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Sarah Tardy (Traducteur)
EAN : 9782221266601
360 pages
Robert Laffont (31/08/2023)
3.82/5   199 notes
Résumé :
Strasbourg, 1518. Au pied de la cathédrale, dans la chaleur étouffante de l’été, une femme se met à danser. Elle danse des jours durant, infatigable, possédée, avant d’être rejointe, petit à petit, par des centaines d’autres femmes. Non loin de là, Lisbet récolte le miel de ses ruches. Auprès des abeilles, elle oublie l’atmosphère oppressante et son angoisse de perdre, une fois encore, l’enfant qu’elle porte.

Alors que la ville semble s’effondrer sous... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (53) Voir plus Ajouter une critique
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°°° Rentrée littéraire 2023 # 12 °°°

Le premier chapitre, « Personne dans la danse », pose impeccablement le décor. Strasbourg, 1518, un été torride après des années de famines, d'épidémies et de révoltes paysannes. La ville apparait comme une ville maudite frappée de toutes les calamités, d'autant qu'une comète s'y est écrasée il y a quelques années, phénomène prémonitoire interprétée comme un signe de damnation divine, comme une apocalypse à venir plaçant Strasbourg en chute libre vers l'enfer … d'autant qu'aux confins du Saint Empire romain germanique tonne la guerre face aux Turcs ottomans. C'est dans ce contexte lourd qu'une femme se met à danser, seule, sans musique, entre transe et extase, des jours et des nuits sans s'arrêter.

Une fois posé ce prologue saisissant, Kiran Millwood Hargrave présente ses personnages, essentiellement féminins : Lisbet, apicultrice au coeur brisé par de multiples fausses couches, une nouvelle fois enceinte mais persuadée qu'elle est maudite étant né le jour de la comète ; sa belle-mère l'endurcie Sophey ; sa meilleure amie Ida qui a épousé un tyran ivre de pouvoir depuis qu'il appartient gravite autours des XXI, le conseil municipal ; et enfin sa belle-soeur Agnethe qui revient après sept ans de pénitence dans un monastère pour un crime tabou que Lisbet ignore.

Les personnages sont très monolithiques, unidimensionnellement vertueux ou unilatéralement mauvais. En général, j'apprécie les personnages plus gris, plus ambiguës ; mais ici, j'ai trouvé que ce manque de complexité était pile ce que j'avais envie de lire pour cette histoire-là. Pas grave qu'on devine assez vite le secret d'Agnethe et qu'on trouve Lisbet un peu nigaude de ne pas l'avoir trouvé. En fait, les surprises ne proviennent pas de la personnalité des personnages à proprement parler mais de leurs failles et secrets qui les poussent à agir parfois très loin des conventions sociales de l'époque. Bref, je me suis fait prendre par le récit.

Le récit est éminemment immersif, l'autrice proposant de superbes descriptions, souvent poétiques, des lieux et des actions ( notamment tous les gestes de Lisbet auprès de ses abeilles avec lesquelles elle interagit en quasi symbiose ). Elle entraine le lecteur dans un récit follement romanesque, en empathie totale avec ses personnages féminins, le coeur battant de la narration, explorant des thèmes forts autour de la condition féminine ( maternité, patriarcat ) ou du poids oppressant de la religion, de la superstition et du fanatisme dans une société obsédée par le péché et la fin du monde.

Et puis, il y a cette toile de fond passionnante et très singulière de l'épidémie de danse qu'a connu Strasbourg en 1518 pendant quelques mois, épisode historiquement très documenté. Jusqu'à 400 femmes ont rejoint la danseuse du prologue, pour une danse frénétique et fatale ( certains jours, une quinzaine de femmes sont mortes de déshydratation ou épuisement ) qui a alerté les autorités municipales perplexes devant cet acte d'hystérie collective qui pouvait aussi bien être inspiré par Dieu que par le Diable. Les derniers chapitres permettent à l'autrice de relier efficacement et resserrer tous ses arcs narratifs autour de cette chorémanie incroyablement bien décrites par l'écriture nette, lisible et imagée de Kiran Millwood Hargrave :

