En septembre 2001, après les attentats, on ne savait même pas si les sitcoms avaient leur place dans cette nouvelle réalité. Est-ce que ces personnages sains et saufs, avec leurs petits problèmes de 22 minutes, seraient vus comme une énorme insulte à cette nation blessée ?
Friends vendait l'idée de l'Amérique, et plus précisément de New York. La série contredisait l'idée selon laquelle New York était cette ville hors d'atteinte, trop élitiste, trop chère. On le sait, la ville peut être toutes ces choses. Mais la façon dont elle est dépeinte dans Friends lui donnait des airs de terre promise.
Alors que la série s'étendait à de nouveaux pays, soudain, tout le monde occidental a commencé à s'habiller comme des Américains de 20 ans et quelques à moitié actifs qui traînaient dans un café. C'est en partie à cause du casting charismatique que le look se vendait. La mode va beaucoup plus loin que les simples vêtements : ce sont des manières de porter les choses, c'est un attitude, c'est la façon dont les gens se comportent.
En six épisodes, Ross et Rachel sont passés d'amoureux maudits qu'on voulait absolument voir ensemble à un couple qui aurait dû rompre depuis des mois. Toute la tension délicieuse qui existait entre eux est devenue toxique, et pourtant c'est bouleversant de les voir se séparer.
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Une histoire d'amour qui a commencé avec de la musique et des baisers sous la pluie se termine en silence, dans un salon sombre, avec des cernes sous les yeux et des pleurs.
Avec l'apparition du personnage de Mark, on découvre le revers de la médaille de Ross le Gentil. Son dévouement vis-à-vis de Rachel devient de la possessivité, sa sensibilité devient de l'insécurité.
Ross et Rachel avaient l'amour, et l'alchimie, et la passion, tous les bons ingrédients pour une histoire d'amour. D'un autre côté, ils avaient des problèmes de confiance, des objectifs très différents, et beaucoup de maturité à acquérir. En résumé, ils représentaient une relation typique de vingtenaires. Quand le délire de l'amour tout neuf a commencé à se dissiper, leurs problèmes fondamentaux se sont cristallisés sous forme de disputes et d'irritation. C'était très facile de s'identifier à eux, mais ce n'était pas drôle à regarder.
C'était les années Clinton. On a décidé que le monde était en bon état et que son état ne cessait de s'améliorer, et que tout le monde devait découvrir les joies d'un café à quatre dollars au Central Perk.
Ce qui importait le plus dans Friends résidait dans ce titre tout simple. Un seul mot, sans ambiguïté.
C'est la 'phase idéale', une période de flottement entre liberté immense et responsabilité envahissante, quand les amis se regroupent pour former une famille qu'ils ont choisie. La série est une chance de vivre cette phase par procuration.
Ils se sont tournés vers Friends quand ils faisaient une indigestion d'informations. Pour ceux qui avaient grandi avec la série, elle leur rappelait une époque plus simple, pas forcément dans le monde, mais au moins dans leur vie.