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Citations sur La politique du mâle (16)

Je lui demandais de me faire couler un bain. Elle faisait semblant de renâcler, mais elle obéissait tout de même. Un jour où j'étais assis dans la baignoire, en train de me savonner, je remarquai qu'elle avait oublié les serviettes.
«Ida ! criai-je, apporte-moi des serviettes !»
Elle pénétra dans la salle de bains et me les tendit. Elle avait sur elle un peignoir et une paire de bas, le tout en soie. Comme elle se penchait par-dessus la baignoire pour poser les serviettes sur la barre, son peignoir s'entrouvrit. Je m'agenouillai vivement et j'enfouis ma tête dans son manchon. Cela se passa si rapidement qu'elle n'eut pas le temps de se rebeller, ni même de faire mine de se rebeller. L'instant d'après, je l'avais dans la baignoire avec ses bas et le reste. Je fis glisser le peignoir et le jetai sur le sol. Je lui laissai ses bas... cela faisait plus lascif, plus Cranach. Je me laissai aller à la renverse et l'attirai sur moi. On eût dit une vraie chienne en chaleur - me mordant de tous côtés, pantelant, ahanant, se tortillant comme un asticot au bout de l'hameçon. Pendant que nous étions en train de nous sécher, elle se courba et se mit à me mordiller la pine. Je m'assis sur le bord de la baignoire et elle s'agenouilla devant moi, tétant gloutonnement. Au bout d'un moment, je la fis se lever, se pencher, et je l'enfilai par-derrière. Elle avait un petit con juteux qui m'allait comme un gant. Je lui mordis la nuque, le lobe des oreilles, le tendre de l'épaule ; et, m'étant retiré, je marquai l'empreinte de mes dents sur son beau cul blanc. Pas un mot, de tout ce temps.
Cette prose haute en couleur est extraite du célèbre livre de Henry Miller, Sexus, publié pour la première fois à Paris pendant les années 40, mais banni des rives aseptisées de son Amérique natale jusqu'à l'édition Grove Press de 1965- Miller, alias Val, raconte comment il s'y prend pour séduire Ida Verlaine, la femme de son ami Bill Woodruff. En tant que description d'une liaison sexuelle, ce passage offre bien des sujets d'intérêt autres que cette activité purement biologique à laquelle le narrateur accolerait le verbe «foutre». C'est même cet autre contenu qui donne au récit sa valeur et son caractère.
D'abord, il faut considérer les circonstances et le contexte de la scène. Val vient de rencontrer Bill Woodruff devant un théâtre où Ida Verlaine est actrice. Comme d'habitude dans les récits de Miller, où la construction vagabonde, cette rencontre rappelle au héros les orgies sexuelles qu'il a vécues avec Ida dix ans auparavant. Sur quoi suivent onze pages de reconstitution animée. D'abord Ida elle-même :

Faite sur commande pour ce nom. Avait exactement l'air de son nom - jolie, vaniteuse, théâtrale, perfide, gâtée, gavée, choyée. Belle comme une poupée de Dresde, à cela près qu'elle avait des tresses d'un noir de corbeau et l'âme oblique comme une paupière javanaise... à supposer qu'elle eût une âme ! Ne vivait que par le corps, le sens, les désirs - et menait la parade (la parade du corps) de toute sa petite volonté tyrannique, que le pauvre Woodruff prenait pour je ne sais quelle colossale force de caractère [...] Ida avalait tout, tel un boa. Elle était sans coeur et insatiable.

Quant à Woodruff, il nous est présenté comme un imbécile, aux genoux de sa femme. «Plus il faisait pour elle, plus elle se moquait de lui. Cette fille était un monstre, de la tête aux pieds.» Le narrateur, lui, se déclare tout à fait immunisé contre les pouvoirs d'Ida, mais néanmoins en proie à une curiosité froidement spéculative :

