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Critique de beatriceferon


Daniel est publicitaire. Il travaille en binôme avec son patron. Cette collaboration leur a déjà valu quelques belles réussites et une reconnaissance dans ce monde impitoyable. Malheureusement, le boss fait une dépression et Daniel se retrouve sur la touche. Il projette d'utiliser ce repos forcé pour réaliser son rêve : écrire un livre. L'inspiration le fuit. Tout comme sa compagne Clara, qui a l'inélégance de faire ses bagages en son absence, lui laissant une lettre de rupture et Doggo, un vilain bâtard au mauvais caractère.
Daniel, qui postule pour un nouvel emploi très prometteur, ne peut se permettre de s'encombrer d'un chien. Il se résout donc à ramener Doggo d'où il vient : le refuge. Là, indigné par l'attitude de la responsable, il tourne les talons, sauvant Doggo d'un nouvel abandon.
Comme il fait forte impression lors de l'entretien d'embauche, il en profite pour poser ses conditions : ce sera lui avec Doggo ou rien.
Et bientôt, cet affreux petit grognon devient la coqueluche de l'agence.
Autant l'avouer tout de suite : c'est le titre qui m'a séduite. le jeu de mots en clin d'oeil à Beckett me fait rire et j'imagine que le personnage principal sera un chien. Donc, non, je ne voulais pas du tout d'un austère ouvrage philosophique qui m'entraînerait dans des abîmes de perplexité et de réflexion. Je voulais quelque chose de léger et d'amusant. Je partais en vacances, donc, pas besoin de me prendre la tête, nom d'un chien (c'est le cas de le dire!)
Le roman s'ouvre sur une lettre de rupture. Aïe. Clara quitte Daniel sur un mode aigre-doux. « Je m'en vais loin, très loin. Je ne peux pas te dire où (…) D'ailleurs, c'est mieux pour nous. Non, c'est nul de dire ça. Si c'est mieux pour quelqu'un, c'est pour moi, pas pour toi, même si je suis sûre que tu vas parfaitement t'en remettre. » La suite nous prouvera qu'il n'en est rien. Daniel est profondément blessé. Il cache son chagrin sous un humour de façade, mais on sent la fêlure.
Pourquoi Clara est-elle partie ? Eh bien, parce qu'il ne croit pas aux anges, avec son esprit cartésien, et qu'il fait preuve d'un cynisme qu'elle ne supporte pas.
Et moi, c'est elle que je trouve passablement cynique. Quoi ? Elle vient d'adopter un chien dans un refuge, ce qui implique que le pauvre a été abandonné et a donc subi un traumatisme. Et, sans une pensée pour lui, elle part en suggérant à Daniel de le ramener d'où il vient. Tant pis pour ce pauvre Doggo, tout content d'avoir retrouvé un foyer et qu'on va remettre derrière les barreaux. Pas trace d'amour ni de culpabilité dans sa lettre lorsqu'elle évoque ce petit compagnon : « quand je faisais ma valise, il avait un de ces airs méprisants ! » N'était-ce pas plutôt un regard triste ? La suite nous montrera que Doggo est très intelligent et a un grand coeur. Clara dit : « ce n'est qu'un chien » (je déteste les gens qui parlent ainsi) et « laid comme tout ». Évidemment, je prends immédiatement le parti du petit Doggo. Bref, cette fille, vous l'avez compris, je ne l'aime pas du tout.
Et en plus, comme si elle ne s'était pas montrée assez méchante, elle ajoute un post-scriptum : « Je te quitte (…) pour toujours (…) j'ai besoin de m'ouvrir à d'autres hommes. » le vocabulaire utilisé montre bien ce qu'elle compte faire !
Daniel, le personnage (humain) principal de cette histoire, apparaît ensuite. C'est lui le narrateur. Il ne ressemble pas du tout à la caricature que Clara en a dessinée. Après qu'il a lu cette lettre empoisonnée, ses mains tremblent, il est triste. Et seul. Doggo était l'animal de Clara. Il a perdu son travail et, même s'il tente de dédramatiser la situation, s'il veut retrouver un emploi, il n'a pas le choix, il doit reconduire Doggo au refuge. Il apprend alors que Clara n'a pas respecté le contrat qui l'obligeait à faire castrer l'animal. Quand la directrice lui jette sévèrement un « c'est le règlement », il riposte : « c'était le règlement sous le régime nazi, d'exterminer les Juifs, les Gitans et les homosexuels. Vous trouvez que c'était une excuse ? » Il tourne les talons, entraînant un petit ingrat qui lui montre les dents et ne se laisse pas toucher. Et, malgré tout, Daniel va se préoccuper du bien-être de Doggo. Bref, vous l'avez compris, Daniel, je l'adore.
Le roman est léger et truffé d'humour bien british. Sous ses airs faciles et sans prétention, mine de rien, il aborde des sujets graves : le monde du travail et ses rivalités impitoyables, surtout dans le domaine de la publicité, les coups bas entre collègues, la difficulté de concilier amour et boulot, les querelles de chefs qui se répercutent sur leurs subordonnés, la dépression, le burn out.
J'ai beaucoup aimé le moment où Daniel raconte comment, dans son enfance, il rivalisait d'audace avec les copains en sautant dans une rivière pleine de remous et de courants. A présent, « c'est interdit par la loi ». Ce qui m'a fait beaucoup rire en repensant à tout ce que nous avons fait dans notre jeunesse et qui, à présent, est interdit ou vivement déconseillé : nous balader seules dans le village, rouler à vélo sans casque, sillonner bois et campagne à cheval sans adulte, nager dans un étang plein de vase... A se demander par quel miracle nous avons survécu !
J'ai donc lu ce livre avec grand plaisir.
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