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Critique de Yassleo


Suffit d'un cheval décapité et éventré, les entrailles bien à l'air et pendu comme un cochon au grand air pyrénéen pour que tout parte en vrille. Oups pardon, entrée brutale, j'aurais pu ménager les amoureux des animaux. Dommage, raté.
Mais Bernard Minier fait pire, donc autant s'habituer direct. Puis si vous lisez bien, il y a quand même le grand air pyrénéen, et c'est super beau et exotique ça, non?

Bon revenons à notre canasson tranché. Pas glamour ouais, et surtout pas de bol, car c'est le cheval fétiche d'Eric Lombard, alias le méga boss du coin, le Xavier Niel du Pyrénées mais sans free et qui a tout compris quand même. Intouchable, fortuné, haut placé, pas n'importe qui Le Lombard. Donc branle-bas de combat, on met les meilleurs sur le coup : le commandant Servaz et la gendarmette Ziegler. Dépité et furax d'être mobilisé pour si peu, notre binôme va finalement vite se retrousser les manches (pas trop parce qu'il fait froid quand même) devant une affaire bien plus sordide après la découverte d'un nouveau pendu. Mais exit le bourrin, enfin de la chair humaine. Voilà du bon gras de pharmacien qui pendouille les fesses à l'air sous un pont par moins dix. Coooool.

Et notre Bernard Minier, il s'est fait plaisir sur son premier roman. Parti dans ses délires, il nous concocte ici une intrigue infernale parfois tirée par les cheveux. Mais malin et talentueux le garçon. Car quand on maîtrise les ficelles de l'angoisse et du suspense comme Monsieur, et ben ça passe. On se laisse finalement embarquer dans cette enquête, sans rechigner, trimbalé entre psychopathes indécrottables internés et shootés aux médocs dose-mammouth, vieux vicelards qui refont surface après avoir semé la terreur, et montagnards revanchards aux secrets bien gardés.

Première rencontre avec le commandant Servaz, et voilà un personnage bien attachant ma foi. Gauche, froussard et piètre tireur, pas banal pour un flic, mais forcément, qui engage la sympathie et l'irrésistible envie de le retrouver dans de prochaines aventures. Bien joué Bernard : sur ce héros-phare aucun faux pas. Pas le cas pour quelques autres protagonistes ou certaines situations un poil tarabiscotées. Pour ne citer qu'un exemple et ne pas pourrir l'intrigue, la psy qui joue à Fantomette et prend des risques à peine crédibles m'a très vite exaspérée.

Mais pour finir sur une note positive, reconnaissons que Bernard Minier honore son titre à merveille en passant en revue tout le champ lexical du froid, du début à la fin : atmosphère, lieux, météo, visages, regards, voix, rien n'échappe au glacial vocabulaire. Belle prouesse littéraire sur plus de 600 pages.
Brrrr, gla-gla, en plus de se peler, on frissonne donc comme des gallinacés déplumés. Ok, n'est pas Minier qui veut, je m'incline.


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