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Critique de meeva


Alice Miller défend la thèse selon laquelle nous avons subi des traumatismes dans notre enfance, particulièrement dans notre petite enfance, plus ou moins selon les personnes (idéalement pas du tout).


Elle revient sur les principes de la « pédagogie noire », pédagogie appliquée au dix-neuvième siècle et dans la première moitié du vingtième siècle. Celle-ci a laissé des traces aujourd'hui encore.

Par tradition, l'enfant est un être méchant et coupable qu'il faut éduquer, par les coups éventuellement (voir à ce sujet le livre d'Alice Miller « c'est pour ton bien », dans lequel elle cite des passages de ces livres de pédagogie dans lesquels il est indiqué comment taper son enfant, assez fort et assez longtemps…).


Les « mauvais traitements », volontaires ou non (c'est-à-dire les coups, les humiliations morales, les séparations, l'exploitation des dons aussi) provoquent de la colère, de la peur, de la tristesse chez l'enfant.

Ces sentiments, l'enfant doit les maîtriser, les garder pour soi, les étouffer, afin de garder la chose la plus précieuse pour lui : l'amour de ses parents.

Cette lutte contre ses sentiments peut l'amener à un véritable déni des traumatismes vécus, qui pourra faire de lui quelqu'un de névrosé, qui lui fera peut-être reproduire les traumatismes subis sur d'autres personnes, ses enfants en particulier.

En effet, au moment où certaines situations apparaissent lors de l'éducation d'un enfant, cela engendre chez son parent une confrontation inconsciente avec ses traumatismes enfouis, avec ses sentiments refoulés, ceci induisant un mécanisme de reproduction.


L'éducation autoritaire n'est pas la seule mise en cause ici. L'éducation antiautoritaire est autant montrée du doigt lorsqu'elle n'est pas menée dans le respect de l'enfant.
L'absence de soin, l'éducation dans laquelle les sentiments et donc la réflexion de l'enfant est niée, sont aussi des formes de violence perpétuées sur l'enfant.



Bien sûr, rien n'est irrémédiable.
Selon Alice Miller, c'est l'existence d'un « témoin lucide » qui peut permettre de « vivre sa haine » non exprimée dans son enfance, afin de la dépasser et de « faire le deuil » de son enfance.
L'enfance est souvent une période sublimée par les souvenirs et accepter qu'elle n'ait pas été parfaite, qu'elle n'ait même pas été si chouette que ça finalement, permettrait de ne pas reproduire certains comportements néfastes sur ses propres enfants.



Une aide fréquemment cherchée étant la psychanalyse, Alice Miller dénonce la culpabilité que celle-ci fait porter sur l'enfant lorsqu'elle soutient la théorie des pulsions chez l'enfant.

Freud a d'abord reconnu la réalité des traumatismes sexuels chez l'enfant, en 1897, avant de développer la théorie des pulsions, dont le fameux complexe d'Oedipe et « l'envie du pénis » chez la femme.
Alice Miller réfute totalement ces théories.



Les exemples qu'elle donne pour illustrer ses propos sont bien souvent des exemples de « cas extrêmes », mais on peut aisément penser que la majorité des gens sont concernés à des degrés moindres.

Elle donne aussi des exemples dans la littérature, en interprétant à sa manière l'oeuvre de Kafka, entre autres.


Puisque l'on parle ici de littérature, il est intéressant de s'interroger sur la signification de certains contes pour enfants.

Quel message reçoit l'enfant à l'écoute du Petit Poucet ?
On risque de m'abandonner pour que papa maman puisse acheter de la viande à la boucherie ?
De quoi développer la culpabilité concernant les difficultés des parents…

Et à la lecture du Petit Chaperon Rouge ?
Maman sait que la forêt est dangereuse puisqu'elle me met en garde contre le loup, mais elle m'y envoie quand même. Lorsque je suis attaqué, c'est donc que je n'ai pas su me protéger ?
De quoi développer la culpabilité concernant les mauvais traitements reçus…


Heureusement, de nos jours, les livres proposent des tas d'histoires super chouettes et pas culpabilisantes du tout pour les enfants, des super princesses qui veulent pas de jolies robes ou qui se permettent de dire « je veux/je veux pas »…





Bon, pour se détendre, prenons un petit air de violence sur fond de comptine (là aussi, il y aurait beaucoup à dire…) :

« Puis il allait au cabaret
Puis il allait au cabaret
Sa petite goutte il buvait
Sa petite goutte il buvait.
Il la buvait si juste
Qu'il n'y'avait rien d' plus juste.
Il la buvait tout dret,
Pas plus qu'il n'en fallait.

Quant à la maison il rentrait
Quant à la maison il rentrait
Sa petite femme il battait
Sa petite femme il battait.
Il la battait si juste
Qu'il n'y'avait rien d' plus juste.
Il la battait tout dret,
Pas plus qu'il n'en fallait.
[…] »

Extrait de « Il était un p'tit cordonnier », chanson enfantine.
Vous pouvez la voir chantée par Dorothée en 1986, qui chante cela avec le sourire… :
https://www.youtube.com/watch?v=¤££¤25Du Petit Chaperon Rouge 12¤££¤


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