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EAN : 9782260056171
208 pages
Julliard (19/10/2023)
3.82/5   28 notes
Résumé :
« On pense souvent nos fantasmes sexuels comme le lieu de l’intime et du secret. Ce que nous imaginons quand nous faisons l’amour ou quand nous nous masturbons ne regarde a priori que nous. Et pourtant. »

À l’heure de la lutte contre toutes les violences sexuelles, comment expliquer la survivance de fantasmes de domination dans notre imaginaire érotique ? Quelle en est la fonction réelle ? Dans ce récit autobiographique libérateur, l’artiste et milita... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je ne vais pas commenter tout ce qui concerne le témoignage d'Océan, parce qu'un témoignage n'est ni bon ni mauvais, il apporte toujours beaucoup selon moi, et c'était intéressant à lire (surtout sa façon de décrire la socialisation des femmes en tant qu'ado et préado, ce besoin d'être validé•e par un homme même pour ellui qui n'aimait que les femmes - sans pour autant s'avouer lesbienne) et peut-être courageux à écrire.
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D'abord j'ai eu du mal à m'adapter au style de l'auteur, que j'ai trouvé compliqué et ampoulé, au moins dans l'introduction. J'ai eu l'impression que le texte était très fouillis ensuite, les idées me semblaient mélangées et en désordre, parfois même contradictoires 🤷🏼‍♀️ Océan reste très prudent avec ce qu'il dit, parfois c'est du "nous" pour parler de généralités (pas toutes sourcées, c'est dommage, on est vraiment entre le témoignage et l'essai mais il rate le coche je trouve) puis ça part sur le je, mais sans aller au bout de la réflexion, comme s'il ne voulait pas heurter, enfin c'est l'impression que ça m'a donné.
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Océan parle de déconstruire ses désirs (par exemple quand on dit qu'on aime pas les hommes noirs et que c'est juste un goût comme un autre : non, c'est raciste), mais jamais il n'évoque l'idée de déconstruire ses fantasmes, parlant même de "libido tristement immorale" ou déclarant "Peu de gens échappent à la nécessité d'érotiser la violence" sans vraiment expliquer ce qu'il entend par-là (ou alors pour moi c'est le mot nécessité qui est mal choisi, c'est une obligation qui est portée par la société patriarcale, pas une nécessité en tant que telle).
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Il insiste beaucoup sur la fonction réparatrice de ces mises en scène, mais c'est limite à en effacer la cause, qu'il cite lui-même pourtant, et qui est la société patriarcale et ce qu'on nous inculque dès le début de notre vie. Donc en gros l'appropriation et la réappropriation ok, mais pas de remise en question, pas de déconstruction en vue de modifier le fantasme, tout au plus une déconstruction pour l'excuser, l'expliquer. Il dit même que "la fonction compensatoire fonctionne dès lors qu'on baigne dans la culture du viol", mais je vois pas trop ce qu'il cherche en disant ça, à "excuser" aussi les personnes qui n'ont pas vécu d'horreurs et qui pourtant se complaisent dans des fantasmes violents ? Je vois pas l'intérêt de plaquer la fonction compensatoire ici, ça fonctionne (ça excite, ça permet d'atteindre l'orgasme) parce que oui, la culture du viol nous a toujours inculqué que c'était ça qu'on voulait, ça qui nous attirait. Arrêtons de chercher midi à quatorze heures.
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À la fin quand même Océan boucle sa réflexion en expliquant qu'il n'arrive pas à sortir de sa cage (le fantasme qui l'excite le plus et qui reprend le contexte d'une agression sexuelle qu'iel a subie enfant)... Et que la sexualité violente qu'on fantasme en est une. Mais même ça il ne le dit pas clairement. Peut-être que c'est ça qui me gène au fond, je comprends tout ce qu'il précise sur le porno et son industrie délétère, je comprends quand il parle de ce qu'il pense/pensait en précisant que c'est évidemment lié à son éducation (patriarcale, raciste, classiste), mais je ne comprends pas que ces pincettes qui poussent à préciser tout ça le poussent aussi à rester si timoré dans ses conclusions, si ambivalent. Il répète que tout son essai n'engage que lui et les personnes qui s'y retrouvent mais il prend quand même des gants et des détours pour finir par demander si c'est possible de fantasmer sans enjeux de domination, et si c'est même souhaitable, et répondre qu'il en sait rien. Ça m'a saoulée. Pour moi, ne pas essayer de changer ses fantasmes et s'y complaire cela participe à la culture du viol. Comme on déconstruit ses désirs racistes ou classistes, on devrait déconstruire ses fantasmes sexistes. Même si je comprends que cela n'est pas possible pour toustes et qu'on a toustes nos vécus différents qui influencent ces fantasmes.
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C'est un détail, mais Sade et Apollinaire associés au SM ça m'a fait grincer des dents. Je crois qu'il y a une grande différence entre le sadomasochisme, qui implique une réciprocité, et le sadisme. Pour moi les deux auteurs cités (et que j'ai lus aussi dans ma période "c'est de ma littérature c'est important de lire ça" - spoiler, non) racontent juste des trucs dégueulasses, je sais pas si c'est pour choquer, pour exorciser quoi que ce soit ou parce que ça les excite, mais y'a rien de consenti dans leurs bouquins, ou à des niveaux d'horreur qu'on atteint pas quand on est sain.
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Petite mise en garde avant de commencer : ce livre traite d'agressions s*xuelles sur mineur.e.

