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Critique de bdelhausse


Stan, on va commencer par une note positive, c'est un titre qui convient bien au livre. Choc, direct, court, incisif... Et le personnage central... c'est Fabian Galardino... mais Stan est son alter ego, son double passé du côté obscur de la force. Stan est en creux ce que Fabian Galardino, commandant de police à Marseille, est au grand jour.

Galardino est flic, intègre, droit, avec des principes. Stan est un ancien de la Légion, serré pour avoir tué et massacré une cinquantaine de types liés au trafic de drogue, suite à la mort de sa fille par overdose et au suicide consécutif de sa femme. C'est Galardino qui l'a chopé. le lien est presque de l'ordre de l'intime entre eux.

Le pitch, pour celles et ceux qui n'ont pas lu le résumé... Un attentat à Marseille, 7 morts dans un bus, dont l'ex-femme de Fabian Galardino. Il en fait donc une affaire personnelle, même s'il ne peut se voir confier l'enquête, déontologie oblige. D'autant plus que Stan, un tueur en série s'évade 2 jours après la tuerie du bus. L'auteur alternant les passages avec Fabian et les passages avec Stan, le lecteur est briefé très vite: Stan est concerné par l'attentat (N.B. j'avais deviné tout de suite, et je trouve tout à fait étrange que les policiers n'aient jamais pu remonter le fil).

L'enquête va leur montrer qu'une triade chinoise est en cause. Posséder Marseille et s'en servir comme tête de pont pour l'Europe, tel semble le but. Opération Cheval de Troie. L'enquête va conduire à l'écartement de Fabian Galardino, qui -une fois les coudées franches- va remonter le courant, vers le Liban, la Corée et la Chine... Sur le terrain, les choses dérapent peu à peu, Fabian s'enfonçant dans son monde et cherchant la vengeance.

Violence, vengeance, oeil pour oeil, torture, exécution... tout est bon pour obtenir les informations.

Je m'arrête là pour le pitch.

Qu'en penser? D'abord, les 180 premières pages, à Marseille. L'écriture est directe, punch, sans fioritures, mais efficace. J'ai été (comme beaucoup de lecteurs) saisis aux "gesticules" comme dirait Coluche par l'écriture de Milo-Vacéri. Puis, une forme de routine s'installe, la "magie" diminue un peu, mais opère toujours. C'est une forme de thriller, à la Thilliez, Aubenque, Desjours... que j'apprécie très moyennement mais dont je peux reconnaître l'efficacité quand c'est bien fait. Et l'épisode marseillais est OK de ce point de vue.

Ensuite, on a 200 pages de répétition totale, en passant par Beyrouth, Séoul et Shanghai... Fabian, secondé par une journaliste et une prostituée chinoise (qui est en fait colonel dans les services secrets chinois), se met dans les embrouilles et Stan intervient miraculeusement pour les tirer d'affaire. En Chine, ils se retrouvent et forment un quatuor improbable, sanglant et lassant. Oui, lassant. J'en ai eu marre de cette façon de justifier l'injustifiable. Les frontières, les enquêtes, les trucs brodés de fil blanc, que dis-je ! servis à la grosse louche. Plus c'est gros et plus cela passe, semble être le mot d'ordre de l'auteur.

Viennent alors les 100 dernières pages... pénibles, suprêmement pénibles, où l'auteur nous réexplique l'enquête (pour celles et ceux que le soleil aurait abruti) en pas loin de 50 pages. Et une scène de vengeance cruelle, et inutile. La cruauté m'importe peu, je suis un grand fan d'Ellroy. L'inutilité me semble par contre bien plus grave.

Quoi d'autre? Ah oui, la fluidité de l'écriture vantée par de nombreux lecteurs. Cette fluidité est factice. Elle se base sur l'utilisation de mots simples, accolés à des concepts connus du lecteur. Un peu comme "ciel bleu", "soleil ardent", etc. Chez Milo-Vacéri, les fellations sont sublimes, les femmes des bombes, les tueurs impitoyables, les orgasmes foudroyants, les propos acerbes, les regards azur, les rousses flamboyantes, la semence brûlante, etc. A la longue, c'est trop de chez too much. Ajoutons cette somptueuse citation (p.453), "Elle ne portait qu'un string ficelle dont le triangle dissimulait à peine sa féminité"... on en déduit que la féminité est logée dans le triangle pubien... eh bien, y'a du boulot...

La fluidité apparente est obtenue en donnant à lire ce que le lecteur connaît déjà. Jusqu'à la page 180, je pensais que l'auteur nous éviterait les poncifs, les clichés (même s'il y en avait déjà pas mal), les lieux communs... non, on y a droit dans plus de 50% du livre. Et je suis sûr que si on lit plusieurs livres du même auteur, on retrouve les mêmes effets. Car l'auteur cherche les effets et (puisqu'il n'écrit pas mal du tout) il les obtient. Ce qui fait dire que l'écriture est fluide et efficace. Mais plutôt que de donner à voir et à penser, l'auteur montre et pense à la place du lecteur... c'est franchement différent, et le récit s'en ressent.

Une fois que le lecteur voit les grosses ficelles, les gros sabots de l'auteur, le fil blanc dont est tissé le roman se rompt et le lecteur n'y croit plus. En fait, l'auteur table sur la vitesse à laquelle le livre va être lu. Plus vous le lirez vite, et plus vous serez bluffé par le récit. Plus vous ralentirez le rythme de lecture et plus vous vous poserez de questions sur le récit, sa crédibilité, sa véracité, etc. Et là... c'est la déception qui vous attend.

Et encore? L'auteur croit bon de mettre des explications via des notes en bas de page. Il nous apprend ce qu'est un flag, le KGB, j'en passe et des meilleures. OK, quelques termes sont plus obscur, mais ils pouvaient être remplacés par d'autres, sans nécessiter le renvoi en note en bas de page. C'est juste que cela pose l'auteur en "spécialiste"... et que cela réconforte le lecteur lambda, allongé en bord de piscine.

Et...? le sexe... Je ne suis pas prude. Loin de là. Mais les scènes de sexe sont quasi superflues (la plupart en tout cas) et tombent dans le récit comme une goutte de sperme dans le café du matin. Avec deux sucres, s'il vous plaît.

Expérience non concluante. Mais j'ai bien conscience que d'aucuns peuvent y trouver leur compte. C'est 50 nuances de graillon, ou Barbara Cartland qui met de la cervelle explosée entre ses draps roses. du cross-over qui fera frissonner les ménagères de plus de 50 ans entre Dechavanne et Pernaut. Je passe le flambeau à d'autres, en ayant bien conscience que j'ai été bien long sur un roman qui n'en valait pas la peine. Je maintiens quand même deux étoiles pour le souvenir des 180 premières pages.
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