« Cette femme pourrait être qualifiée de danseuse, même si ses mouvements donnent plutôt l'impression que deux cordes démoniaques enroulées autour de son corps la tirent dans un sens puis dans l'autre. Dans l'air étale, ses bras oscillent, frappent, tournoient au-dessus de sa tête. Ses cheveux projetés devant son visage ne laissent entrevoir de ses traits que sa bouche grande ouverte, rond comme un o horrifié, désolé. (…) En virevoltant, elle projette des postillons qui forment par terre des trainées marron, qui arrosent les visages des spectateurs. Une matière sombre atterrit jusque sur les jupons de Lisbet – une tache rouge. du sang, comprend-elle, du sang traverse les semelles de la femme. Ses souliers fuient et tandis qu'elle continue à frapper des pieds, à sauter et à tourbillonner, elle pousse des sanglots et des gémissements, des filets de morve et des larmes luisants entremêlés à ses cheveux crasseux, sa bouche à l'ovale parfait d'un rouge étrangement vif. »

Le dénouement m'a pris par surprise. Je m'attendais à quelque chose de plus sucrée ( qui n'aurait, certes, pas été totalement crédible ), mais la fin se révèle à la fois lumineuse et triste, excellente façon d'abandonner les personnages à leur destin.
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« L'épidémie dansante de 1518 » est un cas de manie dansante observé à Strasbourg, où l'on a pu noter que de nombreuses personnes dansaient sans se reposer durant plus d'un mois (certaines d'entre elles décédèrent de crise cardiaque, d'accident vasculaire cérébral ou d'épuisement).

Avant que je n'entende parler de "La danse des damnées" de Kiran Millwood Hargrave, je ne connaissais rien de cet événement. Cela a commencé avec une personne, Frau Troffea. Peut-être avait-elle perdu la raison, peut-être avait-elle été contaminée par l'ergot du seigle ou un champignon hallucinogène ? Certains avancent l'idée d'une transe religieuse collective instiguée par les pressions subies par le petit peuple, plutôt que la folie ou un empoisonnement massif. Nul ne sait finalement, mais quoi qu'il en soit, Frau Troffea s'est mise à danser sans discontinuer, sans que personne réussisse à l'arrêter, et ce sont des centaines de personnes qui l'ont suivie, petit à petit, en seulement un mois.

Et c'est dans ce contexte que débute l'histoire de Lisbet, pendant un été particulièrement chaud à Strasbourg, et que la vie n'a pas gâtée. Alors qu'elle a vu le jour au moment même où une comète détruisait de nombreux champs en Alsace, événement qui a été interprété comme un signe de damnation par les prédicateurs, Lisbet se sait maudite. Sa mère a sombré dans la folie, et c'est un miracle qu'elle ne l'ait pas suivi après ses douze fausses couches. Actuellement, elle vit constamment dans la peur de perdre son enfant à naître (le treizième), et ne trouve refuge et sérénité qu'en ne s'occupant de ses abeilles. Mais ce n'est sans compter la menace qui pèse sur les ruches justement, provoquant le départ de son mari alors qu'elle est à deux mois d'accoucher, et le retour de sa belle-soeur, Agnethe, après sept ans de pénitence pour un crime que tout le monde tait. Bien décidée à en savoir plus et à comprendre qui est vraiment sa nouvelle soeur qui disparaît toutes les nuits de la ferme, Lisbet va devoir franchir certaines limites imposées par Dieu en personne...

S'il y a bien un reproche qu'on ne peut pas faire à l'autrice, c'est de ne pas avoir travaillé son sujet. Que ce soit au niveau du contexte historique et de l'emprise religieuse, des croyances, des superstitions et des préjugés de l'époque, ou encore sur la manière de gérer un rucher ou sur ce phénomène qu'on appelle aujourd'hui la « chorémanie » (bien qu'il ne soit pas le fil conducteur du récit comme on peut le penser au départ), l'autrice a su bien se documenter pour mieux camper ses personnages dans L Histoire (avec un grand H) et rendre leur histoire (avec un petit h) des plus réalistes. L'ensemble nous absorbe, on y est de pieds fermes alors que tout se déroule quelques siècles en arrière, alors que l'on rirait aujourd'hui de certaines de ces superstitions ou de ces préjugés (quoique...).

