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Critique de florigny


On ne peut pas lire Sam Millar sans dire un mot de sa vie. C'est à l'âge de 14 ans, le 30.01.72, lors du tristement célèbre Bloody Sunday immortalisé par U2, qu'il décide de s'engager dans l'IRA. Ce dimanche-là, en réponse à une manifestation pacifiste, l'armée britannique abat 14 personnes dont 7 adolescents. Incarcéré durant des années, Sam Millar subit des humiliations, des tortures, moisit dans une cellule peinte de ses excréments, vit nu, dans le noir, privé de nourriture et de boisson. Privé également de miroir pendant 4 ans, il lui faut des semaines pour affronter à nouveau son image lors de sa libération, incapable de se reconnaître. Emigré aux Etats-Unis, il organise un casse contre la Brinks avant de revenir au pays pour devenir un social-writer, cherchant à mettre l'obscurité en lumière : « les ténèbres sont ma lumière, rien ne peut s'y cacher, pas même mes propres verrues ». Je ne connais aucune photo de Sam Millar sur laquelle il sourit, il est donc très étonnant de constater à quel point cet homme a gardé le sens de l'humour (noir), dans sa prose et notamment ses dialogues.


Alors oui, dans « Les chiens de Belfast »,  certaines scènes , dont je ne suis pas friande, sont violentes, crûes, longuement décrites. Pour autant, cette violence ne m'a pas semblé gratuite. C'est un leurre de croire que l'on meurt en un instant, une balle et l'on passe de vie à trépas. le corps est robuste et peut endurer d'innombrables sévices avant de lâcher prise, il est quelquefois utile de rappeler que la souffrance peut revêtir de multiples aspects et durer fort longtemps avant ce qui peut apparaître, selon les circonstances, comme une délivrance.


Il ne s'agit pas, selon mes critères, d'un très grand roman noir. Intrigue classique à la trame maintes fois utilisée, la fin laisse même un peu à désirer. Je retiens surtout l'écriture au scalpel, incisive, des dialogues mordants, un rythme qui amène le lecteur au bord de l'essoufflement. Il y a une sorte d'urgence à exprimer, j'allais dire à témoigner. Et puis, comme un bonheur n'arrive jamais seul, merci à Patrick Raynal pour son impeccable traduction.
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