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Critique de boudicca


« Satinka » est le premier roman solo de Sylvie Miller qui avait jusqu'à présent toujours écris en collaboration avec Philippe Ward (on leur doit dernièrement les truculentes aventures de « Lasser », le détective privé qui s'échine à satisfaire les caprices de divinités antiques pas particulièrement aimables). On reste ici dans la fantasy, mais dans un tout autre genre et un tout autre contexte puisqu'il est question de l'histoire des États-Unis, de sociétés secrètes dirigées par des mages et de mafia chinoise. le roman met en scène une jeune femme de vingt-ans qui fait depuis toujours des rêves étranges en lien avec la construction du premier chemin de fer transcontinental construit dans les années 1860 entre Sacramento et Omaha. Oui, c'est assez peu commun comme obsession... Les choses dégénèrent lorsqu'elle commence à avoir des visions de jour et que celles-ci s'accompagnent d'un véritable malaise physique qu'elle ne peut très vite plus cacher à ses proches. Pour comprendre ce qui lui arrive, la jeune femme va devoir se mettre en quête de ses véritables origines et apprendre à contrôler son « don » avant qu'il ne lui cause plus de dommages. Sylvie Miller nous offre un récit initiatique tout ce qu'il y a de plus classique, avec un protagoniste « élu » aux pouvoirs hors du commun qui sera épaulé tout au long de sa quête par un certain nombre de mentors qui l'aideront à venir à bout de sa mission. Rien de bien original en ce qui concerne la trame, donc, et il en va de même du côté des personnages qui correspondent pour la plupart aux stéréotypes du genre. le ton général du récit, de même qu'un certain nombre d'autres aspects, laissent d'ailleurs penser que le roman s'adresse davantage à un public de jeunes adultes plutôt qu'à des lecteurs vraiment confirmés : rien de fâcheux n'arrive jamais aux personnages, et les valeurs défendues par l'auteur (la tolérance entre les peuples, l'amitié...) sont exposées avec une transparence qui exclue tout autre degré d'interprétation.

L'inconvénient c'est que ce que le roman gagne en fluidité, il le perd en complexité. L'avantage c'est que ces cinq cent pages se lisent à toute vitesse. le récit est mené tambour battant, si bien qu'on a peu l'occasion de s'ennuyer. le dynamisme du roman repose en grande partie sur l'alternance des époques qui changent d'un chapitre à l'autre. En plus des aventures de Jenny, on assiste ainsi à plusieurs événements se déroulant aux États-Unis à la fin du XIXe. Outre la construction du chemin de fer, on suit par exemple la traversée périlleuse du pays par un groupe de colons irlandais cherchant à s'établir à l'Ouest. On découvre également les déboires rencontrés par d'autres colons installés sur des territoires pris aux Indiens et les représailles que ces derniers ont subi simplement pour avoir voulu récupérer leurs terres. L'auteur a de toute évidence procédé à des recherches minutieuses sur des sujets extrêmement précis et à propos desquels on ne sait finalement que peu de chose : le rôle des Chinois dans la construction du chemin de fer, les conditions de voyage extrêmement difficiles des aventuriers partis à la conquête de l'Ouest... Sylvie Miller retranscrit tout ce qu'elle a appris avec un bel enthousiasme qui ne tarde pas à contaminer le lecteur, curieux d'en apprendre davantage sur ce pan de l'histoire américaine, au point d'ailleurs d'apprécier davantage ces flashbacks du passé que les péripéties de la jeune Jenny. La quête de l'héroïne est en effet assez prévisible, notamment à partir du dernier tiers du roman qui, après une accumulation de scènes d'action, se termine sur un happy-end à nouveau très classique et qu'on voyait venir de loin. On peut toutefois saluer la volonté de l'auteur de mêler différentes cultures et magies autour de son personnage, à commencer par celles des Amérindiens qui occupent une place centrale (et bienvenue, car rarement exploitée) dans le roman.

Sylvie Miller signe avec cette première expérience en solo un roman sympathique qui séduit surtout par son cadre et sa documentation qui permettent de mettre en avant un aspect peu connu de l'histoire des États-Unis. le récit manque cela dit de subtilité et d'originalité, et me semble à ce titre plus adapté à un public jeune que véritablement aguerri.
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