Quant aux personnages, ils sont subtilement construits, suffisamment fouillés pour qu'on s'y attache (comme Lisbet et Agnethe) ou qu'on les déteste au plus haut point (comme Plater), et/ou suffisamment ambigus pour qu'on ne sache pas quoi en penser immédiatement (comme Sophey ou le jeune Daniel). J'ai aimé les suivre dans leur propre histoire, les voir composer avec leurs peurs, leurs faiblesses, leurs croyances, leurs doutes.

Il est des thèmes, un en particulier, que je ne peux évoquer sans divulgâcher, mais je peux au moins dire que la musique et les abeilles ont une place prépondérante dans l'histoire, la parsemant de poésie, de lyrisme et de chaleur tout du long, ce qui fait du bien au vu de la teneur de certains événements beaucoup moins folichons. Et même si je regrette amèrement la narration au présent plutôt qu'au passé (oui oui je sais, je radote), la plume de l'autrice est quand même très belle et magnétique, sachant dépeindre une atmosphère/ambiance propre à l'histoire, tantôt envoûtante, tantôt plus suffocante.

C'était ma première incursion dans le monde de Kiran Millwood Hargrave. C'est "Les Graciées" que j'avais repéré mais le destin (ou le hasard) aura d'abord mis "La danse des damnées" sur mon chemin, et c'est sans regret aucun.
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Entendez-vous le son du luth et du tambour ? Prêts à entrer dans la danse ?
Le tambour scande le rythme, le luth se fait plus subtil, tantôt complainte ensorcelante tantôt joyeux drille. Mais surtout entendez-vous les pieds des danseuses qui martèlent le sol inlassablement dans un rythme endiablé, incessant, à tel point que nombre d'entre elles vont mourir d'épuisement ou après s'être fait piétiner (jusqu'à quinze décès pouvaient être déplorés chaque jour) pendant cet épisode de folie collective de deux mois.
Mais qu'y a-t-il donc à fêter à Strasbourg en 1518 ? Absolument rien, Strasbourg est anéanti par la famine, une chaleur accablante, et les XXI, le conseil municipal, entend faire respecter l'ordre et la voix de Dieu par la violence et la terreur.
Kiran Millwood Hargrave mêle dans son récit de courts chapitres narrant d'une part l'histoire de ces transes endiablées, et d'autre part la vie de ses personnages, tout particulièrement celui d'une jeune femme, Lisbet.
Lisbet mariée depuis plusieurs années à Henne, vit avec lui et sa belle-mère Sophey dans une ferme isolée dans la banlieue de Strasbourg. Lisbet rêve de mettre au monde un enfant, car malgré de nombreuses grossesses, aucune n'est allée à son terme. Lorsqu'à nouveau son ventre s'arrondit, Lisbet, une nouvelle fois, reprend espoir.
Deux éléments permettent à Lisbet de poursuivre sa lutte ; son rucher dont elle s'occupe patiemment, ses abeilles qui lui permettent de s'oublier et procurent par la vente du miel et de la cire de substantiels revenus à la ferme, et son arbre à danser. Cet arbre, Lisbet en a fait un autel païen pour ses bébés : à chaque enfant décédé elle noue un ruban de tissu dans ses branches et dépose à son pied de petites offrandes qu'elle trouve dans la nature. Cet arbre, c'est son espace secret, le lieu de repos de son âme.
Après avoir mis quelques pages à me familiariser avec tous les personnages, je suis entrée ensuite facilement dans la danse et j'ai retrouvé avec plaisir la plume de l'autrice que j'avais appréciée dans Les graciées (on retrouve dans ce livre également le sujet de l'amour entre deux femmes qui ne peut que se vivre caché). Cependant, il y a eu de ma part une légère contrariété à retrouver cette même thématique dans cet ouvrage, d'autant que j'espérais être un peu plus plongée au coeur de la danse, je me suis trouvée un peu trop spectatrice par moments de la folie de Strasbourg.
J'ai été émue à la fin du livre en découvrant que Kiran Millwood Hargrave a beaucoup mis d'elle dans le personnage de Lisbet puisqu'elle a dû faire elle-même faire face à des fausses couches à répétition. Un sujet peu abordé en littérature et qui sans nul doute va parler directement au coeur de nombreuses femmes.
La danse fut rythmée, mais je l'aurais espérée un peu plus échevelée et surprenante, il m'a manqué un petit supplément d'âme pour m'y jeter à corps perdu et rentrer en transe… Je n'ai pas retrouvé mon coup de coeur des Graciées, et je comparerais cette déception à celle ressentie pour le portrait de mariage de Maggie O'Farrell.
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Quand j'étais petite, j'entendais souvent mes parents nous dire d'arrêter de faire " la danse de Saint-Guy", quand nous étions trop agités.
C'est en lisant ce roman que je viens d'apprendre l'origine de cette expression.

