J'ai acheté ce livre dès que j'ai compris de quoi il s'agissait. Je connais bien ce « fait divers » très documenté par des contemporains, et ce mystère longuement discuté et argumenté encore aujourd'hui. C'est ce qu'on appelle « La Danse de Saint-Guy ». L'auteure s'est basée sur cette histoire, et y a mêlé l'histoire de Lisbeth.
L'histoire : Strasbourg, 1518. Au pied de la cathédrale, dans la chaleur étouffante de l'été, une femme se met à danser. Elle danse des jours durant, infatigable, possédée, avant d'être rejointe, petit à petit, par des centaines d'autres femmes. Non loin de là, Lisbet récolte le miel de ses ruches. Auprès des abeilles, elle oublie l'atmosphère oppressante et son angoisse de perdre, une fois encore, l'enfant qu'elle porte.
Nous sommes en Juillet. Il y a une vague de canicule, et depuis le début du siècle il y a une famine effroyable. Tout le monde accuse la comète qui est passée au moment de la naissance de Lisbeth, et elle s'en sent très coupable. Elle a déjà fait douze fausses-couches, et est enceinte, terrifiée que le mauvais sort frappe encore. Elle vit dans une ferme, chez sa belle-mère, l'acariâtre Sophey, dont elle a épousé le fils, Henne. Ils n'ont pas grand chose à eux, à part des ruches qu'ils ont construites, et avec le miel et la cire, ils s'en sortent à peine pour survivre en les vendant. Surtout que tant de taxes s'abattent sur eux, car le « Conseil des XXI » à la tête de la région Strasbourgeoise se dit représentant Dieu, et en son nom chacun des XXI peut demander n'importe quoi aux pauvres, et en cas de refus c'est la prison ou même la mort, sans sommation ou presque.
Platter est l'un des XXI et il est marié avec Ida, la meilleure amie de Lisbeth, ils ont des enfants que Lisbeth adore. Mais Platter est un homme violent, mauvais, et il écrase de revendications les gens alentour, qui ont peur de lui.
Un jour, Agnethe, fille de Sophey, soeur de Henne, revient d'un long exil de sept ans. Lisbeth ne savait pas pourquoi elle a été exilée, elle sait seulement qu'elle était dans un couvent où elle a subi des sévices, preuve en est sa tête rasée et pleine de cicatrices.
Pendant ce temps, sur la place de Strasbourg, d'autres femmes se mettent à danser comme en transe, et tout le monde va regarder le spectacle. Il y en a qui meurent d'épuisement, d'autres qui sont lynchées par les gardes, d'autres vont en prison, et finalement on les envoie à la Chapelle Saint Guy, le saint qui s'occupe des problèmes nerveux. La population croit à la possession par le Diable.
En même temps, Lisbeth est confrontée à deux musiciens étrangers, qu'ils doivent loger comme chaque famille doit en héberger : ils sont là pour « rythmer » la danse, et se relayent. L'un d'entre eux est Turc, donc un ennemi de Dieu. Et Lisbeth, qui s'occupe jour après jour de ses ruches car son mari est en voyage, essaye de ne pas avoir trop peur pour son enfant à venir, et va secrètement se recueillir dans « l'arbre sacré » païen, des temps d'avant. Elle pourrait être jetée en prison. En même temps, elle se prend d'amitié pour la nouvelle arrivée, Agnethe, et avec son amie Ida elles forment bientôt un trio inséparable, malgré la haine que tous semblent professer contre l'exilée.
Mon souci ici est la représentation que l'on donne de ce fait historique. L'auteure y inclut 500 femmes, 12 mortes par jour, et ce durant deux mois, et aucune explication. Or, la véritable histoire, venant de deux textes de l'époque, parle d'hommes et de femmes, d'un nombre maximum de quarante, durant deux jours, et aucun mort. Ils ont bien été envoyés à la Chapelle Saint-Guy. On a trouvé deux explications possibles : soit une intoxication à l'ergot de seigle, soit une sorte d'hystérie dûe à la famine, aux croyances religieuses et au désespoir.
L'histoire de Lisbeth est très belle, avec ses amies, et le féminisme, la rébellion, la religion et les croyances, la peur et la superstition de l'époque, l'apprentissage de la tolérance, l'entraide sont les sujets de fond de ce livre.
L'écriture est très belle, les sujets bien abordés, mais le fait que ce fait historique de la « chorémanie » (qu'on retrouvera dans d'autres régions aux cours de ces siècles) soit modifié et en devient mensonger lorsqu'on connait bien le sujet m'a fortement agacée. de même que la lenteur écrasante du récit. Je comprends pourquoi : il faut installer l'écrasante canicule. Mais c'est bien trop lent pour moi.
Ma note : 3,5 sur 5. (À cause de la lenteur)
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