Pas un coup de poing mais presque, tant le récit résonne et enfonce des portes qu'on tente tant bien que mal de laisser fermées, à tort ou à raison. C'est son passé, son vécu, mais malheureusement, nous sommes énormément à avoir une chanson intérieure du même timbre, avec les mêmes notes. Des traumatismes qui nous hantent et nous rongent, une culpabilité qui s'accroche à nos vestes quand elle devrait serrer la gorge des responsables.

Ici, il est question de réappropriation. de prise de contrôle sur nos fêlures, pour y glisser de la peinture d'or. de mise à mort de la honte. Ici, c'est une mise en lumière de la place des traumatismes dans les fantasmes, de l'oeuvre cérébrale visant à nous remettre la bride en mains et manier la bête qui gronde au fond de nous.

Elle peut être dure, comme lecture. Salvateur pour beaucoup de gens. Ennuyeux pour un petit paquet de personne. Personnellement, je l'ai dévoré, je me suis reconnue à moindre échelle, sentie comprise et moins seule. Elle est bienveillante, infiniment douce à l'égard de toutes ces femmes abusées durant l'enfance, l'adolescence, ou la vie d'adulte, voire les trois à la fois. Elle apporte des clés de réflexions, des réponses à certaines questions, une main tendue pour sortir de la boucle infernale d'une responsabilité qui ne nous revient pas.

N'ayez pas honte de vos fantasmes, et de l'impact de votre histoire sur ces derniers. Soyez indulgent.e.s avec vous-mêmes. Et lisez ce livre.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Que ce soit avec mes ami.es ou mes partenaires, j'ai eu de longues discussions à propos des scénarios pornographiques, souvent problématiques, voire carrément craignos, qui suscitent malgré tout une indéniable excitation sexuelle. Comment expliquer cette contradiction entre nos fantasmes et la réalité de nos pratiques ? Ces débats sont la plupart du temps restés cantonnés à la sphère privée parce qu'il est difficile d'avouer publiquement : "Je suis contre l'industrie du porno mainstream, source d'exploitation d'êtres humains, et pourtant j'en consomme." Parce qu'il est compliqué, voire douloureux, de passer ses journées à dénoncer les violences patriarcales, à manifester, militer, réexpliquer sans fin l'importance du consentement pour, le soir, une fois dans sa chambre à coucher, avoir besoin d'imaginer des abus sexuels pour parvenir à jouir.
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Les conditions déplorables de fabrication des images pornographiques destinées au grand public participent à la construction d'un imaginaire érotique qui n'est jamais que le reflet d'aliénation plus vaste. Que nous continuions à regarder du porno mainstream et qu'une identification à ces images soit possible en toute connaissance de cause, alors même que - ou justement parce que- leurs conditions de fabrication relèvent de la domination la plus brutale, raconte déjà quelque chose de vertigineux sur la façon dont notre excitation a été conditionnée.
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Je découvre pour la première fois ce qu'est la pulsion de meurtre et la façon dont une seule personne peut devenir le catalyseur d'une colère et d'un effarement qui la dépasse. Sauf que, n'étant pas un homme cis hétéro, encouragé dans l'expression et la mise en œuvre de la violence, je prends sur moi.
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Il n'y a pas de règle en ce qui concerne les pratiques sexuelles, si ce n'est celle du consentement. Réussir à nouer des rapports de confiance, que ce soit dans le cadre de relations amoureuses, sexuelles ou amicales, est ce qui répare le mieux.
L'essentiel est d'avoir un entourage avec lequel on se sent pleinement en sécurité, de se débarrasser enfin de la honte et du secret qui nous ont été imposés et dont nous ne sommes pas responsables.
Notre seule responsabilité est de ne jamais reproduire les violences que nous avons subies.
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la sexualité partagée est plus joyeuse quand elle est inventive et drôle; accepter ses propres fétiches et ne porter aucun jugement sur ses pratiques, ses désirs et ses fantasmes, tant que ceux-ci ne contraignent personne, c'est déjà un grand pas en avant.
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