Le passé n'est qu'une fiction que l'on se raconte. Une contrefaçon. Aucun souvenir n'est digne de confiance. Car la mémoire est infidèle. Elle travestit le réel, enlumine la grisaille ou noircit le tableau. Sans but ni raison particulière, juste parce que le cerveau se fait berner. Il confond souvenir et imagination.
(p.187)
- En plus, tu lui trouves des excuses !
- Non, pas des excuses. J'essaye juste de comprendre. Je crois que Thérèse n'est pas raciste par conviction mais par amertume. Se prétendre Française de souche lui permet de se croire supérieure. C'est typique des gens qui se sentent méprisés, ils se raccrochent à n'importe quoi pour se valoriser. (...) Je suis sûre qu'elle le sait bien au fond, qu'opposer la misère à la misère ne rime à rien.
- C'est quoi une cochette ?
- Une petite femelle reproductrice. Elle était destinée à faire 30 petits par an. Trente bébés, tu te rends compte ?
- Pas vraiment, c'est combien normalement ?
- Une douzaine. Une portée, quoi. Ils en font des machines. Rosette, c'est une mutante, elle a quinze mamelles au lieu de douze.
- Hein ? N'importe quoi...
- Nan, je déconne pas. C'est une histoire de sélection génétique.
Les souvenirs sont un piège. Ils laissent toujours un arrière-goût âpre dans la tête. Même les bons, car ils soulignent l'inexorable fin des choses.
(p. 164)
Il paraît qu'en moyenne 60 000 pensées nous passent par la tête en une journée. Eh bien, 59 900 des miennes doivent concerner mon voisin d'en face. (...) Cette affaire commence à me rendre cinglée.
(p. 95)
La honte... C'est très personnel, la honte. Certains n'éprouvent aucune honte pour leurs perversions quand d'autres se flagellent à l'idée d'une pensée osée. (...) La honte est un reflet insupportable de soi-même que l'on redoute de voir dans les yeux des autres.
(p. 18)
- Les secrets de famille, c'est toujours honteux. Sinon, pourquoi faire des mystères ?
(p. 12)