Nous sommes en 1528, à Strasbourg. Il fait très chaud. Et dans cette région où comète et conditions météorologiques extrêmes se succèdent, les plus vulnérables n'ont plus rien à se mettre sous la dent. Une femme, Frau Troffea se met à danser. Elle sera conduite à la chapelle Saint-Guy.
D'autres suivront et entreront dans cette danse endiablée dans les rues de Strasbourg.

Ce n'est pas l'histoire de cette femme initiatrice de cette transe collective que nous raconte l'auteure mais celle de Lisbet, épouse d'un apiculteur et elle-même "maîtresse" des abeilles.
Lisbet est enceinte et attend son treizième enfant. Elle a perdu les douze autres et désespère de devenir mère.
C'est aussi l'histoire d'Ida, la meilleure amie de Lisbet et celle d'Agnethe, sa belle-soeur.
Au coeur de ce roman, ces femmes nous entraînent dans un véritable combat.
Combat contre les hommes persécuteurs, contre une Église qui damne et punit, contre une société qui exclut.
C'est un hymne à la liberté qui fait naturellement écho à nos préoccupations actuelles. le Moyen-âge n'est pas si loin derrière nous ; le rejet des migrants, de la communauté LGBT, et les violences faites aux femmes sont tristement des faits toujours présents au Xxieme siècle.

J'ai beaucoup aimé ce roman historique et notamment le début où les secrets et les non-dits se dévoilant délicatement et sur le bout des doigts rendent l' atmosphère
feutrée et mystérieuse.

Un très beau roman.

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C'est la ville de Strasbourg, en 1518, qui sert de toile de fond au roman. C'est l'année d'un phénomène inexpliqué : Confuse et échevelée, un femme danse dans la rue durant des jours. D'autres la rejoignent, des femmes et des hommes qui dansent, dansent, parfois jusqu'à la mort. La possession du diable ou de dieu,
une folie collective, nul ne sait.

