[à propos d'Elisabeth I ]
Son enfance et sa jeunesse ont été difficiles : une mère décapitée alors qu'elle avait deux ans et huit mois, une réputation de fille illégitime, l'hostilité d'une terrible demi-sœur qui la fait enfermer à la Tour, plusieurs années de résidence surveillée avec des menaces pesant sur sa vie, tout cela lui a formé un caractère dissimulé, renfermé, secret, méfiant. Elle a appris à dominer ses émotions et ses penchants [...]. Elle est devenue calculatrice, introspective et égoïste. En politique, elle fit preuve d'un froid réalisme, sans scrupules, ne respectant sa parole que tant qu'ils servent ses intérêts. Ce Machiavel en jupon place la raison d'Etat au-dessus de toutes les autres considérations, et son esprit peu religieux favorise les solutions de compromis, éloignées de tout fanatisme. Prête à tous les subterfuges et tromperies, elle est aussi d'une grande indécision, et ses hésitations peuvent suivant les circonstances être une force ou une faiblesse.
L'Angleterre victorienne, c'est le triomphe colonial, maritime, financier, industriel, l'ère du 'Rule Britannia', de la maturité dominatrice ; l'Angleterre elisabethaine, c'est l'affirmation d'une jeunesse dynamique, sans complexe, qui ridiculise l'Armada et s'attaque à l'Amérique espagnole, c'est Drake et Shakespeare, l'ère de la 'Merry England'.
[...] comme c'est la quatrième fois que la religion change en l'espace d'une génération, une certaine indifférence s'installe, favorable à l'instauration de l'anglicanisme. Pour quelques-uns toutefois, c'est l'occasion d'exprimer violemment les ressentiments contre l'Église, contre le papisme et les superstitions [...].