deux mastodontes ?
Notre être se nourrit de l'amour que nous donnons et que nous recevons. Tout le reste est dérisoire.
Ces livres sont toute ma vie.
- C'est dur pour moi aujourd'hui. De vendre mes livres.
- Pourquoi les vendez-vous ?
- Parce que je vends aussi mon appartement.
Mon fils m'a trouvé une place dans une résidence médicalisée. C'est une bonne maison de retraite. Je serai mieux là-bas. Mais il n'y a pas de place pour mes livres.
- Vous en avez vraiment beaucoup.
- Je sais. Mais je n'ai jamais vraiment aimé en emprunter à la bibliothèque. J'aimais les avoir chez moi, pour pouvoir relire des passages quand j'en avais envie. J'aimais savoir qu'ils étaient à moi, qu'ils m'appartenaient. C'est important d'avoir Shakespeare, c'est important d'avoir ... Churchill pour mieux comprendre la guerre.
Elle me dévisage.
- Deux Anglais. Vous venez d'un grand pays.
C'est du George tout craché de penser qu'un livre sur une exploration dans l'Antarctique va résoudre les problèmes d'une femme seule, pauvre et enceinte, qui prépare un doctorat tout en travaillant.
Tu vas faire la connaissance de tout un tas de gens, dit Bruce. Il y a un type qui est complètement dingue de Nabokov. Il vient pour chercher de nouvelles éditions, des éditions brochées, tout. Il est un peu bizarre.
Il est naturellement possible que mes souvenirs aient un peu embelli le tableau initial, que dans mon enthousiasme j’aie vu tout en rose, mais je suis certaine qu’il y avait des roses en abondance, parfumées et resplendissantes.
Le verbe « paterner », bien qu’utilisé, ne figure pas encore dans les dictionnaires. La fonction d’un père peut se réduire à l’acte biologique, l’acte d’engendrer un enfant. La mère ne se contente pas d’engendrer, elle porte l’enfant pendant des mois, c’est elle qui le met au monde et lui prodigue les premiers soins. Un homme peut se contenter de féconder une femme, puis s’en aller. Une femme, une fois mère, en a pour toute la vie.
Parfois, à l’époque victorienne, en Angleterre, on conseillait à la femme de se satisfaire pour évacuer son stress. Sage conseil.