Je me foutais éperdument d'elle, en tant que personne, bien qu'il m'arrivât souvent de me demander à quoi elle ressemblait, en tant que viande à foutre si je puis dire. J'y pensais sans y attacher d'autre importance ; mais, je ne sais comment, elle le sentait, ça lui parvenait et ça la démangeait.
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Chaque petit garçon est élevé dans l'idée qu'il peut, s'il a du mérite et de la chance, devenir président des Etats-Unis. Pour les petites filles, le but proposé, c'est d'être élue Miss America.
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«Après avoir étudié les relations humaines (…), Genet a compris que la caste sexuelle remplaçait toutes les autres formes -raciale, politique ou économique- de l'inégalitarisme. […] Considérant la relation humaine fondamentale, celle de la sexualité, comme le modèle nucléaire de toutes les constructions sociales les plus élaborées qui se développent à partir d'elle, Genet perçoit qu'elle est, en soi, irrémédiablement souillée, mais aussi qu'elle est le prototype même de l'inégalité institutionnalisée. Il est convaincu qu'en divisant l'humanité en deux groupes et en donnant à l'un le pouvoir de dominer l'autre part droit de naissance, l'ordre social a déjà établi et ratifié un système d'oppression qui sous-tendra et corrompra toutes les relations humaines, ainsi que tous les domaines de la pensée et de l'expérience.»
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« Il associe automatiquement la sexualité à la puissance, à son plaisir solitaire, à la douleur et à l'humiliation de son partenaire, qui n'est pour lui qu'un objet au sens littéral du terme. Par l'acte sexuel il affirme sa domination, annonce la caste élevée à laquelle il appartient et le prouve à une victime qui est censée se rendre, servir et s'en déclarer satisfaite. »
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« A cause de notre situation sociale, l'homme et la femme représentent réellement deux cultures et leur expérience de la vie est radicalement différente, ce qui est extrêmement important. Le développement de l'identité générique qui s'effectue pendant l'enfance contient implicitement la somme de tout ce que les parents, les pairs, la culture considèrent comme convenable à chaque genre dans le domaine du tempérament, du caractère, des intérêts, du statut, de la valeur, du geste et de l'expression. Chaque instant de la vie de l'enfant est une indication relative à la façon dont il ou elle doit penser et se comporter pour satisfaire les exigences du genre auquel il ou elle appartient. »
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« La famille patriarcale insiste sur la légitimité. Bronislaw Malinowski appelle cela « le principe de légitimité » ; selon sa formulation, l'accent est mis sur le fait qu' « aucun enfant ne doit venir au monde sans un homme – et un seul – qui joue le rôle de père sociologique. » Par cet interdit apparemment cohérent et universel (dont les sanctions varient selon les classes et, comme on pouvait s'y attendre, selon le principe des « deux poids, deux mesures »), le patriarcat décrète que le statut de l'enfant et de la mère dépend en première ou en dernière analyse du mâle. »
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« Dans les patriarcats contemporains, la priorité de jure du mâle a récemment été modifiée par les mesures accordant aux femmes le droit de divorce, de protection, de citoyenneté et de propriété. Elles restent cependant des « meubles » dans la mesure où elles perdent leur nom, où elles sont tenues d'adopter le domicile de l'époux et où l'on admet généralement que le mariage implique un système d'échange : la femme assurant le service domestique et consentant aux rapports sexuels et le mari lui accordant en retour son soutien financier. »
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« Dans la plupart des formes de patriarcat (…), la religion apporte son soutien : le catholicisme, par exemple, enseigne que « le père est le chef de famille », et le judaïsme délègue une autorité presque équivalente à celle du prêtre au parent mâle. »
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« La principale institution du patriarcat est la famille. C'est à la fois un miroir et un lien avec la société dans son ensemble : une unité patriarcale à l'intérieur d'un tout patriarcal. Jouant un rôle de médiateur entre l'individu et la structure sociale, la famille assure contrôle et conformité là où les autorités politiques et autres ne suffisent pas. En tant qu'instrument fondamental et unité de base de la société patriarcale, la familles et son rôle sont des prototypes. Servant d'agent à l'ensemble de la société, non seulement la famille encourage ses propres membres à s'adapter et à se conformer, mais elle agit en qualité d'unité dans le gouvernement de l’État patriarcal qui gouverne ses citoyens par l'intermédiaire de chefs de famille. »
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« Parmi les facteurs qui assurent la persistance des différences de tempérament entre les deux sexes, le plus décisif paraît être le conditionnement dès la petite enfance. Ce conditionnement tourne en rond : c'est une prophétie qui se perpétue elle-même et se réalise. Prenons un exemple simple. Ce que la culture se plaît à attendre de son identité générique encourage le jeune homme à développer ses impulsions agressives et la jeune fille à freiner les siennes ou à les refouler. Résultat : dans le comportement de l'homme, l'agression peut avoir tendance à se renforcer, ce qui peut avoir d'importantes conséquences antisociales. Sur quoi la culture consent à croire que le fait de posséder les symptômes extérieurs de la virilité, testicules, pénis et scrotum, caractérise en soi l'impulsion agressive, et va jusqu'à vulgariser cette notion par des éloges tels que : « Ce type a des couilles. » »
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