Minuit ! New York

Le côté fauve venait peut-être de ses trois années passées à Rikers : agressions, maltraitance des détenus par les gardiens et entre détenus, sadisme, abus sexuels, trafics en tous genres, fouilles à nu devant les autres prisonniers, la jungle de béton – qui renfermait une clinique, une chapelle, des terrains de base-ball, une centrale électrique, une piste d’athlétisme et deux boulangeries – traînait une réputation de violence qui en faisait l’une des pires prisons des États-Unis. Le 22 juin 2017, le maire de New York lui-même avait annoncé son intention de fermer Rikers dans les dix ans.

Avec son jean délavé, son pull à col roulé noir, son blouson en daim léger et ses cheveux bruns un peu trop longs, Léo Van Meegeren ressemblait plus à un artiste – ce qu’il était, en vérité – qu’à un ex-taulard. Il mesurait un mètre quatre-vingt-cinq, pesait quatre-vingts kilos : soit sept de plus que quand il était entré à Rikers, à force d’exercices physiques sur le matériel de la prison.

Elle n’avait qu’une envie : être dans l’avion, dorlotée par les hôtesses et les stewards. Elle descendrait une ou deux flûtes de champagne, regarderait un film ou une série, puis s’endormirait sous la douillette couverture et le masque de nuit fournis par la business class d’Air France, à dix mille pieds au-dessus de l’Atlantique. En cet instant, elle ne souhaitait qu’une seule chose : être loin d’ici, tellement elle se sentait angoissée, tellement elle avait le cafard.