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Critique de PetiteBichette


Entendez-vous le son du luth et du tambour ? Prêts à entrer dans la danse ?
Le tambour scande le rythme, le luth se fait plus subtil, tantôt complainte ensorcelante tantôt joyeux drille. Mais surtout entendez-vous les pieds des danseuses qui martèlent le sol inlassablement dans un rythme endiablé, incessant, à tel point que nombre d'entre elles vont mourir d'épuisement ou après s'être fait piétiner (jusqu'à quinze décès pouvaient être déplorés chaque jour) pendant cet épisode de folie collective de deux mois.
Mais qu'y a-t-il donc à fêter à Strasbourg en 1518 ? Absolument rien, Strasbourg est anéanti par la famine, une chaleur accablante, et les XXI, le conseil municipal, entend faire respecter l'ordre et la voix de Dieu par la violence et la terreur.
Kiran Millwood Hargrave mêle dans son récit de courts chapitres narrant d'une part l'histoire de ces transes endiablées, et d'autre part la vie de ses personnages, tout particulièrement celui d'une jeune femme, Lisbet.
Lisbet mariée depuis plusieurs années à Henne, vit avec lui et sa belle-mère Sophey dans une ferme isolée dans la banlieue de Strasbourg. Lisbet rêve de mettre au monde un enfant, car malgré de nombreuses grossesses, aucune n'est allée à son terme. Lorsqu'à nouveau son ventre s'arrondit, Lisbet, une nouvelle fois, reprend espoir.
Deux éléments permettent à Lisbet de poursuivre sa lutte ; son rucher dont elle s'occupe patiemment, ses abeilles qui lui permettent de s'oublier et procurent par la vente du miel et de la cire de substantiels revenus à la ferme, et son arbre à danser. Cet arbre, Lisbet en a fait un autel païen pour ses bébés : à chaque enfant décédé elle noue un ruban de tissu dans ses branches et dépose à son pied de petites offrandes qu'elle trouve dans la nature. Cet arbre, c'est son espace secret, le lieu de repos de son âme.
Après avoir mis quelques pages à me familiariser avec tous les personnages, je suis entrée ensuite facilement dans la danse et j'ai retrouvé avec plaisir la plume de l'autrice que j'avais appréciée dans Les graciées (on retrouve dans ce livre également le sujet de l'amour entre deux femmes qui ne peut que se vivre caché). Cependant, il y a eu de ma part une légère contrariété à retrouver cette même thématique dans cet ouvrage, d'autant que j'espérais être un peu plus plongée au coeur de la danse, je me suis trouvée un peu trop spectatrice par moments de la folie de Strasbourg.
J'ai été émue à la fin du livre en découvrant que Kiran Millwood Hargrave a beaucoup mis d'elle dans le personnage de Lisbet puisqu'elle a dû faire elle-même faire face à des fausses couches à répétition. Un sujet peu abordé en littérature et qui sans nul doute va parler directement au coeur de nombreuses femmes.
La danse fut rythmée, mais je l'aurais espérée un peu plus échevelée et surprenante, il m'a manqué un petit supplément d'âme pour m'y jeter à corps perdu et rentrer en transe… Je n'ai pas retrouvé mon coup de coeur des Graciées, et je comparerais cette déception à celle ressentie pour le portrait de mariage de Maggie O'Farrell.
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