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Critique de BimboStratus


Je ne vais pas commenter tout ce qui concerne le témoignage d'Océan, parce qu'un témoignage n'est ni bon ni mauvais, il apporte toujours beaucoup selon moi, et c'était intéressant à lire (surtout sa façon de décrire la socialisation des femmes en tant qu'ado et préado, ce besoin d'être validé•e par un homme même pour ellui qui n'aimait que les femmes - sans pour autant s'avouer lesbienne) et peut-être courageux à écrire.
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D'abord j'ai eu du mal à m'adapter au style de l'auteur, que j'ai trouvé compliqué et ampoulé, au moins dans l'introduction. J'ai eu l'impression que le texte était très fouillis ensuite, les idées me semblaient mélangées et en désordre, parfois même contradictoires 🤷🏼‍♀️ Océan reste très prudent avec ce qu'il dit, parfois c'est du "nous" pour parler de généralités (pas toutes sourcées, c'est dommage, on est vraiment entre le témoignage et l'essai mais il rate le coche je trouve) puis ça part sur le je, mais sans aller au bout de la réflexion, comme s'il ne voulait pas heurter, enfin c'est l'impression que ça m'a donné.
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Océan parle de déconstruire ses désirs (par exemple quand on dit qu'on aime pas les hommes noirs et que c'est juste un goût comme un autre : non, c'est raciste), mais jamais il n'évoque l'idée de déconstruire ses fantasmes, parlant même de "libido tristement immorale" ou déclarant "Peu de gens échappent à la nécessité d'érotiser la violence" sans vraiment expliquer ce qu'il entend par-là (ou alors pour moi c'est le mot nécessité qui est mal choisi, c'est une obligation qui est portée par la société patriarcale, pas une nécessité en tant que telle).
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Il insiste beaucoup sur la fonction réparatrice de ces mises en scène, mais c'est limite à en effacer la cause, qu'il cite lui-même pourtant, et qui est la société patriarcale et ce qu'on nous inculque dès le début de notre vie. Donc en gros l'appropriation et la réappropriation ok, mais pas de remise en question, pas de déconstruction en vue de modifier le fantasme, tout au plus une déconstruction pour l'excuser, l'expliquer. Il dit même que "la fonction compensatoire fonctionne dès lors qu'on baigne dans la culture du viol", mais je vois pas trop ce qu'il cherche en disant ça, à "excuser" aussi les personnes qui n'ont pas vécu d'horreurs et qui pourtant se complaisent dans des fantasmes violents ? Je vois pas l'intérêt de plaquer la fonction compensatoire ici, ça fonctionne (ça excite, ça permet d'atteindre l'orgasme) parce que oui, la culture du viol nous a toujours inculqué que c'était ça qu'on voulait, ça qui nous attirait. Arrêtons de chercher midi à quatorze heures.
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À la fin quand même Océan boucle sa réflexion en expliquant qu'il n'arrive pas à sortir de sa cage (le fantasme qui l'excite le plus et qui reprend le contexte d'une agression sexuelle qu'iel a subie enfant)... Et que la sexualité violente qu'on fantasme en est une. Mais même ça il ne le dit pas clairement. Peut-être que c'est ça qui me gène au fond, je comprends tout ce qu'il précise sur le porno et son industrie délétère, je comprends quand il parle de ce qu'il pense/pensait en précisant que c'est évidemment lié à son éducation (patriarcale, raciste, classiste), mais je ne comprends pas que ces pincettes qui poussent à préciser tout ça le poussent aussi à rester si timoré dans ses conclusions, si ambivalent. Il répète que tout son essai n'engage que lui et les personnes qui s'y retrouvent mais il prend quand même des gants et des détours pour finir par demander si c'est possible de fantasmer sans enjeux de domination, et si c'est même souhaitable, et répondre qu'il en sait rien. Ça m'a saoulée. Pour moi, ne pas essayer de changer ses fantasmes et s'y complaire cela participe à la culture du viol. Comme on déconstruit ses désirs racistes ou classistes, on devrait déconstruire ses fantasmes sexistes. Même si je comprends que cela n'est pas possible pour toustes et qu'on a toustes nos vécus différents qui influencent ces fantasmes.
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C'est un détail, mais Sade et Apollinaire associés au SM ça m'a fait grincer des dents. Je crois qu'il y a une grande différence entre le sadomasochisme, qui implique une réciprocité, et le sadisme. Pour moi les deux auteurs cités (et que j'ai lus aussi dans ma période "c'est de ma littérature c'est important de lire ça" - spoiler, non) racontent juste des trucs dégueulasses, je sais pas si c'est pour choquer, pour exorciser quoi que ce soit ou parce que ça les excite, mais y'a rien de consenti dans leurs bouquins, ou à des niveaux d'horreur qu'on atteint pas quand on est sain.
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