Journée exceptionnelle du déclin de Samuel Cramer

Vraiment une sale journée pour Samuel Cramer (alias l'Amiral, alias Sam), un écrivain en mal d’inspiration, qui, après s'être fait larguer par la fille dont il est amoureux, écrit sans conviction sur un nouveau conflit franco–allemand, boit pour oublier et pour finir, a tort de se rendre à une invitation de son éditeur.

Je découvre une écriture énigmatique, alors je suis heureuse de pouvoir, de temps à autre, me raccrocher à des choses tangibles. Mais quand je crois enfin comprendre le sens de tout ça, patatras ! C'est reparti ; la demoiselle reprend des chemins de traverse et me sème encore. Je suis tentée d'abandonner la partie. Pourtant je continue, quelque chose m'envoûte et me pousse à poursuivre ma lecture.

Grâce Babelio et aux Editions Belfond (que je remercie), j'ai rencontré, lors de la présentation de leur rentrée littéraire, Agnès Michaux (et trois autres auteurs). En fait, à l'oral comme à l'écrit, elle est déroutante, intrigante et attachante. Son livre est à son image : il faut un effort et un temps d'adaptation pour comprendre la mise en abyme de la dure réalité d'un écrivain, se laisser porter par la petite musique des mots et pénétrer un monde poétique, mais le voyage vaut le coup.

Ce livre vous conte une journée de la vie de Samuel Cramer. Pas n'importe laquelle, celle qui laisse à voir un monde où la triste réalité se teinte de la poésie de l'écrivain. Samuel est amoureux des livres, il n'arrive pas à écrire. Samuel est éperdument amoureux, il a perdu Dawn.
Cette fille de bord de mer, en bottes rouges, qu'il a ramassé au bord d'une route et qui n'a pas su se contenter de ce qu'il avait à donner. Trop d'attente de la part de Dawn, qui n'a plus de temps à perdre. Il croise Emmanuel son éditeur, toujours présent, qui continue à proposer ses livres aux critiques comme X, tout en lui disant qu'il n'a aucune chance de se voir décerner le prix, cette fois encore. Michel son ami à qui il propose un pugilat, au nom du bon vieux temps, pour le plaisir de ranimer le souvenir. le petit voisin qu'il initie à l'amour des livres y compris les siens…
Dawn, ce matin-là, a déposé ses valises comme des oedèmes dans l'entrée. Elle est partie. Elle ne reviendra pas. Alors à quoi bon… Il se rend compte qu'il est las et que cela dure depuis un moment. Il ne vit que dans le regret de Dawn. Pourtant il faut avancer, vivre cette journée extraordinaire.
On se laisse emporter par la narration poétique d'Agnès Michaux. Les dialogues à la Ferré empreints de réalité et la musicalité sombre de ce long enchaînement de petits drames, tout au long de cette journée, jusqu'à son issue, ne laisse pas indifférent ; on reste captif.