Quand il m’a vue, son sourire s’est élargi et il m’a ouvert les bras. C’était un réflexe, comme les bébés qui entendent un gros bruit pis qui font l’étoile. Je me suis jetée dedans. Comme par réflexe, comme les enfants qui se perdent dans les centres d’achats et qui retrouvent leur mère.
Des fois, je regardais Rémy dormir le matin pis je pleurais sans faire de bruit en m’excusant de l’amour que je ne pourrais plus lui donner quand on serait trois.
Quand on est sortis, il neigeait comme le soir de nos retrouvailles et mon cœur s’est tellement emballé que j’ai eu peur de devoir le retenir pour ne pas qu’il aille danser avec les flocons.
Après, je me suis mise à me demander si c'était une bonne idée de mettre un être humain au monde dans un monde aussi fou que le nôtre. Je me suis demandé si la joie que tu peux vivre dans une vie était assez grande pour compenser le malheur qui t'attend forcément quelque part dans un détour parce que rien n'est parfait pis surtout pas l'humanité. Je me suis demandé si j'étais prête à donner naissance à une enfant qui allait sûrement avoir ben du plaisir, mais qui allait aussi souffrir parce qu'on souffre tous un jour ou l'autre. Je me suis demandé si j'allais pouvoir t'accompagner là-dedans sans m'effondrer en me disant que je ne pouvais rien faire pour que tu y échappes parce qu'on échappe pas à sa vie pis à tout ce qui vient avec.