Non loin de là, dans la ferme de son mari, vit Lisbet. Elle a été choisie pour ses hanches larges, promesses de maternité. Des maternités il y en a eu, mais les enfants sont mort- nés parce que trop prématurés. Lisbet est à nouveau enceinte et elle croit en cette énième maternité.
Sa belle soeur revient après sept ans d'enfermement dans un couvent pour une mystérieuse faute.
Son mari n'a aucune affection pour elle, son seul but est de "l'engrosser"après chaque fausse couche.
Leurs voisins les plus proches sont Ida, une "bonne reproductrice", et son mari, Plater, membre des XXI, un conseil de la ville qui dicte ses lois et sa morale.
Au milieu de toute cette noirceur il y a les ruches. Lisbet aime les abeilles et les soigne avec douceur. C'est auprès d'elles qu'elle connaît ses moments de sérénité.
Si le miel et la cire rapportent quelques revenus, personne à la ferme ne reconnaît son travail.
Un autre personnage rentre en scène au milieu du roman : Eren, un musicien turc engagé pour accompagner les danseurs fous.
Quand Lisbet découvre le mystère d'Agnethe toutes ses croyances et ses convictions volent en éclat et un monde nouveau s'ouvre à elle.
La clé du mystère relie entre eux tous les personnages.
Dans ce roman il y a autant de rudesse que de douceur. le racisme, l'homophobie, la violence, le sexisme, les superstitions religieuses, mais aussi l'amour et l'amitié sont dans la trame de cette très belle histoire.
Même si j'ai ressenti quelques longueurs, je me suis laissée porter par cette histoire d'un autre temps.
Le style est très évocateur et se créent très vite en nous des images, des bruits et surtout des odeurs...
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critiques presse (3)
LeJournaldeQuebec
22 janvier 2024
Jeune écrivaine extrêmement talentueuse, Kiran Millwood Hargrave fait revivre un événement troublant du 16e siècle dans son nouveau roman [...] Elle plonge au cœur de cette histoire insolite par le biais de personnages féminins bouleversants, en mettant en évidence [...] les croyances de l’époque.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LaCroix
16 octobre 2023
L’autrice des « Graciées » s’attache à nouveau au sort d’une petite communauté de femmes dans un univers imprégné de foi.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Actualitte
29 août 2023
Événements tragiques et retournements de situation... tout y est. Ou peu s'en faut.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Lisbet sent la musique s'étirer en une courbe au-dessus de leurs têtes, devenir presque visible, dorée, brillante dans les derniers rayons du crépuscule, dans les derniers au revoir du jour. Les notes s'enlacent autour des branches, s'entremêlent aux rubans de ses bébés, effacent les souvenirs d'airs passés, fait tomber sur leurs épaules tout le poids de la disparition et de l'oubli. Il joue jusqu'à les plonger dans le noir, jusqu'à ce que brillent les étoiles à travers les feuilles. Il joue jusqu'à ce que le calme la gagne, jusqu'à ce que toute la forêt soit bercée par lui. Lisbet pleure, ses larmes sont chaudes sur ses joues, et les yeux d'Eren sont luisants eux aussi.
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Il ne reste plus alors que la douleur, la douleur dans son ventre, dans son dos, dans son cœur et dans sa tête, une douleur insoutenable. Ulf décrit toujours des cercles désespérés au milieu de la cour, et les abeilles au-dessus d'eux se massent en un essaim plus gros encore, tandis que deux petites mains fraîches l'attrapent, la tirent à l'abri des arbres, et l'obscurité se referme sur elle en même temps que leur frondaison pour ne plus lui laisser voir que les éclairs noir doré de son agonie.
Commenter  J’apprécie          370
Ils se regardent alors, et le monde tout entier se réduit à un point, à cet invisible rayon d'énergie brillant de lui à elle et d'elle à lui, un fil qu'elle voudrait par-dessus tout pouvoir embobiner pour être unie à lui à jamais. Ce sentiment qu'elle éprouve ne peut être de l'amour, elle le sait. Car l'amour est le fruit de toute une vie. Ce qui les relie à cet instant, cette communion, est pourtant tout aussi fort. Lisbet sait qu'Eren le ressent aussi.
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Il est rouge, couvert de sang, magnifique. Ses paupières papillonnent : elle aperçoit deux pupilles noires, et un blanc d'une pureté absolue. La voit-il ? La connaît-il comme elle le connaît ? Sait-il qu'ils s'appartiennent l'un à l'autre ? Qu'elle a traversé le feu et tant, tant de deuils pour finalement arriver à lui, à lui seul ?
Toutes les parties de son cœur se gonflent, s'inondent. Elle sent le brûlé et le sang, entend le cordon qui les reliait se dissoudre sous le feu. La bouche de son fils trouve son sein et la douleur est vive, mais juste.
Enfin, les bras de Lisbet restent pleins.
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Ils se regardent alors, et le monde tout entier se réduit à un point, à cet invisible rayon d'énergie brillant de lui à elle et d'elle à lui, un fil qu'elle voudrait par-dessus tout pouvoir embobiner pour être unie à lui à jamais. Ce sentiment qu'elle éprouve ne peut être de l'amour, elle le sait. Car l'amour est le fruit de toute une vie. Ce qui les relie à cet instant, cette communion, est pourtant tout aussi fort.
(p.315)
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Vidéo de Kiran Millwood Hargrave
À l'occasion du Forum des libraires 2023, Sophie Charnavel, Directrice générale, présente la rentrée littéraire de Robert Laffont - @edrobertlaffont
0:00 Introduction 0:31 *_La Reine aux yeux de lune_ de Wilfried N'Sondé* 0:47 *_La Danse des damnés_ de Kiran Millwood Hargrave* 1:05 *_Les Petits Farceurs_ de Louis-Henri de la Rochefoucauld* 1:30 *_Juliette_ d'Abd al Malik* 1:58 *_Proust, roman familial_ de Laure Murat* 2:41 *_Comment aimer sa fille_ de Hila Blum*
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